« Voilà un film qui vous dit qu’il ne faut pas avoir peur de l’autre »
Exact, et de plus, il faut voir que ce n’est pas par hasard qu’ils n’ont pas peur l’un de l’autre. L’un n’a plus rien à perdre et l’autre n’a jamais rien eu à perdre. En fait, dans la plupart des critiques négatives on sent très bien l’ignorance totale de la réalité d’un tétraplégique, et de son effet sur qui doit le côtoyer, ou de celle de la banlieue et de son effet sur qui la visite sans y vivre. Ou bien tout à la fois car il y a énormément d’intellectuels gratte-papiers complètement perdus dans leur bulle de préjugés.
De plus certains savent à peine lire un scénario comme le démontre la philosophe Marcela Lacub, celle dont vous avez fait remarquer la critique de la preuve par l’œuf, qui, pour réclamer une critique sociale dont le film n’est pas le but, n’hésite pas à écrire : « Driss, contrairement aux apparences, a bel et bien reçu quelque chose de
fondamental à ce moment même : il a compris comme c’est moche d’être un
voleur et à quel point il est important de devenir un garçon honnête. » or Driss passe les trois-quarts du film à chercher à récupérer le Kinder qu’il a voulu offrir à sa tante.
Ce n’est pas un redressement de la morale d’un voleur par opération du Saint-Esprit bourgeois, sinon l’orgueil blessé de celui qui se fait prendre en flagrant délit d’arnaque. L’orgueil, ça existe aussi chez les voleurs, Madame Lacub.