Votre message montre à quel point le combat d’Irène Frachon est difficile. S’attaquer de front au monde secret de la pharmacie et de ses compromissions expose aux coups, aux vacheries, aux insinuations aussi sournoises qu’anonymes. Il vaut mieux être solide.
Je travaille aussi à l’AFSSAPS, au sein du groupe « Référents médecins généralistes ». J’ai eu l’occasion de voir Mme Rey-Quinio à l’oeuvre dans le dossier Avandia. Les qualités que cette femme a démontrées à cette occasion m’ont impressionnées et je lui ai dit de vive voix lors d’une réunion (je n’ai pas le compliment facile). Quand j’ai appris l’annulation de sa nomination, j’ai trouvé cela dommage pour l’agence qui se prive d’une compétence, mais tout à fait normal. Il est des boulets que l’on traîne, qu’on le veuille ou non. Il est des situations qui peuvent paraître injustes, mais qui ne le sont pas. Promouvoir Mme Rey-Quinio était tout simplement impossible, inaudible, destructeur pour la confiance dans les nouvelles équipes. Ayant travaillé sur l’Isoméride chez Servier et sur le Médiator à l’AFSSAPS, le doute est trop fort : elle a été soit silencieuse, soit aveugle.
Irène Frachon a des liens d’intérêts, Gérard Bapt a des liens d’intérêts,
j’ai des liens d’intérêts. La question est de savoir si ces liens ont constitué des conflits. A chacun de répondre à cette question. L’essentiel est d’être informé. J’ai discuté de cette situation avec Irène Frachon. Elle ne « chasse personne ». Elle informe. Elle informe le Ministre de ce qu’il devrait savoir, et c’est lui qui prend des décisions sans qu’elle ait besoin de faire pression. Pour Gérard Bapt, elle n’a pas assuré elle-même cette information, d’autres s’en sont chargé, notamment chez Servier. Pour ses propres liens, Irène Frachon avait eu la prudence de le faire elle-même. Oui, un colloque parlementaire sur le médicament financé par des laboratoires, c’est une insulte aux victimes du Mediator. Oui il est normal qu’elle informe les intervenants de la présence de ces sponsors, ce qu’ils ne savaient pas (ou avaient oublié de demander).
Votre texte donne dans l’amalgame. Essayer de salir Irène Frachon, c’est mal. C’est mal car elle a donné un fantastique espoir à ceux comme moi ou comme mes amis du
Formindep qui luttent depuis des années pour faire cesser les petites ententes entre amis et la dictature des experts à l’AFSSAPS. Un homme au moins a compris et mis en oeuvre la nouvelle donne : Dominique Maraninchi, nouveau directeur de l’agence, qui
n’a pas peur d’aller au conflit pour faire respecter les nouvelles valeurs de l’administration de la santé.
Malheureusement, quand je vois le
sort réservé en dernière lecture à la loi « Après Mediator », je constate que le LEEM a repris le pouvoir, je pense que les jours de Dominique Maraninchi sont comptés. Christian Lajoux demande déjà la tête du président de la commission de transparence de la HAS, trop dure avec les médicaments à son goût et notamment avec son Multaq.
Je sais pour en avoir discuté avec elle qu’Irène Frachon est d’une grande lucidité. Elle sait que son aura médiatique ne durera pas, que l’écoute dont elle bénéficie auprès du Ministre sera éphémère. Elle profite donc de cette position pour essayer de faire bouger le plus possible les choses dans le bon sens, et elle fait bien de le faire, et elle le fait bien.
Ceux qui l’attaquent montrent qu’ils n’ont pas compris la gravité du problème, les vies en jeu, les malades brisés par les silences et les compromissions.
Honte à vous, chère anonyme, honte à vous.