« Qu’il suffise de dire ceci : l’acte d’élire un individu choisi parmi un
tout petit nombre de candidats (que l’on a sélectionnés pour nous),
entraîne que nous choisissions, en toute logique, celui que nous
considérons comme le meilleur pour représenter nos intérêts. Or, choisir
« le meilleur » équivaut à choisir une « élite », ce qui correspond très
exactement à donner le pouvoir du peuple à une aristocratie, puisque « aristocratie » (de Aristos, « les meilleurs » et Kratos, « le pouvoir ») signifie « forme de gouvernement où le pouvoir est détenu par une élite ». »
Cet argument de Chouard ne peut se constituer en unique vérité en ce qui concerne le mode d’élection puisqu’il contient le même vice qu’il prétend combattre. En effet, pourquoi devrait-on renforcer le concept de détention du pouvoir ? Il semble urgent, au contraire, de redéfinir d’abord ce que l’on nomme pouvoir en lui redonnant un sens légitime et démocratique, c’est à dire le pouvoir d’agir pour le bien commun, et non pas celui d’exercer une autorité sur le reste de la société. Ensuite le concept de détention est beaucoup trop fort et, selon toute évidence, a besoin d’une nuance vers l’inverse c’est à dire, réintroduire la notion que le pouvoir d’agir pour le bien commun détient la personne qui l’exerce, dans le sens qu’il représente la responsabilité la plus difficile qu’il puisse y avoir au sein d’une société. Il ne peut constituer que la récompense de l’ambition personnelle et doit redevenir, ou devenir, une charge lourde à porter.
Voilà, ce sont les concepts sur lesquels devraient, à mon avis, se baser la réforme politique profonde qui doit absolument être entreprise, mais on se fait renvoyer dans le camp des oligarches antidémocratiques dès que l’on exprime autre chose que ce qui va dans le sens de la démocratie directe.