Le syndrome de Babel
Dans la tradition judéo-chrétienne, le mythe de la Tour de Babel conte que Nemrod, descendant de Noé, voulut édifier une grande tour qui devait atteindre le ciel. Mais Dieu, estimant cette entreprise par trop orgueilleuse, décida de contrecarrer le projet en multipliant les langues parlées à Babylone, de telle sorte que plus personne, sur le chantier, ne puisse se comprendre, et qu'ainsi, l'édification de la grande ziggourat soit abandonnée. L'interprétation de ce mythe allégorique, comme toute histoire symbolique, revêt différents aspects. L'une de ces interprétations est que pour atteindre "le ciel", c'est-à-dire Dieu (ou l'état divin, faisant de l'Homme l'égal de Dieu) il est nécessaire que tous les Hommes se comprennent et s'entendent. Sans cet entendement et cette compréhension mutuelle, les humains sont condamnés à rester divisés, et ils ne peuvent s'élever. Ce mythe et cette interprétation nous intéressent, car ils parlent du logos.
Le logos est un mot d'origine grecque qui désigne le discours et la parole, c'est-à-dire le langage parlé et écrit. Par extension, le logos désigne l'intelligence, plus précisément la faculté de discernement, en ce sens que c'est en nommant les phénomènes que l'être humain acquiert la connaissance rationnelle. Discerner, dont l'étymologie ramène au verbe cribler, c'est littéralement "séparer", "choisir", "décider", "juger" (d'où l'expression "passer au crible"). Ainsi, le langage devint-il l'instrument de l'intelligence humaine, le principal outil de communication, mais également celui par lequel s'exerce notre capacité à interpréter le monde manifesté. C'est la raison pour laquelle l'étymologie me passionne, car c'est une matière adéquate et très instructive pour remonter dans le temps à travers l'outil du langage. Armé du logos, l'Homme peut se mettre à interpréter le "réel".
Je mets "réel" entre guillemets, précisément parce que son étymologie particulièrement renversante illustre de façon frappante que nous maîtrisons mal le logos et atteste de notre difficulté à faire preuve de discernement, et par conséquent notre handicap à exercer une intelligence véritable dans nos réflexions ! Nous utilisons couramment des mots dont nous pensons connaître le sens (ce qui n'est pas toujours vrai), mais dont nous ignorons presque toujours l'origine, l'histoire et la vraie signification. Cette méconnaissance est symptomatique d'une perte de qualité dans notre enseignement, mais aussi d'une perte de sens et de l'intelligence collective, justement parce que le langage est notre maître-outil pour appréhender les concepts et les phénomènes.
Par conséquent, sans l'histoire des mots, sans la subtilité des concepts symboliques qu'ils représentent, nous nous trouvons dans la situation allégorique illustrée par le récit biblique de la Tour de Babel, avec cette subtilité que, bien qu'utilisant (apparemment) la même langue, les mêmes termes, les mêmes mots, nous ne leur attribuons pas toujours la même signification ou la même portée, et nous ignorons trop souvent leur signification première. Sans cette histoire des mots, sans connaître les raisons contextuelles de leur origine et de leur évolution au fil du temps, des époques, des cultures et des lieux, nous sommes dans l'incapacité, lorsque nous cherchons à comprendre un phénomène, de remonter à la cause des causes, de remonter à la racine. Nous nous trouvons alors condamnés à n'analyser que le feuillage de l'arbre phénoménal. N'embrassant que la surface des choses, nous ne percevons que leur apparence, et notre compréhension se trouve tronquée par l'illusion des formes.
Illustrons cela en commençant par le mot "réel" mentionné précédemment, qui viens du mot rien (en latin res, rei, "chose"), substantif féminin, qui a pris un sens pronominal et semi-négatif à cause de son association fréquente avec la négation ne. Or, que nous dit un dictionnaire sur la définition du mot "réel" ? "Qui existe en fait, qui est tangible, le contraire d'imaginaire, d'irréel."
La racine étymologique du mot nous invite à considérer que le réel est comme rien (ou tout du moins, qu'il se définit par rapport à rien), tandis que sa définition actualisée nous dit que le réel est chose tangible, factuelle. Pareille contradiction, portant sur un sujet aussi fondamental que la définition du réel, ne peut manquer de frapper notre esprit, particulièrement lorsque nous avons connaissance du concept de Novlangue avancé par Georges Orwell dans son roman dystopique "1984". Incidemment, cette observation pourrait nous indiquer que le langage n'est pas le meilleur outil dont nous disposons pour exprimer notre intelligence. Une idée qui met à mal les lettrés que nous sommes ! Aurons-nous le courage, sinon d'entériner cela, d'au moins accepter le principe comme base de réflexion philosophique ? Car du courage, il en faut pour simplement accepter l'idée que tout ce sur quoi reposent nos concepts, et tout particulièrement l'outil par lequel nous les exprimons, est à revoir. Pareille approche intellectuelle a de quoi faire peur. Mais n'est-ce pas en affrontant nos peurs que nous pouvons dépasser nos limites, et ainsi nous élever ?
Nous voici donc devant un fabuleux paradoxe ! D'un côté, le langage apparait indissociable de notre faculté de discernement, de l'autre il semble ne pas être un bon outil pour exprimer notre intelligence. Pour comprendre ce paradoxe, il est nécessaire de prendre en compte un autre élément caractéristique de l'Homme. Une chose importante à comprendre au sujet de la communication par le langage, c'est que celui-ci fait d'abord appel, en première instance, à la portée affective que nous lui attribuons, plutôt qu'à son sens académique. Nous recevons d'abord les mots sur le registre émotionnel, et celui-ci, si nous ne prenons pas garde, étouffe notre faculté de discernement et nous empêche de réfléchir, de penser, d'interpréter et de comprendre. Au lieu de décrypter un message (écrit ou oral), à l'aide de nos connaissances académiques, rationnelles, analytiques, nous laissons nos émotions traduire celui-ci, de sorte que nous réagissons aux impulsions affectives qu'éveillent en nous les mots. C'est ce premier piège que nous devons contourner lorsque nous voulons progresser dans un échange, un débat ou dans nos réflexions.
La méthode sur laquelle repose chacune de mes démarches intellectuelles est de chercher à remonter à la racine des choses, de rechercher la cause des causes du sujet traité. Or, cette démarche est, à proprement parler, une démarche radicale[1]. Ce mot recèle de façon exemplaire une importante connotation affective, notoirement péjorative. L'étiquette de "radical" apposée sur votre personne fait de vous une personne suspecte, possiblement dangereuse et dont l'opinion doit être prise avec réserve, si ce n'est rejetée sans autre forme de procès. Les radicaux sont aisément assimilés aux extrémistes, aux fondamentalistes, et on leur attribue volontiers, par raccourcis, une attitude dogmatique. Ce raccourci sémantique, jouant volontairement sur l'affection plutôt que sur le sens véritable du terme et de la démarche qu'il implique, écarte d'emblée des débats toute démarche intellectuelle voulant approcher l'Ousia, l'essence des choses. Singulièrement, ce faisant, nous obtenons, par réaction, la réalisation auto prophétique que génère inévitablement cette attitude visant à exclure tacitement des débats et de la réflexion toute forme de radicalisme intellectuel, à savoir la formation de mouvements extrémistes : lorsque l'on n'est pas entendu, lorsque l'on est systématiquement diabolisé ou évincé de tout débat, l'on se trouve dans une situation d'impuissance inacceptable, et cette situation ne peut, à terme, que mener certains à la violence (quelque soit la forme prise par cette violence). La boucle est ainsi bouclée, puisque le fait d'ostraciser les personnes adoptant une démarche intellectuelle radicale a créé l'attitude extrémiste qu'on leur a attribuée a priori, ce qui justifie a posteriori une position initialement et foncièrement malhonnête. Elle est d'autant plus malhonnête que cette démarche est, au propre, contraire au principe de la liberté d'expression et de l'idéal démocratique, qui encourage normalement le débat contradictoire. Pareille attitude devrait donc être assimilée à un déni de démocratie.
Ce déni de démocratie est bien plus courant qu'il n'y paraît et ne s'arrête hélas pas là. Il conduit inévitablement à adopter, sournoisement, sans en avoir l'air, une sorte de fascisme rampant provoquant une confusion de principes qui tue dans l'œuf toute tentative de véritable débat, et ce d'autant plus qu'il contamine les institutions les plus "représentatives" de nos dites "démocraties", celles-là mêmes qui s'érigent en "piliers" et en "modèles exemplaires" de démocratie. Lorsque les partis "modérés" s'emparent de cette mauvaise foi dans le but avoué de jeter l'opprobre et le discrédit sur une composante politique dont les idées s'opposent aux leurs, et que dans le même temps ils s'érigent en modèles de démocratie, simplement parce qu'ils sont soit disant modérés, ils accomplissent une véritable prouesse de félonie et de perfidie qui, si l'esprit public se trouvait soudainement plus aiguisé, les disqualifierait d'office de l'exercice politique. Ils seraient, à leur tour, et à juste titre, ostracisés, non par une "opinion publique" fabriquée de toute pièce, mais par un peuple à la fois éclairé et dégoûté.
Mais les partis modérés ne se livrent pas à ces méthodes, penserez-vous peut-être ? Encore une fois, hélas, je crains de devoir contredire cette croyance candide. Et ce faisant, je crains même de devoir montrer que beaucoup d'entre nous se livrent eux aussi à ces mêmes méthodes - la plupart par ignorance, et donc de bonne foi, ce qui referme le piège intellectuel et nous condamne à le répéter, encore et encore.
Vous doutez toujours ? ...
Soit. Et si je vous dis "anarchie", à quoi pensez-vous immédiatement ? Désordre, chaos, situation politique et sociale hors de contrôle. Au vrai, la définition de l'anarchie qui nous est donnée 99 fois sur 100 est celle-là. Elle entraîne inévitablement une réaction de rejet de l'anarchie, considérée comme socialement inadaptée, voir contraire à l'intérêt général : l'anarchie est donc, sans plus de réflexion, évacuée des débats et alternatives possibles. En effet, si la civilisation repose sur l'organisation sociale, une idéologie qui prône le désordre est inévitablement disqualifiée. Logique.
Sauf que la situation de désordre social, de désorganisation et de chaos n'est pas l'anarchie, mais bien l'anomie ! Hein ? L' "anomie" ? Qu'est-ce que c'est que ce mot ? Jamais entendu parler ! Vérifions donc par nous-mêmes dans un dictionnaire :
Anomie : absence de normes ou d'organisation stable ; désarroi qui en résulte chez l'individu.
Bon. Oui, mais - dirons encore certains - "anarchie est un synonyme d'anomie". Et bien, non : l'unique synonyme d'anomie est ... autonomie ! "ça calme", comme disent les jeunes, hein ? Mais alors, que désigne l'anarchie ? Au propre, l'anarchie désigne "la situation d’une société où il n'existe pas de chef, pas d'autorité unique. Il peut exister une organisation, un pouvoir politique ou même plusieurs, mais pas de domination unique ayant un caractère coercitif. L’anarchie peut, étymologiquement, également être expliquée comme le refus de tout principe premier, de toute cause première, et comme revendication de la multiplicité face à l’unicité."
Une définition qui - évacuée de toute association trompeuse - ne peut qu'interpeller un démocrate sincère, tant elle coïncide avec celle de démocratie : "régime politique dans lequel le peuple est souverain", ou "pouvoir du peuple, par le peuple et pour le peuple". En effet, dans un régime politique où le peuple (l'ensemble des citoyens) est souverain, il ne devrait, en toute logique, pas y avoir d'autorité, de domination unique à caractère coercitif. Considérée sous cet angle, il apparaît que l'anarchie devrait en toute logique être étroitement associée à la démocratie. Or - curieusement ? - il n'en est rien. C'est même tout le contraire. Comment en sommes-nous arrivés à cette situation étonnante ? Plusieurs facteurs convergents sont en cause.
Le premier réside dans l'ignorance des citoyens - ignorance volontairement entretenue par les "élites", qui n'encouragent pas vraiment les peuples à se cultiver, et tout particulièrement, à s'intéresser aux affaires publiques. Le second facteur est l'utilisation par ces mêmes faiseurs d'opinions de ce que l'on appelle l'ingénierie du consentement ; tromper les peuples et manipuler l'opinion publique est chose beaucoup plus aisée qu'il n'y paraît lorsque l'on connaît les mécanismes - et la fragilité ! - de l'esprit humain. Les maîtres-clefs de ce contrôle résident dans le facteur émotionnel et l'ignorance. L'écrivain français Maurice Joly, dans son Dialogue aux enfers entre Machiavel et Montesquieu, nous expliquait déjà (1864) :
« Le principal secret du gouvernement consiste à affaiblir l'esprit public, au point de le désintéresser complètement des idées et des principes avec lesquels on fait aujourd'hui les révolutions. Dans tous les temps, les peuples comme les hommes se sont payés de mots. Les apparences leur suffisent presque toujours ; ils n'en demandent pas plus. On peut donc établir des institutions factices qui répondent à un langage et à des idées également factices ; il faut avoir le talent de ravir aux partis cette phraséologie libérale, dont ils s'arment contre le gouvernement. Il faut en saturer les peuples jusqu'à la lassitude, jusqu'au dégoût. On parle souvent aujourd'hui de la puissance de l'opinion, je vous montrerai qu'on lui fait exprimer ce qu'on veut quand on connaît bien les ressorts cachés du pouvoir. Mais avant de songer à la diriger, il faut l'étourdir, la frapper d'incertitude par d'étonnantes contradictions, opérer sur elle d'incessantes diversions, l'éblouir par toutes sortes de mouvements divers, l'égarer insensiblement dans ses voies. Un des grands secrets du jour est de savoir s'emparer des préjugés et des passions populaires, de manière à introduire une confusion de principes qui rend toute entente impossible entre ceux qui parlent la même langue et ont les mêmes intérêts. »
Tout est dit dans ces quelques phrases. Par une terrible manipulation, nous en sommes venus à croire, mordicus, que du simple fait, primo de ne pas vivre sous un régime dictatorial et secundo, élire des représentants au suffrage universel, nous étions de facto dans un régime démocratique. Nous sommes convaincus que Suffrage Universel et Constitution (soi-disant démocratique) sont le Saint Graal et l'épée Excalibur de la démocratie et de la liberté. Si quiconque osait affirmer le contraire, il serait pris pour un fou.
« Quand un tissu de mensonges bien emballé a été vendu progressivement aux masses pendant des générations, la vérité paraîtra complètement absurde et son représentant un fou furieux. » – Dresde James.
Pour ce qu'il en est de la Constitution, cela peut se discuter : disons que tout dépendra de ce qui est écrit dans la Constitution, ce qui va forcément dépendre de qui la rédigera. Par contre, pour le suffrage universel, je suis au regret de dire qu'il consacre l'antithèse de la démocratie ! Par définition, l'élection mène, invariablement et inéluctablement, à l'oligarchie, comme le démontre avec brio Etienne Chouard. Qu'il suffise de dire ceci : l'acte d'élire un individu choisi parmi un tout petit nombre de candidats (que l'on a sélectionnés pour nous), entraîne que nous choisissions, en toute logique, celui que nous considérons comme le meilleur pour représenter nos intérêts. Or, choisir "le meilleur" équivaut à choisir une "élite", ce qui correspond très exactement à donner le pouvoir du peuple à une aristocratie, puisque "aristocratie" (de Aristos, "les meilleurs" et Kratos, "le pouvoir") signifie "forme de gouvernement où le pouvoir est détenu par une élite". Et toutes les aristocraties aboutissent invariablement à l'oligarchie, qui est le contraire de la démocratie (la dictature ou la tyrannie, n'étant qu'une forme plus autoritaire et repoussante de l'oligarchie).
Le procédé par lequel nous sommes ainsi trompés est au final tellement simple qu'il en est écœurant : on nous flatte en nous disant que nous sommes des gens responsables et que si nous choisissons nous-mêmes nos "représentants", alors nous sommes "libres" et avons la garantie que nos intérêts seront respectés et rencontrés. Ce faisant, on se garde bien de nous dire que nos choix seront aisément contrôlés et manipulés du fait de la fragilité inhérente à l'esprit humain (et le procédé en lui-même en est la magistrale démonstration). Nous sommes tellement engoncés dans nos certitudes, piégés par notre orgueil, que nous ne voyons pas (ou nous ne voulons pas voir) que les choix qui nous sont proposés ne sont pas de véritables choix, mais une mascarade destinée uniquement à nous faire croire que nous choisissons les politiques à mener, et que nos choix valent mieux que tout, comme si le peuple tout entier faisait des choix éclairés, documentés et réfléchis, alors que nous savons pertinemment bien qu'il n'en est rien. Nous ne voyons même pas la chose la plus évidente : ce que l'on nous propose, ce n'est pas de choisir des "représentants" (avez-vous jamais été consulté, sérieusement, par un quelconque "représentant" afin de déterminer la politique à mener ? ...), mais bien de choisir nos maîtres ! Lorsque nous confions tous nos pouvoirs (y compris les contre-pouvoir) à de prétendus représentants, il est évident que nous n'avons plus aucun pouvoir. Dès lors, nous consacrons notre absolue impuissance politique, et l'impuissance absolue du peuple à décider de son sort.
Et nous appelons cela "démocratie" !
Comme le dit très bien Etienne Chouard, « Ils nous ont volé le mot démocratie ! Nous ne parvenons plus à formuler la solution, car le problème (notre impuissance face au système de gouvernement représentatif) a pris le nom de la solution (la démocratie). »
Dans l'Histoire de la civilisation humaine, un mythe raconte comment les Hommes voulurent édifier une Grande Démocratie afin de s'émanciper des maîtres et des dieux. Mais leurs maîtres et leurs dieux, des hommes riches, puissants et influents - qui connaissaient bien les ressorts de l'âme et les défauts de l'esprit humain -, estimant cette entreprise par trop dangereuse pour leurs intérêts, décidèrent de contrecarrer le projet en semant la confusion et en trompant le peuple des Hommes, de telle sorte que plus personne ne puisse se comprendre, et qu'ainsi, l'édification de la Grande Démocratie soit abandonnée. Ils continuèrent ainsi à régner sur les Hommes sans qu'ils se révoltent, car presque tous croyaient être libres et vivre en démocratie, alors même qu'ils étaient tenus en servitude et vivaient dans le plus terrible régime oligarchique qui ait jamais existé.
Le choix ...
"Choisir" est la définition étymologique du verbe Elire. L'Homme, dans son orgueil sans limite, se croyant sage et instruit, s'imagine que le choix c'est la liberté, et que la liberté c'est le pouvoir. Le Mérovingien[2] dit : « Faux ! Il n'y a pas de choix. Le choix est une illusion créée pour séparer ceux qui ont le pouvoir de ceux qui ne l'ont pas. La causalité. Voilà la seule vérité. Cause et effet. » En d'autres termes, ceux qui ont le pouvoir créent les circonstances illusoires du choix afin de faire croire à ceux qui n'ont pas le pouvoir qu'ils peuvent faire librement les choix qui les concernent, ainsi, ceux qui n'ont pas le pouvoir, préoccupés par les faux dilemmes et les faux choix qui leur sont soumis, ne s'intéressent-ils pas au fait qu'ils sont en réalité les esclaves du système ; ils se contentent de croire en leur libre-arbitre et de se satisfaire de leur illusoire liberté ; ils se croient maîtres de leur destin, mais ils ne sont que les jouets d'une vaste mascarade.
Si nous maîtrisions le logos, nous saurions tout cela, et nous serions, collectivement et individuellement, moins vulnérables aux tromperies universelles. La seule issue pour sortir de cette impasse, la seule solution pour écarter les mâchoires de la tenaille qui nous emprisonne, pour sortir (sic) de ce piège, serait la plus inattendue, la plus improbable, la plus surprenante des formules : renoncer aux (faux) choix et... nous en remettre au sort.
« Alors, les Hommes consultèrent leur dictionnaire étymologique et virent : Sort, famille du latin sors, sortis "petite tablette de bois servant à tirer au sort", d'où "décision du sort", "destinée" ; d'où consors, -sortis "qui partagent le même sort". »
Morpheus
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