Il faut sortir de quelques vagues souvenirs d’école primaire pour pouvoir parler sereinement d’un tel sujet. Une école républicaine militante, engagée et idéologue a élaboré en son temps, sous la troisième république des programmes qui tenaient compte de la crainte qu’elle avait encore du royalisme. Elle en a fait une caricature très éloignée des pratiques réelles.
Si on parvient a avoir un regard plus contemporain certains avantages de la formule apparaissent.
Cependant, a mon avis, l’intérêt est plus de mettre en évidence certaines faiblesses de notre système représentatif actuel que de proposer une solution d’avenir. D’autant que c’est un système cohérent et qu’un seul roi plaqué sur des institutions démocratiques...
Le premier est sans doute la limitation de la violence. Tant qu’on a eu une caste spécialisée vouée a la guerre, les conflits sont restes assez limites et faisant relativement peu de victimes directes.
La noblesse d’épée ne tenait pas particulièrement a génocider ses adversaires dans des combats a mort. Bien plutôt a les capturer pour en tirer rançon. Sur le plan collectif, obtenir des avantages matériels de l’adversaire.
Même si on trouve des éléments précurseurs avant, c’est avec la révolution française que commence réellement le combat de tous contre tous, avec mobilisation générale et la très large démocratisation du devoir de tuer et de mourir pour la patrie et des guerres « modernes » ou a la fin, on l’impression que le massacre de l’adversaire devient un but en soi.
L’officier des mousquetaires gris était plus soucieux de la vie de ses hommes parce que son régiment lui appartenait en propre... Le combat des trente n’a pas réglé complétement la succession de Bretagne, mais Verdun n’a pas non plus mis fin aux rivalités franco allemandes et les couts humains relatifs....
A en croire René Girard, le Roi est des sa création comme institution, une victime potentielle.
Il pense même qu’il a du être au départ une victime désignée réelle destinée a nourrir la divinité. Le temps d’attente avant le sacrifice ayant pu lui permettre, bénéficiant de cette aura, de cette proximité promise, de s’adjuger un pouvoir. C’est sans doute ainsi qu’on peut comprendre le mieux cette idée de droit divin. Les conséquences positives potentielles sont nombreuses. On a un dirigeant en dernier ressort pour les seules questions de principe qui a du recul, de l’expérience, qui peut se permettre de décider en son âme et conscience au nom du seul intérêt collectif, qui échappe aux contingences. Le contre pouvoir, en dehors des lois fondamentales du royaume qui se sont imposées aux monarques étant qu’il risque vraiment sa tête si il abuse. A certains égard, c’est plus rassurant que d’avoir affaire a une « majorité » qui est une abstraction, peut changer, et n’est guère responsable. Pour donner une image parlante, vous préférez avoir affaire a un préposé irresponsable d’une bureaucratie qui n’encours aucun risque si il vous traite par dessous la jambe ou a quelqu’un qui risque vraiment quelque chose si il vous traite mal. Cela réintroduirait un facteur humain fort dans le système représentatif majoritaire ou avec 51% des voix,en principe,tout est permis ou presque.
D’autre part c’est un symbole fort d’unité et de réaffirmation de principes généraux communs au delà des divisions partisanes. C’est aussi une certaine garantie pour les minorités puisque le roi est roi de tous les français. Enfin, comme c’est effectivement un symbole qui peut se suffire a lui même au moins en partie, il rend sans doute moins indispensable l’effort d’unité réalisé par la république sous la forme d’une forte centralisation avec tous ce qui s’en suit, par exemple sur les plans culturels et linguistique. Le français était certes la langue du roi, mais la seule province qui l’ait parle a titre exclusif fut le Québec.
Il y a , ou il y a eu une nette nostalgie de ce genre de système comme le montre la constitution de la 5 eme république. on a un Président ayant plus de pouvoir qu’un Roi et moins de responsabilité. Un mythe d’un dirigeant « au dessus des partis » ( la bonne blague) mais avec des premiers Ministres boucs émissaires destines a sauter a sa place en cas de problème et une révérence gardée pour le pouvoir, en particulier a gauche. On se souvient de l’indignation quand Sarko s’est permis de parler comme tous le monde.... ( casse toi...) Il est vrai que Todd et Lebras ont bien montre que les zones de vote socialiste sont historiquement corrélées aux zones de vote royaliste, si si...). Sarkozy a fort heureusement entame une démocratisation de ce système. En mettant le président en première ligne, et donc en état d’être complétement responsable de toutes les politiques suivies, il rapproche l’institution présidentielle d’une vraie responsabilité sans chercher a se défausser sur un second couteau. C’est un progrès.
Bon réintroduire de l’humain partout ou c’est possible dans les systèmes représentatifs et bureaucratiques. Insister sur les symboles commun qui nous permettent d’exister en tant que nation au delà de divergences partisanes. Placer l’importance de la vie humaine au dessus des idéologies. Personnellement je pense qu’un roi pourrait faciliter tous cela et éviterait a chacun d’avoir a faire ces choix de façon responsable, mais que nous sommes assez mur politiquement pour arriver au même résultat sans Roi.
En revanche, une réhabilitation de l’histoire monarchique pourrait avoir des effets bénéfiques. Elle permettrait notamment de démystifier les idées un peu puériles qu’on retrouve notamment dans certains commentaires et qui débouchent sur l’idée que des « ruptures révolutionnaires » peuvent être des solutions en politique...Ainsi, l’essentiel des « reformes »administratives de la révolution française sont amorcées sous l’ancien régime. La spoliation des biens dévolus au système social ( dis bien du clergé) au profit d’intérêts prives s’est faites dans d’autres pays avant et sans révolutions.
Dans les croisades vues par les arabes, Amin Malouf montre que les despotes locaux ont fait taire leurs dissensions pour virer les francs, le jour ou ils se sont rendus compte que le paysan musulman préférait le seigneur chrétien, car si celui ci ne lui donnait pas énormément de droits, ceux ci étaient respectes alors qu’avec un seigneur coreligionnaire, il était livre a l’arbitraire complet....
Le combat royaliste,encore aujourd’hui, si il permet de relativiser le prétendu absolutisme monarchique et mettre en garde contre les possible absolutisme républicain peut avoir son utilité en nous aidant a être moins manichéen.
29/12 19:36 - cancrela
La démocratie est la pire des dictatures, car c’est celle du plus grand nombre sur le (...)
29/12 13:35 - easy
Je partage vos considérations « »« A en croire René Girard, le Roi est des sa création comme (...)
29/12 12:22 - easy
J’ai dit ici qu’il n’y a aucune raison de fermer définitivement (...)
29/12 06:37 - eric
Il faut sortir de quelques vagues souvenirs d’école primaire pour pouvoir parler (...)
29/12 02:03 - blh
@easy "...Mais dire que la monarchie évite les ambitions personnelles et les luttes (...)
29/12 01:58 - blh
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