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Commentaire de Rousquille

sur Bouc émissaire : la démocratie envoyée au désert


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Rousquille Rousquille 29 décembre 2011 12:00

Merci cher ddacoudre,

D’abord permettez-moi d’inverser votre formule : ce ne sont pas les mots qui fondent les choses, mais les choses qui fondent les mots. Si les mots fondent les choses, c’est que le langage est perverti. Mais au départ, si l’on veille à utiliser le langage avec respect et le souci de la vérité (en se pénétrant notamment du sens des racines ou étymons) , le langage, je le crois, nous donne une image réaliste du monde. Et parler de la vérité n’aurait plus aucun sens, ce qui est bien sûr gravissime.

Si le langage était une fabrication arbitraire, nous serions enfermés à jamais dans notre subjectivité et nous pourrions même croire que le monde n’est que notre rêve. La diversité des langues (à supposer qu’elles ne soient pas dérivées d’une langue protohistorique unique) ne montre pas qu’elles soient purement conventionnelles, mais que les humains peuvent avoir des points de vue différents sur une réalité qui est par ailleurs d’une très grande richesse. Que le langage ne soit pas le résultat d’une convention ressort aussi du fait qu’il faut déjà un langage très élaboré pour créer une convention. Un homme qui n’a pas de langage ne saurait dire à ses congénères « Venez, mes frères et soeurs, nous allons désormais donner tel nom à telle chose et utiliser telle grammaire déterminée pour relier ces concepts entre eux ».

Chercher des responsables est normal et même nécessaire. Le but de tout discours utilisant l’idée de bouc émissaire est précisément de rendre impossible la recherche de coupables (se souvenir de la formule de Fabius : « responsable mais pas coupable ») : INTERDIT D’ACCUSER est ce que disent réellement les gens qui accusent les populistes de recourir à des boucs émissaires. On utilise évidemment le passé, le fait qu’il a existé des boucs émissaires accusés injustement — les Juifs sont évidemment les boucs émissaires par excellence dans l’histoire occidentale — pour décourager, condamner toute recherche de responsabilité fautive. Mais si personne, jamais, n’est responsable, comment les choses arrivent-elles ? Et comment bâtir une cité, une société démocratiques avec des êtres par définition jamais fautifs, donc jamais tenus de rendre compte de leurs actes ? Cela me semble difficile.


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