Pour ce qui est du Tibet en 1980, il était possible pour eux de lui donner une plus grande autonomie car la chine restait dans un développement assez archaique et donc les deux cultures pouvaient cohabiter sans trop de problème.
A partir du moment ou le pays se développe c’est fini, surtout à ce rythme. Même si la modernisation apporte niveau de vie et confort pour une grande partie de la population, il s’agit d’un processus d’une extréme violence sociale qui détruit institutions, traditions et statuts établis sans laisser de place au débat. Un peuple qui a la maîtrise de son destin peut accepter ce sacrifice, mais pour un peuple conquis il sera toujours commode de ramener le sacrifice à l’envahisseur.
Ainsi, pour les chinois les cotés négatifs de la modernisation peuvent être vu comme un mal nécéssaire qu’ils s’infligent eux mêmes. Pour les tibétains, ils sont vus comme un mal infligé par un envahisseur et la question qu’il soit nécéssaire ou pas devient subalterne. En clair, il est impossible d’imposer un tel niveau de réforme au tibet sans l’y forcer. Et les chinois ne pouvant pas se permettre d’avoir une chine développée et un tibet sous développée n’avaient que le choix entre une intégration forcée et l’indépendence. Ils ont choisis.
Pour le reste, un rappel les Hans sont TRES largement majoritaire en Chine, donc la fusion accélérée est peut être un peu exagérée. Mais il est clair que les etnies qui ne partagaient pas le mode de vie des chinois urbains ont été un peu maltraitées par le processus de modernisation.
Et pour ceux qui doutent qu’accéder à la modernité puisse être aussi violent, pensez que nombre d’artisans ou de paysans qui avaient une place et une utilité sociale dans leur village n’en ont plus aucune du jour au lendemain. Le jour ou l’industrie vous envoie des produits moins cher que les votre et que plus personne ne vous les achéte vous êtes hors business. Sauf que ces gens n’avaient souvent pas les moyens de travailler autrement que de leurs mains et lorsqu’ils rejoignent l’industrie c’est au niveau le plus bas. Pareil pour les paysans qui finissent par ne plus pouvoir rien acheter (car le niveau de vie en ville a fait monter les prix). Lorsqu’ils arrivent en ville pour y vivre et y trouver la richesse, ils s’appercoivent qu’il n’y a aucun boulot qui paie bien et qu’ils ne savent rien faire dans cette société. Ils vivront de petits boulots en espérant payer l’école à leurs enfants pour que ceux ci puissent profiter de cette modernité qu’ils voient tous les jours et dont ils ne profitent pas. Lorsque la même chose arrive aux tibétains et que ceux qui tiennent l’industrie sont les chinois, imaginez leur réaction.
NB : Ca n’arrives pas qu’en Chine, les gens de LTC qui fabriquaient les bobines pour le cinéma et a qui on a annonçé le licenciement il y a deux semaines car les projecteurs numériques rendent leur métier inutile ont du se dire la même chose. Ils avaient une utilité sociale et un savoir faire certain qui demandait un apprentissage, du jour au lendemain, une innovation technique certes bénéfique à la société dans son ensemble vient rendre leur boulot d’une certaine façon inutile. C’est très difficile à accepter et très difficile de rebondir dans cette situation. Néanmoins bonne chance à eux.