Houlàlà, ç’a l’air de fâcher du monde, de parler de Dieu... dont certains qui s’indignent qu’on ose seulement prétendre qu’il soit possible de réfléchir sur la question. Bon moyen de s’en protéger, de la question, cela dit, prétendre soit qu’elle ne se pose pas, soit qu’elle n’a pas de réponse.
Et, encore et toujours, un tir de barrage à coup de l’inusable « impossibilité à réconcilier science et religion », impossibilité que ceux qui l’invoquent posent toujours comme un fait sans jamais l’expliquer, et sans expliciter les termes employés. (« religion », c’est un peu vaste, comme terme, tout de même).
Tout de même, je m’étonne que personne n’ait seulement songé à citer Maritain, Jean Daujat ou Claude Tresmontant.
Sur le plan « union de la raison et de la foi », tout de même, à notre époque, ils demeurent de bons exemples.
Aux philosophes anglais cités, cependant, tout en reconnaissant leur mérite, on reprochera sans doute de s’imaginer pouvoir TOUT régler dans un système explicatif parfait ne laissant aucune zone d’ombre.
Sur la question du mal, notamment, leur tentative de raisonnement finit parfois par ressembler à une quasi justification ou explication du mal - or, il ne me semble pas que le mal soit explicable.
(On remarquer cependant que la réalité du mal utilisée pour nier celle de dieu, comme un intervenant l’a tenté plus haut, a ceci de paradoxal :
puisqu’il y a le mal, alors comment y aurait-il un dieu qui soit le bien en soi, se demande-t-on forcément,
mais, si ce dieu est imaginaire, s’il n’y a rien que l’univers,
que les lois physiques, l’évolution, les forces et les particules,
alors en quoi ce mal serait-il « mal » ?
Dans le postulat d’un monde strictement matérialiste, uniquement expliqué par les seules lois de la matière, le « mal » n’est pas un fait, les phénomènes décrits d’un point de vue physique étant parfaitement neutres moralement,
le seul fait de constater le mal pour l’opposer à l’existence de dieu constituant donc, paradoxalement, la reconnaissance implicite d’un ordre autre que matériel dans l’existence, et donc la transcendance...)
Enfin, tout ça pour dire que tout rejeter en bloc au prétexte qu’on peut citer trois ou quatre noms (comme je l’ai fait moi-même, d’ailleurs),
ne semble pas une attitude très rationnelle ni très scientifique.
La bonne attitude me semblerait plutôt de se dire « chouette, ç’a l’air intéressant, on va aller voir, et on verra ce qu’il convient d’en penser ».
Sinon tout le monde se bat à coups de dogmes personnels érigés par lui-même, en pensant faire de la philosophie - c’est rigolo à voir, mais ça n’avance pas à grand chose...