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Commentaire de Walid Haïdar

sur Guerre et commerce : indissociable


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Walid Haïdar 2 janvier 2012 17:34

Bonjour,


l’analyse marxiste de l’impérialisme en tant que stade ultime du capitalisme a quelques arguments pour étayer sa thèse, de laquelle découle que les formes de conquête du capitalisme à ce stade ne se contentent plus d’un accaparement ciblé de ressources précises, mais a besoin d’une réelle stratégie de puissance globale.

L’impérialisme n’est pas l’apanage des empires revendiqués ou évidents comme celui des états-unis aujourd’hui, ou de l’URSS hier, ces deux derniers dont les guerres répondaient précisément de la stratégie de puissance précitée. C’est un principe de conquête inhérent à toute entité capitaliste qui a épuisé son potentiel de conquête à l’intérieur d’un cadre restreint considéré (en général la nation), ou qui a conscience de ses limites à moyen terme.

Aujourd’hui que le capitalisme a à peu près ruiné les frontières, le concept de l’impérialisme doit être revu en tant que force de destruction des structures qui encadrent, régulent, contraignent ou contrecarrent les tendances des capitalistes, puisque en gros, il y a de moins en moins de marchés étrangers à conquérir, la conquête est de plus en plus d’ordre structurelle, et globalisée.

Donc pour revenir à votre objection, la guerre se fait toujours par désir d’au moins une entité au départ, puis d’au moins deux une fois que l’ennemi déclaré réagit. Mais ce désir est-il toujours matériellement fondé ? Prenons un de vos exemples :
- les guerres civiles : lorsque le roi de France et les autorités chrétienne qui sévissent en France et à Rome, font la guerre au protestantisme, c’est clairement là une affaire de religion. Mais quelle signification, en terme de puissance, aurait pour ces gens une émancipation d’une large partie de la classe bourgeoise en France, au profit du protestantisme ? Quelles seraient les perspectives matérialistes de la royauté chrétienne de l’époque dans un contexte où les bourgeois, et par suite pourquoi pas les paysans, aurait une religion différente de la leur, qui tient la source rigide de leur pouvoir ? Au fond, si le pouvoir ne dépendait pas de la religion, le Roi se moquerait bien du protestantisme, et si l’économie ne dépendait pas du pouvoir et vice versa, le Roi se moquerait bien de sa cassette, mais ces trois aspects sont ceux d’une même réalité dans laquelle ils sont intriqués.

Au fond, l’authenticité du prétexte (religion, idéologie...), est il est vrai plus ou moins élevée selon les cas, et il serait bien laborieux de faire une inventaire détaillé pour cerner les proportions. Ce qu’on peut dire en tous cas, c’est que moins la religion et l’idéologie ont d’autorité, plus l’économie, mécaniquement, est dominante, et d’autre part que plus une entité est forte matériellement (financièrement, technologiquement, en termes de ressources de base...), plus elle a les moyens de faire valoir son idéologie ou sa religion, ou tout autre aspect non matériel de cette entité.

Je dirais donc pour conclure et trancher votre objection, qu’on ne fait pas la guerre bien longtemps en dehors des clous de l’intérêt matériel, et que par conséquent, la guerre est essentiellement d’ordre matériel, et accessoirement d’ordre différent, et c’est pourquoi si je ne partage pas toute l’analyse de l’article, je conviens de l’idée générale défendue.

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