L’analyse de cette étude révèle deux phénomènes très intéressants : la progression de la popularité de François Bayrou dans les classes populaires (le « centre » est traditionnellement plutôt une famille politique privilégiée par les catégories socio-professionnelles supérieures), et chez les séniors. Cette dernière progression pourrait être très significative en termes de vote car, contrairement aux jeunes, les seniors s’abstiennent peu, et votent eux traditionnellement à droite. ceci suggère que bayrou a des marges de progression non seulement à gauche (où François Hollande déçoit) mais aussi à droite, chez les déçus du Sarkozysme.
Stratégiquement, l’idéal pour Bayrou serait d’apparaitre pour l’électorat de droite modéré comme seul capable de battre François Hollande (si les enquêtes confirment en février un ecart très important entre Hollande et Sarkozy au second tour), tandis qu’il confirme un positionnement de rassembleur ouvert à la gauche modérée. Sa principale difficulté sera, comme en 2007, de démontrer sa capacité à former un gouvernement et une majorité.
Au centre-droit, les choses sont en bonne voie : une partie du Nouveau-Centre semble prête à lacher Morin au profit de Bayrou, et les ralliements vont s’accélerer ces prochains jours. De la même façon, Christine Boutin semble prête à jeter l’éponge en sa faveur, et Villepin ne pourra vraissemblablement pas aller au bout, lui permettant de récupérer cet électorat aussi. La chose est plus difficile sur sa gauche, puisque François Hollande parait toujours être en position de favori, mais certains écologistes modérés pourraient avoir une attitude plus conciliante, et les déclaration d’Eva Joly conforte son positionnement central.
Comme l’auteur, je pense que si Bayrou parvient à conserver sa dynamique jusqu’à mi-février, en bénéficiant de l’absence de Sarkozy qui n’entrera en campagne que tardivement, il sera en position de prétendre très sérieusement à une qualification au second tour.