Certes, dans l’absolu, le blocage des universités est, en toute hypothèse, contestable dés lors que toutes les procédures démocratiques n’ont (n’auraient ) pas été respectées par défaut de représentativité ou de par l’organisation de votes fait à la va-vite. Mais, comme vous le dites vous-même, l’organisation de débats, d’AG, sont le fait de minorités actives. Il y a alors trois possibilités. ou bien on accepte totalement cette logique avec son inconvénient majeur qui est son caractère arbitraire dés lors que c’est une minorité active qui se charge concrètement de bloquer une université. Ou bien on ne l’accepte pas pour rester en somme totalement fidèle à un idéal démocratique, riquant alors, peut-être, d’affaiblir le mouvement en le divisant. Ou bien, on avise en fonction des circonstances.
S’agissant des minorités dites actives, elles sont le plus souvent issues de l’extrême gauche. Elles sont donc les plus jusqu’auboutistes, par définition. Elles pensent, à tord ou à raison, que c’est en se livrant à l’agit prop, en bloquant, qu’on pourra le mieux mobiliser, pour obtenir gain de cause, et, pourquoi pas, faire la révolution si les choses prenaient, selon elles, une tournure favorable. A vrai dire, dans l’absolu, le choix est difficile pour tous ceux qui sont à la fois démocrate et socialement progressiste. On aimerait bien que tout fonctionne idéalement, comme sur des roulettes, dans la plus grande transparence et dans la plus grande rigueur représentative, quand il y a lutte sociale, voire syndicale et même politique. Mais la lutte sociale, hélas, n’est pas toujours éminamment vertueuse, sauf à considérer que les fins justifient toujours les moyens. Individuellement, on peut s’efforcer de peser de tout son poids pour que les choses se passent le plus démocratiquement possible tout en visant un objectif spécifique — en l’occurence l’abandon du CPE —, mais une lutte sociale est par définition un mouvement collectif avec tout ce qu’il comporte de contradictions, de divergences des points de vue, inhérents à toute vie en société.
Le problème fondamental, en réalité, est qu’aujourd’hui, faute d’implication d’une grande partie des citoyens pour les questions politiques et sociales (voir le faible taux de syndicalisation, le peu d’adhérents dans les partis, sans parler du viellissement de ceux-ci, je pense au PS notamment, qui n’a pas vu venir le rejet du TCE), en dehors des périodes de crise, on retrouve, pendant les mouvements sociaux, les vieux réflexes qui font un peu tourner la démocratie en rond au lieu de la faire évoluer dans le sens d’une plus grande participation citoyenne au débats et à la polique du pays. Donc, on a un mouvement social tel qu’il est. ON peut le regretter amèrement, mais il y a des causes à cet état de fait. En attendant, une démocratie plus satisfaisante — à vrai dire elle n’existera jamais que comme un horizon, la démocratie étant basée sur le principe de la reconnaissance de l’existence d’un dissensus(désaccord) entre les hommes et femmes qui composent une société humaine, les votes n’étant jamais que des consensus majoritaires transitoires permettant d’ârrêter, dans le sens positif du terme, à échéances régulières, l’état du débat ou des luttes — où d’autres façons de lutter émergeraient. Quiconque voudrait faire aboutir la revendication principale du mouvement doit donc « jouer » avec le camp qui précisément s’y investit. Il s’agit donc d’éviter de donner des munitions au camp adverse pour saborder le mouvement même si l’on ne doit pas évidemment s’abstenir de donner son opinon quant à la manière dont certains envisagent le mouvement. Bref, à chacun d’arbitrer, et de savoir ce qu’il y a de mieux à faire. Le point nodal est bien alors le tempo, les circonstances. Chaque petit évènement compte dont il faut savoir apprécier l’importance et l’enjeu dans la « bataille ». On est alors, sur ce versant, beaucoup plus dans la psychologie que dans la politique. Tout mouvement social est finalement ambivalent, ou plutôt s’articule autour de deux pôles qui l’alimentent. D’une part il vise toujours un objectif précis, ici l’abandon du CPE, d’autre part il véhicule, hisse des idées politiques, le cas échéant, à un niveau auparavant inégalé (c’est en l’occurence la première fois que le thème de la précarité est ainsi mis sur le devant de la scène et avec une telle ampleur.)
Ainsi, est-ce tout autant le contenu du CPE qui importe, que tout ce qu’il cristallise de l’état de notre société. Toute une politique économique et sociale tend ainsi à fragmenter, segmenter la société (en France ainsi que presque partout ailleurs, peu ou prou), en la précarisant, en la communautarisant, afin de mieux asseoir un système économique de plus en plus inégalitaire, aussi bien au niveau national que mondial, les deux aspects n’en faisant qu’un en réalité. La bourgeoisie nationale si elle veut préserver son niveau de vie, ne peut, en toute logique, que prôner une logique intégrationiste dans le système financier et capitaliste mondial débridé que nous connaissons de puis plus de vingt cinq ans environ lorsque s’amorça la logique du tryptique : « déréglementation, privatisation, libre-échange » au besoin, et de plus en plus, en destructurant le cadre légal et les conditions de vie des salarés, notamment dans les nombreux secteurs tertiaires et de la sous-traitance souvent assurée par les PME où la vie syndicale est quasiement inéxistante.)
Enfin, vous concluez en fustigeant ceux qui contestent le libéralisme (je dirais plutôt le néo-libéralisme)comme si c’était une maladie honteuse. Vous amalgamez un peu vite, il me semble, un mouvement social et politique, forcément imparfait dans ses modalités d’action, et les idées de fond qui sont développés par tous les penseurs, philosophes, économistes et autres citoyens qui de façon très argumentée remettent en cause, de plus en plus, et souvent de manière radicale, le système économique mondial actuel. Evidemment, c’est toujours plus facile de crier haro sur les discours simplificateurs ou sans ampleur de quelques uns pour délégitimer tout un courant de pensée, bien vivant, lequel constitue peut-être une utopie aujoud’hui, mais sera demain, espérons-le, une nouvelle réalité, plus humaine et qui en aura fini de détruire le milieu écologique sans lequel l’humanité ne peut vivre ni même survivre. Le capitalisme néo-libéral que nous connaissons aujourd’hui, où ce n’est pas l’économie qui sert l’homme mais l’inverse, n’a-t-il pas d’abord été lui aussi à l’origine une utopie défendue en théorie puis poussée comme une idéologie par des hommes isolés comme les sieurs Hayek, Friedman et compagnie ? Bien entendu, les réalités politiques sociales, économiques nouvelles ne sortent jamais tout droit des théories de tel ou untel, les circonstances, les luttes ont leur grande part, mais les idées ont et auront toujours des conséquences.
27/03 11:14 - Bruno Julliard
Un site qui dit tout sur l’unef et ses liens avec le PS, le MJS, la LMDE, l’UNL... (...)
05/04 18:08 - mélissa
Sous prétexte de démocratie les bloqueurs empêchent les autres à faire cours, et les poussent (...)
03/04 01:21 - Stéphane D.
Je suis étudiant à la fac de sciences de Nantes. Le blocus est un acte liberticide et (...)
02/04 13:43 - Mog
Bonjour a tous, je ne suis ni pour ni contre ce contrat, cependant je trouve que le concept « (...)
29/03 22:02 - pierre
Bonjour, étudiant à Grenoble je voulais témoigner de la totale absence de démocratie aux cours (...)
22/03 19:47 - Petite lu’
Bonjour, voilà je souhaite faire part de mon expérience au sein de ma fac. Je suis étudiante à (...)
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