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Commentaire de BA

sur Lorsque la percée de Bayrou se poursuit (+ 5 points CSA)


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BA 8 janvier 2012 21:50
Affaire Karachi : les archives Balladur dans la cave d’un préfet.

Jean-Claude Aurousseau, l’ancien président de l’Association de financement de la campagne du candidat à la présidentielle de 1995, a été perquisitionné et gardé à vue.

Le préfet Aurousseau ne s’attendait pas à la visite de la police. Les enquêteurs se sont présentés à son domicile, rue Mignet à Paris, le 24 novembre dernier au petit matin. Dans la cave, ils ont mis la main sur les archives de l’Aficeb, l’Association de financement de la campagne d’Édouard Balladur, dont Jean-Claude Aurousseau était le président. Une véritable mine, que le JDD a pu consulter. 

Grâce à ces documents, les fonctionnaires de la Division nationale des investigations financières (DNIF) ont rédigé trois procès-verbaux d’analyse, qui démontrent que les comptes du candidat Balladur lors de la campagne de 1995 auraient été truqués.

Leur premier constat est simple : « Dès le départ de la campagne, aucun amateurisme ou approximation. » Le cadre légal du financement autorisé « est parfaitement connu » du préfet Aurousseau : le plafond de dépense a été fixé par l’État à 90 millions de francs pour les candidats du premier tour. « L’équipe dirigeante de l’Aficeb connaissait parfaitement la législation en vigueur », notent les policiers. 

Dans la cave, les enquêteurs ont mis la main sur « le budget de campagne », initialement prévu sur 120 millions de francs, plafond limite en cas de présence au second tour. Mais au 20 février 1995, deux mois avant le vote, 32 millions ont déjà été engagés. Puis, au 20 mars 1995, « les engagements ont été dépassés de 17 millions de francs ». « On constate que la plupart des postes budgétaires ont été sous-évalués depuis le départ, écrivent les enquêteurs. Concrètement, il semble difficilement réalisable de ne pas dépasser le plafond de 90 millions de francs alors qu’il reste encore un mois de campagne. »

Or dès février les recettes ne sont pas au rendez-vous : « Les dirigeants de l’Aficeb savent qu’il leur manque au moins 11 millions de francs pour équilibrer leurs comptes. » Selon le rapport de synthèse, « si les recettes n’avaient pas été réévaluées, le déficit aurait pu atteindre éventuellement 30 millions de francs ». En clair, les policiers de la DNIF semblent persuadés que le camp Balladur a eu recours à des financements de dernière minute, soit des fonds spéciaux de Matignon, soit des versements de rétrocommission, pour équilibrer le budget.

Le 7 décembre dernier, le préfet Aurousseau, 82 ans, a été placé en garde à vue et interrogé sur ses archives. Cet ancien préfet de la région Île-de-France, de 1993 à 1994, a travaillé au QG de campagne de Balladur de janvier à avril 1995. Ancien de la Cour des comptes, il a accepté de diriger l’association de financement à la demande de Pierre Mongin, alors chef de cabinet du Premier ministre. « J’étais bénévole », assure-t-il, même s’il précise : « Monsieur Mongin m’a donné une enveloppe pour compenser mes primes activités de la Cour des comptes sur quatre mois. Ces sommes [quelques milliers de francs] étaient prélevées sur les fonds secrets de Matignon… » Ce sont les seuls fonds spéciaux que le préfet, « formel », dit avoir vus pendant la campagne. 

Quant aux 10 millions en espèces, d’origine inconnue, repérés par l’enquête sur les comptes de campagne, le préfet Aurousseau dit tout en ignorer. « Aucune idée » de leur provenance. Interrogé sur le fait que, au 20 mars 1995, 80 millions avaient déjà été dépensés sur les 90 prévus, le préfet se rappelle avoir « attiré l’attention de ne plus trop engager de dépenses ». « J’étais ennuyé que monsieur Balladur ne soit pas au second tour, nous aurions été alors ennuyés vis-à-vis du Conseil constitutionnel », admet-il.

Le préfet avoue avoir « constaté qu’il y avait une tendance à l’accroissement des dépenses, suite aux mauvais sondages, sans se préoccuper des recettes et des moyens correspondants », ajoute-t-il. « Les dépenses augmentaient alors que les sondages baissaient », résume-t-il. 

Les policiers l’interrogent : « Puisqu’il ne restait que 10 millions de francs pour financer le dernier mois de campagne, le trésorier, monsieur Galy-Dejean, n’a-t-il pas utilisé des espèces pour payer les fournisseurs ? » Le préfet n’a pas de réponse : « Cela a été géré sans moi. » 

Au moins 5,2 millions de francs supplémentaires, en liquide, qui n’apparaissent pas dans les comptes, ont aussi servi à payer la « sécurité des meetings ». Là encore, le président de l’Aficeb « découvre ». « Ces sommes me paraissent mirobolantes », dit-il…

Sous ses yeux défilent des factures de sécurité jamais signalées au Conseil constitutionnel. « Je ne peux vous donner aucune réponse. Je comprends maintenant pourquoi les rapporteurs du Conseil constitutionnel ont mis en évidence des problèmes », confesse le préfet en garde à vue. 

Dans ses carnets manuscrits, les enquêteurs ont également déniché plusieurs mentions curieuses, comme ce : « Il faut 19 MF »… « Ces 19 MF correspondent-ils à la somme qu’il manque au niveau des dépenses ? », interrogent-ils. « Je ne sais pas », réagit le préfet. 

« Que signifie ’300 MF’ devant ’JCH’ ? », poursuivent les enquêteurs. « C’est un bruit qui a été rapporté comme quoi monsieur Chirac aurait eu un budget éventuel à hauteur de 300 millions de francs », répond Jean-Claude Aurousseau. 

Façon de rappeler que, dans l’ambiance de l’époque, les plafonds de dépenses paraissaient avoir été crevés dans chaque camp. Et que l’examen du Conseil constitutionnel semble avoir été une formalité réglée d’avance.

http://www.lejdd.fr/Societe/Justice/Actualite/Les-archives-Balladur-dans-la-cave-d-un-prefet-447040/?from=headlines

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