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Commentaire de easy

sur De la nécessité de briser ses disquettes mentales


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easy easy 10 janvier 2012 18:09



«  »«  Tout crime doit être puni, même s’il est perpétré par des puissants »«  »

Mais comme beaucoup, vous haranguez déguisé en humaniste
 
Ce faux humanisme là me glace le dos, surtout quand il se confirme avec la prétention d’incorruptibilité.



La maitère humaine est par essence corruptible car la probité n’est pas naturelle. La probité résulte d’une nécessité sociale. Il revient à chacun, parce que nous sommes tous amoureux de du grouillant humain (sinon nous vivrions seuls dans des déserts) , de mettre un frein à son humanité assez explosive, pour sélectionner de lui ce qui serait le plus compatible avec les nécerssités sociales.
Il s’agit là d’un arrangenement au mieux possible du naturel capricieux de l’homme avec le social. Cet arrangement, cette police intérieure, ce nomos, fait ce qu’il peut. Et il a très souvent du mal à s’y retrouver car le corps social est loin d’avoir des besoins unidirectionnels. Le corps social peut dire lundi qu’il faut être pacifiste et dire jeudi que ceux qui refusent de tuer les Boches seront fusillés.

Etre véritablement humaniste (ce n’est pas naturel, ça se travaille et on ne peut pas l’être à 20 ans) c’est être disposé à analyser mille tenants et aboutissants avant de juger quelqu’un. A ne surtout pas se précipiter pour le condamner. 

Or votre phrase que j’ai reportée ici démontre que vous êtes bien plus pressés de condamner que de vous fatiguer à procéder à une analyse complète avant.

Non, un crime ne doit pas être puni. Il doit essentiellement être jugé. C’est en jugeant proprement, contradictoirement et longuement chacun de nos crimes que nous apprécierons ce que nous sommes.





Il est regrettable que les juges soient corrompus mais ce c’est là qu’humanité réveillée à l’occasion de quelque tentation ponctuelle.
Au lieu de regretter ça, il vaut mieux se demander pourquoi nous continuons à confier des pouvoir exorbitants à un seul homme ou à quelque Personne jugeant en secret, telle l’Inquisition.
Le pire n’est pas la corruption des juges. C’est l’incorruptibilité des bourreaux, de ceux qui exécutent concrêtement les condamnations. Heureusement que quelques bourreaux ont été corrompus par une parcelle d’humanité et ont parfois consenti à tricher en étranglant très vite le condamné pour ne plus avoir à supplicier qu’un cadavre

Quelle chance que de prendre une balle dans la tête en tout préambule !


Duch, le bourreau Khmer rouge, était hélas réellement incorruptible. 

Il n’avait pas agi seul. Il s’était retrouvé chef de ce lycée et il lui avait été confié la mission d’en faire un enfer purificateur selon une idéologie très similaire à celle de Robespierre où c’est finalement une police strictement obéissante et incorruptible qui réalise les tortures et massacres





L’empire Perse avait commencé, pour ce qu’on en sait grâce à Hérodote, vers 650 avant JC, avec Cirus (1er du coup). Le roi suivant a été Cambyse 1er. Avec Mandane, Cambyse a un fils (le futur Cyrus II) mais Astyage, le roi des Mèdes voisins, croit que cet enfant prendra son trône et il ordonne à Harpage, un de ses proches, de tuer le bébé. Harpage capture cet enfant, l’amène au bouvier Mithridates pour qu’il le tue. La femme de ce bouvier vient juste d’avoir un enfant mort-né. Elle propose à son mari d’élever l’enfant condamné à mort et de présenter à Astyage le cadavre de son mort-né.

Astyage se fait avoir et ne se fait donc plus de souci. Jusqu’au jour où il découvre avoir été berné et il considère immédiatement qu’Harpage s’est laissé corrompre puisqu’il n’avait pas strictement obéi à ses ordres. 
Le roi Astyage ne dit rien sur le coup mais plus tard, il fait tuer le fils d’Harpage et oblige ce dernier à le manger.


Le fils de Cambyse grandit donc et devient le roi Cyrus II. Un jour, quelqu’un se plaint à lui que le juge Sisamnes s’est laisser corrompre et a donc rendu un jugement inique.
Cirus II fait arrêter ce juge et innove un supplice. Il fait éplucher, bande par bande et à vif, la peau de ce juge posé comme corrompu. Le malheureux en meurt évidemment et Cyrus II ordonne que le fils de Sisamnes devienne juge à la place de son père supplicié, son siège étant consituté des bandes de peau de son père. Comme si cele ne suffisait pas, Cirus II croit utile d’ajouter « Prends la place de ton père et n’oublie jamais sur quoi tu es assis »




Une autre histoire, fictive celle-là ;
Shaskespeare fait un montage de plusieurs légendes et compose sa pièce Le Marchand de Venise.
Il pose qu’à Venise, il y avait un riche Juif, Shylock, qui était vomi par les Chrétiens parce qu’il prêtait contre intérêts. Mais un jour, le notable Antonio se retrouve contraint de lui emprunter une fortune pour aider Bassiano, un jeune ami désargenté qui projetait d’aller conter fleurette à Portia, une dame lointaine fortement dotée
Antonio compte que ses navires de marchandises vont bientôt revenir et qu’il pourra aisément rembourser Shylock. Mais ce dernier n’accepte ce prêt qu’à condition qu’Antonio accepte qu’en cas de défaut à la date fixée, Shylock se rembourse en prélevant sur lui une livre de chair. Sûr de lui Antonio accepte malgré les protestations de son protégé Bassiano
A la date de remboursement, les navires d’Antonio ne sont toujours pas revenus. Shylock exige que le contrat soit respecté et veut alors prélever une livre de chair sur Antonio. le malheureux proteste tout ce qu’il peut mais le doge de Venise et les notables chrétiens ne voient pas comment casser ce terrible contrat.
Au moment où Shylock s’apprête à découper son dû, survient la dame Portia déguisée en homme et « il » demande à intervenir comme avocat, ce que personne ne lui refuse ; Cet avocat réexamine les termes du contrat et admet, à la grande satisfaction de Shylock, qu’il n’est pas possible de reculer.
Mais à l’instant où Shylock va enfoncer son couteau dans Antonio attaché, cet avocat le previent que selon le contrat, il est question d’une livre de chair, exactement une livre, pas un iota de plus ou de moins et qu’il n’a aucunement été prévu que soit versé la moindre goutte de sang. A la moindre erreur, c’est Shylock qui serait condamné pour au moins tentative de meurtre. Shylock découvre qu’il est piégé, il recule et entame un départ. Mais le jeune avocat dit alors qu’en toute rigueur, le contrat DOIT être exécuté car il n’était pas prévu d’autre alternative.

Shylock se découvre obligé d’accomplir les termes de son contrat en sachant qu’il ne pourra l’exécuter proprement et qu’il en sera donc condamné à mort.
Il se roule alors par terre en implorant qu’on lui permette de se retirer de cette très mauvaise affaire et ce n’est finalement que grâce à la bonne compréhension de la Cour, à la véritable humanité du doge que chacun peut enfin rentrer chez lui sain et sauf.



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