• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile


Commentaire de easy

sur De la nécessité de briser ses disquettes mentales


Voir l'intégralité des commentaires de cet article

easy easy 10 janvier 2012 20:05



«  » Attention à ne pas me caricaturer «  »


Vous voilà instruit de l’effet boomerang.




Shylock se sentait très sûr de lui, de son éthique, de sa probiité. Il était extraordinairment sûr de son éthique puisque, j’ai zappé ce détail, quand Bassiano, qui avait entretemps récupéré la dot de Portia, a déposé trois fois la somme en jeu aux pieds de Shylock en lui demandant de renoncer à la chair d’Antonio contre cette montagne d’or livrée avec un seul jour de retard, Sylock refuse.
Son éthique très forte tient en ceci « Vous, les Chrétiens, vous m’avez craché dessus pendant des décennies en posant que seul le fric m’intéressait. Or, j’ai ma fierté et j’ai trouvé, avec la demande de prêt d’Antonio, le moyen de vous prouver à tous que je suis capable de renoncer à l’or pour lui préférer le respect absolu d’un contrat. Ce n’est pas l’argent qui pendouille au bout de ce respect qui m’intéresse, c’est de voir si vous, les railleurs, vous êtes capables de respecter un engagement. C’est le respect qui est en jeu, pas l’or »

Oui, devant la Cour ; devant le doge, Bassiano avait déposé un immense trésor que Shylock avait repoussé, obsédé qu’il était par son combat pour l’honneur.

Mais, ainsi protégé de toute corruption par son éthique et son objectif non matériel, on pourrait dire ainsi hyper protégé, il s’est senti tellement pur qu’il en est devenu ivre et il s’est donc retrouvé coincé par son rigorisme. Si les Juges l’avaient soumis au même rigorisme, il serait mort sous la torture.


(Un taliban c’est aussi quelqu’un de désintéressé et de très incorruptible. Idem avec les Harédims)



Vous avez titré votre papier avec « Il est nécessaire de briser ses disquettes mentales »
Vous avez exposé une vidéo caricaturant le valet
Vous prenez comme avatar l’incorruptible

Mais vous voilà déjà à demander qu’on ne vous caricature pas.
Vous vous voyez donc bien en Robespierre des grandes oeuvres mais vous zappez sur sa fin des plus pitoyables. Vous voulez bien juger les autres sévèrement en les caricaturant mais vous considérez ne pas avoir à subir la même épreuve.
Vous me faites penser au juge Burgaud et au frère Lorenzo de l’Inquisition dans « Les fantômes de Goya »

A 20 ans on n’a rien fait on n’a donc rien fait de répréhensible à part quelques tripotages de la frangine. On ne s’est même pas compromis en creusant un trou pour aider un ami à enterrer un cadavre. On n’a ni avorté, ni conduit son chien à sa dernière piqûre. On ne s’est pas encore prostitué, on n’a pas encore vendu ses dents pour payer une pension à quelque bâtard et on n’a même pas injecté un vaccin bourré d’hydroxyde d’aluminium à ses enfants. On est un ange et on se croit incorruptible ; C’est donc chez les jeunes qu’on recrute les meilleurs bourreaux.
(Les Khmers rouges ont très facilement poussé les enfants de 10 ans à torturer leurs propres parents).



On examinerait tous gens de 40 ans selon la grille de leurs prétentions quand ils avaient 20 ans, je te garantis qu’ils seraient tous à pleurer leur mère.



Selon la Bible, Jésus aurait dit « Que celui qui n’a jamais péché lui lance la première pierre »
Jusque là, tout le monde trouve ça pertinent et ça semble être le summum de ce qu’on peut dire devant un début de lapidation

Or il y avait mieux à dire.
Par exemple

« Que celui qui finira sa vie sans avoir péché lui lance la première pierre ».



En effet, si à 10 ans, à 15 ans, à 20 ans je suis vraiment pur et comment ne le serais-ja pas, je peux, selon Jésus, lapider à tour de bras n’importe qui. Que ma cible soit pure ou pas ne compte pas. Il suffit que je sois pur pour lapider qui je veux sans jugement puisque Jésus ne dit pas qu’il faut perdre son temps à juger.

Et une fois que j’aurais ainsi exterminé de bon droit 7 milliards d’impurs, devenant ici et là impur à mon tour, comment vais-je trouver juste d’avoir lapidé des impurs de 60 ans ? 
Etant devenu, par mon zèle robespierrien, le dernier des être humains, qui m’infligera le châtiment dû aux impurs ? 

Ainsi, ce qui doit retenir notre bras ce n’est pas notre pureté passée et prouvée mais la perspective que dans le futur, nous pourrions bien chuter à notre tour. Ne pas envisager cette éventualité c’est être idiot. Juger les fautifs en croyant qu’on ne fautera pas, qu’on ne sera jamais lâche, c’est être aveuglé de prétention.


Voir ce commentaire dans son contexte





Palmarès