Par Guy Delorme journaliste , le 12 janvier 2012 :
"La mort tragique du reporter de France 2 Gilles Jacquier, mercredi 11 janvier, à Homs, victime de toute évidence de tirs de RPG actionnés par des rebelles, fait évidemment pas mal de « vagues » en France. Mais les réactions témoignent, par leur prudence ou leur relative neutralité, de l’embarras d’une classe politico-médiatique confrontée de plein fouet à l’inanité, ou du moins au simplisme, de son discours sur la syrie.
Hypocrisie et sournoiserie au sommet de l’Etat français
Au sommet de l’Etat on fait dans le flou bien pensant et un rien sournois : dans son hommage à Gilles Jacquier, Nicolas Sarkozy a une brève et perfide allusion au régime syrien « qui est ce qu’il est« . Plus exposé sur ce front-là, Alain Juppé exige « toute la lumière » sur cet acte « odieux« , et un de ses porte-micros a répété que le pouvoir syrien avait le devoir de protéger les journalistes présents sur son territoire.
On remarquera la cohérence d’Alain Juppé et de ses salariés : jusqu’il y a peu, le pouvoir syrien n’avait plus, selon, eux, la moindre légitimité et ses militaires et policiers étaient purement et simplement des bouchers. Les mêmes pestaient rituellement contre l’interdiction faite aux médias étrangers de se rendre en Syrie. Bref, avec eux, le gouvernement syrien est sûr de perdre à tous les coups. Une attitude à rapprocher de celle que le tandem Sarkozy/Juppé a observé à propos de la mission arabe en Syrie : dans un premier temps on l’exige à cors et à cris ; et puis quand celle-ci, une fois sur place, ne dit pas ce qu’on voudrait entendre, on réclame aussi bruyamment son départ.
Mais l’on sait depuis longtemps qu’aucune honnêteté, et qu’aucune autre logique que celle des intérêts et buts de guerre atlantistes, n’est à attendre de cette « belle équipe » qui déshonore chaque jour un peu plus le pays de de Gaulle.
France 2, de la malhonnêteté à chaud à la neutralité à froid…
En ce qui concerne les collègues du malheureux Gille Jacquier, l’embarras se mesure évidemment aux commentaires qui se sont succédés, et parfois contredits, en moins de 24 heures. A France 2, premier média concerné par le drame de Homs, la première réaction, au 20 heures du 11 janvier, est empreinte de malhonnêteté intellectuelle : on dit ne pas savoir d’où sont partis les projectiles meurtriers, mais on parle du « pilonnage » de Homs par les forces bacharistes, alors que tout le monde sait que le gros de l’armée syrienne s’est retirée du coeur de la ville, et qu’il est impensable qu’elle tire sur les quartiers que sont en train de visiter les observateurs arabes. Et on ne dit pas ce qu’a dit, notamment dans Le Figaro, un journaliste de la BBC présent au moment du drame : à savoir que Jacquier et d’autres journalistes se trouvaient dans un cortège encadré par des officiels syriens, et même par des manifestants pro-Bachar (voir notre article « Un journaliste de France 2 tué à Homs par des rebelles« , mis en ligne le 11 janvier). Et la commentatrice, avec une malhonnêteté qui est comme une profanation du cadavre du journaliste de France 2, ose relier la mort de Jacquier au tout dernier discours de Bachar al-Assad, où celui-ci se serait montré « menaçant« . Envers qui ? Les bandes armées ou les journalistes français ?
La nuit ayant peut-être porté conseil, et la responsabilité directe des guérilléros ASL et/ou djihadistes, au vu des faits et des témoignages, étant plus que probable, l’édition de 8 heures du jeudi 12 janvier est nettement plus « neutre » : on dit que pouvoir et opposition se rejettent la responsabilité, et l’on ne s’étend pas plus que ça sur les circonstances du drame. On est même bien obligé de dire que la visite des journalistes à Homs se faisait avec l’accord, et sous la responsabilité des autorités, qui donc n’ont pas pu organiser le traquenard. Tout de même, on interroge un responsable de Reporter sans Frontières qui évoque la possibilité qu’un jour soit prouvée l’implication du régime et alors.., le tout sur fond d’affiche anti-Bachar : le service minimum, en quelque sorte… Et c’et à peu près la même « prudence » du côté d’ I-Télé.
On retrouve la même neutralité, certainement embarrassée, à Libération. Au fond ce drame déstabilise – un peu, et pour combien de temps ? – ces médias français qui sont pris – tragiquement – au piège de leur désinformation sur le dossier syrien, une désinformation digne de celle qui avait accompagné la première guerre d’Irak en 1990/91, ou celle de Yougoslavie. Les vaillants « résistants » anti-Bachar de Homs ont envoyé deux ou trois roquettes « humanistes et pro-démocratie » sur un groupe de journalistes et de Syriens pro-régime, écornant quelque peu le « roman » édifiant que le PJF – Paysage journalistique français – nous vendait depuis des mois sur la Syrie."
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