Dès l’introduction on lit « gouvernements démocratiques » et « renouveau démocratique ». Je trouve cela dommage de rester conforme à la novlangue de l’oligarchie, et même inquiétant alors que le rédacteur est un fidèle auditeur d’Etienne Chouard qui critique radicalement l’abus de langage dont on est victime depuis environ 1840 à propos de ce qu’est la démocratie. Comme l’a écrit Simone Weil, « nous n’avons jamais rien connu qui ressemble même de loin à la démocratie. » (Note sur la suppression générale des partis politiques, Climats, 2006, p. 33).
Avaaz apparaît comme ce que j’appelle un « bac à sable » : un terrain de jeu cathartique pour canaliser les protestations, et amortir et absorber leur énergie ; ainsi que le sont des syndicats infiltrés ou achetés par des ploutocrates.
Quant aux cybermanifestations, faites surtout par ceux qui n’ont pas le « cœur » (c’est-à-dire le courage) à faire plus, elles peuvent avoir un impact, plus ou moins selon les thèmes, mais elles sont comme la « demande unique » à trouver des Indignés : des demandes faites à autrui en toute hétéronomie, appliquées plus ou moins selon les caprices des dieux qui nous gouvernent.
Je suppute une relation entre l’usage biaisé reproduit dans l’introduction du mot « démocratie » et le fait de ne pas envisager une construction autonome de la démocratie, par un parti démocratique qui grignoterait les votes pour les partis aristo-oligarchiques afin d’instaurer une toute autre constitution de la réalité sociale.