@jpm,
il est clair que vous ne supportez pas l’inégalité, quelle qu’elle soit. Si on pousse votre raisonnement, aucune différence de condition ou de destin n’est tolérable. Un problème est que toutes les discriminations positives coûtent très cher à l’état et la société, pour un bénéfice à long terme qui n’est pas toujours facile à évaluer.
Personnellement j’apprécie la vision de John Rawls dans sa Théorie de la justice. Il prend acte de l’existence des inégalités consubstantielles à toute société, mais remarque que ces inégalités peuvent être source de progrès en offrant des étages à gravir et des aspirations à s’améliorer. Ce qui n’est pas limité à la condition sociale : certains sont plus grands que d’autres, ou plus rapides, ou plus habiles de leurs mains, ou plus intelligents, ou plus doués pour la musique... Où qu’on regarde on trouve des différences, et des voies d’amélioration si on le désire et pour peu qu’on veuille progresser. Pour lui l’équité consistera à corriger les inégalités les plus inacceptables mais en veillant à préserver la dynamique des différences. Cette approche me semble plus féconde que la simple équité redistributive.
Au final, le problème n’est pas que des différences existent mais bien d’offrir ou non la possibilité de s’en affranchir si on le désire. En terme social, cela signifie que c’est la mobilité sociale qui doit être favorisée, et non un nivellement contre-productif.