La nécessité du « vote utile » n’est que la conséquence de cette mascarade de démocratie que sont les institutions de la Vème République, avec l’élection du Président à 2 tours ; ce qui amène, au bout du compte, à avoir à la tête de l’état un personnage qui ne représente qu’environ une vingtaine de pour cent des choix des citoyens.
La deuxième mâchoire de l’étau se refermant lors des législatives, avec le scrutin uninominal majoritaire à 2 tours ; qui empêche toute représentativité proportionnelle, reflétant le vrai choix des citoyens.
Conditions aggravées sous la période de cohabitation Chirac-Jospin, avec la concomitance de la durée des mandats, et l’inversion de l’ordre des élections ; les législatives suivant la présidentielle ; ce qui, dans les faits, revient à remettre entièrement le pouvoir dans les mains d’un parti, d’un clan, sans aucun contre-pouvoir législatif.
Le système présidentialiste français (rappelons le : le seul en Europe), est un déni de démocratie, pire encore qu’aux Etats-Unis où les élections à mi-mandat, peuvent, au mois, permettre un contre-pouvoir des députés.
Le système des démocraties ainsi vidées de leur substance, aboutit à un bipartisme, qui est le contraire même du fonctionnement démocratique ; absence de représentation proportionnelle, domination des partis de gouvernement, qui aboutit nécessairement à des prévarications, des abus, des conflits d’intérêts, comme toutes les « affaires » nous le démontrent chaque jour.
Aggravé, en France, de ce présidentialisme, qui est une dérive autocratique, un résidu monarchique, bonapartiste, de l’ancien Régime.
D’où la nécessité d’un changement d’institutions, la naissance d’une VIème République, avec un Président confiné au rôle d’arbitre et de garant de la Constitution, un parlement pleinement représentatif (élu à la proportionnelle, après une Assemblée Constituante), un gouvernement assurant la conduite de la politique du pays, avec une nécessaire majorité des 3/5èmes ; c’est à dire sous le contrôle des élus, une interdiction du cumul des mandats, et, surtout, une justice indépendante du pouvoir exécutif, pour ne pas voir entravé son pouvoir au service des citoyens.
Tant que tout ceci ne sera pas réalisé, nous en sommes réduits à cette mascarade d’élection-présidentielle/people, un genre de nouvelle star à l’échelle politique, un système d’élimination, qui aboutit à élire celui censé être le moins pire, et lui donner tous les pouvoirs, même si, au 1er tour de l’élection, il ne disposait que d’un nombre de voix infimes supérieur à ceux qui seront éliminés, et privés ainsi de toute représentativité dans le fonctionnement politique du pays.
Un semblant de démocratie (de fait, un véritable système autocratique), qui induit, nécessairement, pour le 1er tour, la 1ère mâchoire du « vote utile ».
Le fonctionnement d’une véritable démocratie doit faire des élections législatives (à la proportionnelle), le véritable acte politique du fonctionnement des institutions, d’où émerge un gouvernement, chargé d’appliquer une politique approuvée par au moins les 3/5èmes des représentants élus du peuple.
Le Président doit, lui, être une personnalité choisie pour être en dehors des partis, et sa fonction d’être un arbitre, le garant des Institutions, des libertés, du fonctionnement démocratique, sans aucun pouvoir ni législatif, ni exécutif.
Tant qu’on n’en sera pas là, on sera pris entre les mâchoires du « vote utile » au 1er tour, et du deuxième effet qui s’coule, avec les législatives, conçues pour donner tout pouvoir à un autocrate aux pleins pouvoirs, élu, alors qu’il ne représente même pas le 1/4 du choix des citoyens.
Dans ce système verrouillé de la Vème République, actuellement, la seule solution est de voter selon ses choix au 1er tour, puis une abstention (ou un vote blanc) massive au second tour, pour laisser élire un Président avec le moins de représentativité possible, puis, aux législatives, voter pour les candidats des partis qui prônent une profonde modification des institutions, pour une Assemblée plurielle, hétérogène, qui permette ce changement.
Actuellement, je ne vois que le Front de Gauche pour faire ces propositions : Assemblée Constituante, VIème République ; mon vote utile sera donc, au 1er tour, pour Mélenchon ; je voterai blanc au second tour de cette élection/people, et c’est aux législatives qu’il nous appartient à chacun, à tous, d’élire nos représentants, qui ôteront tout potentiel d’autocratie au fantoche élu (quel qu’il soit). Une cohabitation forcée qui est la seule solution, pour sortir du piège, de l’étau de la Vème République bonapartiste.