le problème du RSA mérite effectivement cette tentative de
sensibilisation, mais il mérite aussi une remise en question beaucoup
plus large !
Qui souhaite vraiment « REFLECHIR LOIN DES DOGMES » ... aura peut-être le temps de considérer les remarques suivantes.
(Je commencerai par commenter cet article, puis avancerai quelques suggestions)
L’idée directrice étant que en politique, et a fortiori au Pouvoir, le
mandat essentiel à respecter est d’abord de rendre crédible une justice
garante de cohésion sociale : il faudrait pour cela assurer dans les
faits cette justice ! ...
Remarque 1 : qualification / (formation)
’BURIDAN’ insiste sur une question de qualifications
« ... l’absence de qualification (60 % des bénéficiaires de minima sociaux n’ont pas le niveau du CAP) »
« ... le taux de chômage des personnes sans diplôme atteint 40 %. »
... tout en évitant cependant soigneusement (ou prudemment ?) de parler de formation ... :
".. les sorties du système scolaire sans diplôme. Dans le marché du travail
actuel, cette dernière équivaut à une condamnation au chômage tout au
long de la vie ..."
* premier point :
est-il juste, dans une démocratie prônant « Egalité et Fraternité », de
conditionner les efforts de « Solidarité » (dite Active - RSA), à la
hauteur de qualifications ou diplômes décernés soit par une « élite »
officielle (système scolaire), soit par une « élite » officieuse (
qualifications professionnelles décernées par l’Industrie privée ) ?
* second point :
en mettant ainsi l’accent sur un défaut de qualification, ne
risque-t-on pas d’occulter, tout en l’aggravant, une injustice plus
fondamentale ?
En effet, s’il est déplorable que "60 % des bénéficiaires de minima
sociaux n’ont pas le niveau du CAP" ... n’est-il pas encore plus
déplorable que les 40%, (qui ont au moins le niveau du CAP !) , en
soient réduits aux minima sociaux ?
Si « le taux de chômage des personnes sans diplôme atteint 40 % », il
faut croire alors que 60% des personnes sans diplôme arrivent à trouver
un salaire. Ce qui pourrait laisser entendre que tous ces diplômés « bénéficiaires de minima sociaux » (ayant au moins le CAP) ne seraient pas très excusables ? ...
Ce genre d’argumentation occulte la question fondamentale d’essayer de
savoir dans quelle mesure les détenteurs de qualifications ou diplômés
sans travail sont ou pas responsables de leur situation : on peut y voir
un a priori qui ne fait que renforcer une fort déplorable
culpabilisation non justifiée des « bénéficaires » qualifiés, diplômés, voire même expérimentés ...
* troisième point :
ne parler que d’un problème de qualification sans envisager l’état de
l’offre et de la demande en matière d’emplois peut laisser soupçonner
une double confusion :
- concernant, d’une part, l’état réel des compétences ou potentiels et l’instrumentalisation de leur reconnaissance officielle,
- et, d’autre part, dans l’analyse des causes du non emploi !
D’une part, on pourrait certainement augmenter très facilement le taux de diplômés : en dévaluant les diplômes ! ...
D’autre part, s’il est vrai qu’un chômage structurel est à l’oeuvre
dans notre pays : en quoi l’idéal même d’une formation, voire d’une
compétence parfaite, obtenue de façon idyllique par tout le monde, ...
changerait quoi que ce soit au pourcentage de laissés pour compte ?
Ne pas évoquer ce problème risque de n’être qu’une acceptation, en
creux, d’un système de concurrence (plus ou moins juste ou plus ou moins faussé)
justifiant la mise à l’écart d’une partie non négligeable de la
population !
* quatrième point :
au-delà des problèmes de justice, est-il pertinent de laisser déconsidérer
(ou « déclasser ») les laissés pour compte qui pourraient avoir été écartés de façon
injuste ?
Ne s’intéresser qu’au manque de « qualification » d’un pourcentage de
ceux qui ne sont pas embauchés ne ferait que renforcer la dérive d’employeurs qui plutôt que de corriger les « bogues » écarteraient les compétents qui osent remettre en cause ce qui doit l’être
( Cette cause possible de la Crise économique que nous subissons aujourd’hui n’a jusqu’ici été envisagée par aucun de nos analystes méritants, de quelque bord politique qu’ils soient ...)
...
Remarque 2 : ’accompagnement’
l’auteur de cet article dit :
« . Un accompagnement renforcé des personnes en difficulté permettait d’améliorer de manière significative le retour à l’emploi. »
* Cette assertion n’est ici pas argumentée ni documentée ...
Elle me semble sujette à caution ! ...
Et puis que signifie ici "accompagnement ? A-t-on cherché à mesurer le
pourcentage de ceux qui demandent à être « accompagnés » ?
Qui détermine (et comment ? selons quels critères précis ?) le besoin
réel « d’accompagnement » de certains de ses concitoyens ? ...
Remarque 3 : pôle emploi / contrats aidés
Nous lisons :
" ...la loi créant le RSA a en outre voulu faire de Pôle emploi le principal
acteur de l’insertion des bénéficiaires de minima sociaux. Mais elle ne
lui a pas donné les moyens nécessaires alors que les conditions de la
fusion entre ANPE et ASSEDIC ont désorganisé la nouvelle entité."
...
« dispositifs destinés aux personnes en difficulté, tels que les contrats aidés. »
* a-t-on fait une enquête (neutre et
indépendante) auprès des personnes « aidées » pour savoir, après quelques
années de recul, quel bilan elles établissent des « aides » que sont
censés leur avoir apporté l’ANPE" ou les contrats aidés ? Et QUI
aidents d’abord, concrètement, ces "contrats aidés ? ...
Suggestions :
il faut décidément réfléchir plus sérieusement à revenu minimum assuré
pour chaque citoyen : que l’on appelle cela « Revenu Universel », "crédit
d’impôt" ... ou autre. Mais il serait dommage de se tromper de combat en
se dispersant dans des querelles de chapelles ....