Je vois deux problèmes dans votre article (entendez : deux points qui me posent problème).
Premièrement, je ne vois pas pourquoi l’Assemblée ou le Sénat seraient représentatifs de la société française, un peu comme doit l’être un échantillon statistique en vue d’un sondage. Les députés ou les sénateurs représentent déjà le peuple français, ça suffit, pourquoi, en plus, les vouloir représentatifs ? On parle volontiers de la sous-représentation des jeunes, des femmes, ou des Français d’origine immigrée, mais sur quels critères va-t-on juger de l’opportunité à être représenté de manière représentative (au sens statistique) ? Par exemple, et les gauchers, n’ont-ils pas droit d’être représentés ? Et si on part dans les religions déclarées, on court à la catastrophe... Ne parlons pas des préférences sexuelles ! Plus trivialement, le pilier de bistrot évoqué plus haut doit-t-il être représenté à l’Assemblée par un authentique pilier de bistrot ?
Par ailleurs, et nous touchons là une question très sérieuse, un « jeune » (par exemple, mais j’aurais pu prendre un « vieux » ou un « français d’origine immigrée ») est-il fatalement, de par son statut de « jeune » (« vieux » ou « français d’origine immigrée »), compétent pour discuter des lois ? Lois qui, je le rappelle, ont pour objet l’intérêt général, et pas l’intérêt de tel ou tel groupe de pression.
Deuxième point : la proportionnelle est souvent parée de toutes les vertus. Or, il faut bien en être conscient, c’est surtout et avant tout une machine à perpétuer les appareils des partis. Les dirigeants des partis prennent les premières places, puis suivent les affidés, et en dernier, les quotas (femmes, arabes, djeun’s, etc.). Le résultat, c’est que les premiers sont toujours élus. Voir par exemple ce que ça donne pour les municipales des moyennes et grandes villes. Pour les Européennes, c’est en France un machin à recaser les seconds couteaux qui n’ont pas les premières places chez eux, compliqué d’un mode de calcul ubuesque destiné à sauver les intérêts des partis dans l’opération.
Mon opinion en résumé, c’est que la représentation : oui, la représentativité : non. L’important, c’est que les représentants écoutent et tiennent compte des représentés, pas forcément qu’ils leur ressemblent.