Et il vous a fallu tant et tant de lectures pour comprendre de telles trivialités que la plus analphabète des quadragénaires de l’Amazonie a comprises ?
Elle a compris toussa, mais à votre différence et à celle de Nietzsche, c’est clair, elle ne sait pas le dire. Et comme elle le sait sans l’avoir jamais appris, elle ne croit même pas à la nécessité de l’enseigner.
A mon sens, mais il est vrai que je ne prône pas le C/C, le mieux qu’une personne comme vous puisse faire n’est pas de jouer le docteur es pauvreté car il en a défilé déjà beaucoup d’aussi savants qui n’ont rien changé. Mais plus simplement de vivre la synthèse que vous en faites. La vivre personnellement et offrir alors à ceux qui vous entourent, et je ne parle pas de foules, un exemple de cas.
Alexandre Yersin n’a pas lu le dixième des livres que vous avez lus traitant de la pauvreté. Il n’a jamais eu l’idée de théser sur la pauvreté. Il a vécu simplement, parmi des gens pauvres et pratiquant l’échange qui n’humilie personne.
Il faut vraiment qu’on vous ait enfoncé dans le crâne que sans apprendre par coeur ce qu’en avaient raconté les maîtres diseurs (car c’est surtout par leur capacité à formaliser par l’écriture ou la parole leurs ruminations qu’ils se distinguent de la gueusaille) vous seriez incapable de comprendre quoi que ce soit à la vie pour être à ce point scotché aux Lumières et surtout, ça c’est très important, que vous seriez incapable d’avoir l’air d’un docteur.
Il y a cependant deux voies possibles à ceux qui se dédient à la parlote.
Il y a celle du psittacisme qui exige une ascèse à l’exégèse ; là on en sort avec le titre de docteur officiel ou quasi officiel.
Et il y a celle de l’improvisation, sans filets, sans références ; là on en sort sans aucun titre officiel mais on peut quand même faire la carrière de Besancenot ou de Bernard Tapie (François Pinault a quitté l’école à 16 ans, il est taiseux, il n’a carrément jamais lu Nietzsche mais de très pauvre, il est passé très riche parce qu’il est sérieux, a le sens des affaires et du relationnel discret)
Au fond, on aiderait déjà quelqu’un à échapper à la misère en parlant avec lui de tout, de rien, en acrobate de la rhétorique afin de le familiariser avec cette activité incroyablement lucrative par ici, pour qu’il devienne à son tour beau parleur à défaut d’être un génie des affaires.
Mais attention, quand on veut se lancer dans l’activité de parleur, le moindre bégaiement, zozotement ou accent bizarre est rédhibitoire. Ce n’est pas Eva Joly qui me contredira.
« »« » Le rôle de l’intellectuel est d’interagir avec son milieu, de contribuer selon sa vision propre à ouvrir des possibilités de sorties des pièges dans lesquels nous nous sommes embourbés « »« »
C’est fou ce que les intellectuels ont sauvé comme gens embourbés jusque là.
« »« » L’éloquence n’est pas un gage d’authenticité « »« »
Quand c’est une éloquence universitaire, elle est artificielle
Quand c’est une éloquence surgie de l’expérience de la vie, elle est authentique
« »« » prendre parole au nom d’une philosophie, appelle un minimum de sérieux et de conscience intellectuelle afin d’éviter de diluer cette parole dans la pensée unique. « »« »
Le mieux pour édifier une pensée unique au sein d’une masse consisterait à ce que nous nous enfoncions tous dans le crâne les mêmes deux ou trois bouquins.
Sujet par sujet, il est déjà assez difficile de dégager d’une époque donnée, d’un lieu donné, sa pensée unique ou au moins mainstream.
Là en ce moment, en France, sur la constitution de la dette, sur la libido de DSK, sur la taille de Sarko et encore deux ou trois autres détails, on peut détecter le mainstream mais c’est à peu près tout.
Alors tous sujets confondus, quelle est la pensée unique, je vous mets au défi de me la dire.
C’est précisément en prétendant, comme tout le monde, qu’il existe une pensée unique, que vous récitez la pensée unique. Là c’est sûr, vous ne choquez personne.
99% des Français affirment qu’il existe une pensée unique. Ce qui forme effectivement une pensée unique parfaite. Mais au-delà du sophisme, nul ne peut dire quelle est cette fameuse pensée unique.
« »« »« Dire ou faire selon l’air du temps pour plaire ou pour satisfaire le politiquement correct est œuvre de bouffonnerie »« »"
Je trouve que faire Professeur de religion islamique, communauté française de Belgique Conseiller en psychologie appliquée Master en sciences des religions est politiquement correct et tout à fait dans l’air du temps.
Vous savez qu’ici vous ne rencontrez pas de pauvres et que ce que vous en direz sera de l’entre-aisés et ne changera rien à leur sort. Vous n’êtes là que pour vous installer.
Allez, je vous raconte un dernier truc et je vous laisse tranquille.
Parmi mes aventures sur le sujet de l’aide à autrui, la plus renversante s’était produite avec des personnes atteintes de schizophrénies diverses.
Je ne saurais trop conseiller à ceux qui ont trop usé leur culottes sur les bancs d’école pour apprendre l’homme, de vivre quelques expériences concrètes avec eux dans un cadre privé, c’est très important, privé.
Bin oui, les schizophrènes sont très souvent très pauvres et ils ont plein de moments détendus lucides, voire extralucides. Et ils ne versent pas dans le politiquement correct, alors pourquoi ne pas les approcher ?