Donc, nous sommes des « râleurs »et des « dénigreurs »...
Donc certains économistes le sont aussi , comme Daniel Cohen, Fitoussi et bien d’autres, tous gauchistes, bien entendu. Un point de vue un peu plus nuancé (désolé pour le copier-collé, l’article n’est plus accessible gratuitement) :
L’année 2006 a été marquée par l’irrésistible ascension des rachats d’entreprises financés à crédit (LBO). La France en est le deuxième champ de manoeuvre européen Le débat s’engage sur la répartition des plus-values des fonds d’investissement Article paru dans l’édition du 16.01.07
"A l’occasion de ses voeux aux « forces vives » de la nation, Jacques Chirac a suggéré que les fonds d’investissement soient dans l’obligation de reverser aux salariés une part significative (par exemple 20 %) des plus-values réalisées à l’occasion d’une cession d’entreprise. Une proposition accueillie sans illusion. Pour autant, les propos du président de la République stigmatisent l’irrésistible montée en puissance de ces fonds dont le rôle a été révélé à l’opinion lors de la privatisation en 2005 de la Société nationale Corse-Méditerranée (SNCM) avec la prise de participation de Walter Butler, un énarque, dont la spécialité est d’investir dans la restructuration d’entreprise.
D’un côté, il y a beaucoup d’argent à la recherche d’une rentabilité plus élevée que celle offerte par le financement de la dette publique. De l’autre, des entreprises mises en vente par des actionnaires soucieux de s’en séparer - et donc des dirigeants qui ont besoin de capitaux pour les acquérir -, soit des PME à la recherche d’argent pour se développer. Or les banques, circuit traditionnel, sont particulièrement frileuses en France (quoi qu’elles en disent) dans le financement des PME. D’où le développement de ces fonds d’investissement, à la tête desquels on trouve souvent d’anciens patrons ou cadres supérieurs, qui se servent de leurs parachutes dorés pour lancer leur affaire. Sans toutefois pouvoir rivaliser avec les géants anglo-saxons du business que sont KKR (6,9 milliards de dollars d’investissements en 2006 dans 12 opérations totalisant 104 milliards de dollars de valeur d’entreprise), Carlyle (47 milliards de dollars en gestion, et 46 fonds dédiés), Blackstone (28 milliards de dollars investis dans 1 000 entreprises pesant quelque 158 milliards de dollars), qui ont mis sur pied des « méga-fonds » dont la puissance inquiète.
De plus, la mondialisation et ses outils permettent les montages les plus divers. Et l’on peut se demander si les nouveaux maîtres du capitalisme ne seront pas ces gérants de fonds, qui se donnent les moyens de prendre les commandes de leurs proies en dépistant les mercenaires les plus talentueux et les plus respectueux de leurs objectifs. En tout état de cause, les banques d’affaires aiment les fonds d’investissement. Freeman & Co (Conseil en stratégie financière et en fusions-acquisitions), estime que les commissions (« fees ») versées en 2006 par KKR s’élèvent à 837 millions de dollars.
L’essentiel est de trouver la pépite. Grâce à la technique du LBO (leveraged buy-out) - qui permet de racheter à crédit une entreprise avec une mise de fonds initiale limitée -, cette dernière peut se transformer en caverne d’Ali Baba. Le montage ne nécessite qu’un financement de 30 % à 40 % du prix d’acquisition. Le reste étant de la dette, financée sur les résultats de l’entreprise ou au moment de la revente. D’où la nécessité de valoriser ou de transformer en profondeur l’entreprise. Le management, obsédé par les impératifs de profits rapides afin de rembourser les dettes d’acquisition en moins de cinq ans, est intéressé financièrement. Du coup, le risque est grand de privilégier le court terme plutôt que le long terme. Favoriser l’actionnaire en risquant d’oublier le client. Il est évident aussi que le climat social dans l’entreprise s’en ressentira profondément. Pas étonnant que fonds d’investissement et prédateurs soient souvent assimilés.
La tentation d’appliquer la recette du contrôle de gestion assaisonné à la sauce restructuration peut faire des ravages. En 1981, un employé de Charles Jourdan, Robert Clergerie, crée son entreprise de chaussures de luxe, à Romans-sur-Isère (Drôme). Rapidement la maison se développe en ouvrant de nombreuses boutiques, aussi bien en France qu’à l’étranger (Tokyo, New York, Los Angeles, Madrid, Bruxelles, Londres...). En 1996, le fondateur cède le contrôle à une filiale de la Banque populaire, puis prend sa retraite. Mais au début des années 2000, la société connaît plusieurs années difficiles sur le plan financier. La chaussure, surtout quand elle est de luxe, exige passion et savoir-faire, difficilement compatibles avec l’obsession de la productivité. Robert Clergerie reprend les rênes de sa société en rachetant la quasi-totalité du capital début 2005. « Les investisseurs qui avaient pris le contrôle du groupe avaient financé cette acquisition par de la dette », et toutes les liquidités générées par la société passaient dans le remboursement, constate Jean-Louis Gony, président du directoire de Robert Clergerie. Un exemple parmi d’autres qui pointe les fragilités des mutations drastiques dans le management et la culture d’une entreprise.
La mondialisation nous a habitués, depuis quelques années, aux offres publiques d’achat (OPA), aux fusions-acquisitions, aux rachats d’entreprises. L’actualité donne tous les jours quelques exemples de l’appétit de ces financiers boulimiques - les fonds d’investissement, mais aussi les fonds spéculatifs (hedge funds) - qui, aujourd’hui, font trembler jusqu’aux groupes cotés. C’est bien KKR qui a racheté PagesJaunes à France Télécom. C’est le hedge fund américain Atticus qui est le deuxième actionnaire de la Deutsche Börse avec 8,97 % des actions, derrière le fonds spéculatif britannique TCI.
Des lunettes Afflelou aux PagesJaunes en passant par Europcar ou Skyrock... A l’image de ce qui se passe dans le reste du monde, l’année 2006 a été faste en France pour les fonds d’investissement qui ont désormais les moyens de s’offrir les plus grandes entreprises de la Bourse de Paris. A tel point que la France est, derrière le Royaume-Uni, mais loin devant l’Allemagne, le deuxième champ de manoeuvre européen de ces acteurs financiers.
Le « private equity » a donc de l’avenir. Les besoins d’investissement sont immenses sur la planète, et l’offre trop rare. Ce qui peut amener certains fonds à surenchérir, et donc à payer trop cher, ou encore à s’organiser et s’entendre pour faire baisser les tickets d’entrée. Le département américain de la justice commence à douter et les fonds d’investissement ont monté une association de défense de leurs intérêts !"
30/01 19:48 - JDCh
@ Wrendlinger réponse courte à une bonne question : le métier de base des banques est de « (...)
30/01 19:17 - Wrendlinger
« As usual » un bon article de votre part :-) J’aimerais seulement mettre en exergue un (...)
26/01 22:38 - hugues
l’article est intéressant car il permet de poser des chiffres. Mais la conclusion est (...)
26/01 01:31 - Forest Ent
« Les cas de conflit d’interet que SOX a eradiqué sont ceux du Commissaire Aux Comptes (...)
25/01 22:09 - JDCh
Les cas de conflit d’interet que SOX a erradiqué sont ceux du Commissaire Aux Comptes qui (...)
25/01 19:29 - Forest Ent
Nota bene : j’ai recopié l’article sur Bébéar parce qu’il prend pour une fois (...)
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