Cher monsieur John John, je n’ai rien contre les riches (je
pourrais ajouter « j’ai même de bons amis riches, figurez-vous » si
ce n’était pas l’appui habituel de la mauvaise foi) ; je ne suis même pas
choqué par les très hauts revenus quand ils résultent du travail et de l’ingéniosité,
et non d’un rapport de forces léonin. Comme disait Lionel Stoléru, le gâteau
social sort tout découpé du four économique, avec des parts inégales, et on y
peut peu. Et la question de la redistribution n’est pas en débat ici. Une fois
qu’on a défini le mode de calcul de l’impôt, quel qu’il soit, on peut décider
de ne l’affecter qu’à des services communs ou d’en affecter une partie à des
transferts sociaux qui vont corriger les inégalités. C’est une autre affaire.
Il s’agit seulement ici de savoir comment on répartit l’impôt ; et là, je
maintiens que l’impôt proportionnel prend au riche de son superflu et au pauvre
de son nécessaire. Je ne veux pas demander au riche de contribuer plus, mais
seulement autant : autant par rapport à ce qu’on pourrait appeler le
niveau de vie.
Martin T. dit fort justement ci-dessus que la richesse n’est
pas proportionnelle à l’argent. Ma seule nuance est que je ne parlerais pas de
pouvoir d’achat (notion qui a un sens particulier, désignant une grandeur qui
est bien proportionnelle au revenu, même si elle l’est aussi à l’indice des
prix), mais plutôt de niveau de vie. Il y a peut-être un terme encore meilleur :
je ne suis pas économiste et il faudrait leur demander.