Evidemment, on pourrait décider de fermer toutes les frontières, de
taxer très fortement les importations de produits finis et d’empêcher
tout individu qui ne soit pas un « local » de venir travailler dans le
territoire qui serait dès lors si bien défendu. Pour mémoire, on a déjà
connu des formes de protectionnisme de ce type dans les années 1930 qui
ont abouti en France sur une crise économique et sociale durable, et qui
ont permis en Italie et en Allemagne de faire prospérer les fascismes
qui faisaient croire à leur population que l’autarcie allait être
réalisée. Si on regarde plus à l’Est, la volonté autarcique, doublée de
la planification économique, a permis aux populations ouvrières de vivre
dans un confort tel qu’elles ont préféré renverser les régimes qui
étaient a priori à leur service après avoir tenté plusieurs fois de se
révolter sans succès.
Ne vous déplaise, c’est le libéralisme, c’est-à-dire la liberté
d’échanger des produits, des biens, des services, qui permet la
croissance économique. Vous ne vous en êtes peut-être pas aperçu - et
c’est bien dommage - mais le niveau de vie que nous connaissons
actuellement en Europe est bien supérieur à celui qui existait avant la
Seconde Guerre mondiale pour ne remonter que jusque là. Vous pouvez être
nostalgique des Trente Glorieuses. Pensez tout de même qu’il fallait
reconstruire toute l’Europe, ce qui ne pouvait que tirer la croissance
(à l’image de la Chine actuellement par exemple qui a un très fort
besoin d’équipement car le niveau de vie global de sa population reste
très bas). Depuis, la croissance est moins forte en Europe (fin des taux
de 5% par an pour « plafonner » bon an mal an autour des 2%), mais elle
existe toujours et ceci de manière continue.
Pour revenir sur votre exemple Aubade. Vous regrettez la
délocalisation de l’usine. Votre femme serait-elle prête à payer deux
fois, trois fois, dix fois le prix d’un sous-vêtement chinois pour lui
préférer la marque Aubade ? Faudrait-il délocaliser si les gens
achetaient des produits au prix du coût du travail européen ? J’aimerais
bien connaître la recette miracle des partis d’extrême droite au
service des travailleurs à ce sujet.
Pour suivre sur votre analyse, vous dîtes :
"Par contre les partis politiques nationalistes, appelés « d’extrême
droite », rejoignent les grands partis de droite quand ils sont
favorables à l’augmentation du temps de travail et à d’autres mesures
favorables aux entrepreneurs". On s’y perd un peut : si les
entrepreneurs sont les agents du capitalisme mondial et si les partis
d’extrême droite sont favorables à des mesures qui profitent aux
entrepreneurs, en quoi ces mêmes partis peuvent-ils être favorables aux
« intérêts des populations locales », incompatibles selon vous avec la
mondialisation ?