Je n’aurais pas parlé du camp d’Auschwitz si l’anniversaire de sa
libération n’avait coïncidé avec un rassemblement dansant de gens
pour qui tout cette affaire n’est qu’un « détail ». Si vous
trouvez qu’il est « malsain » de ne pas accepter de
passer l’éponge sur cette manière de commémorer et si elle
constitue aussi pour vous un détail, je comprends mieux la suite de
votre intervention.
Le « fait des 500 signatures » n’est une « entrave
à la démocratie » que depuis peu de jours. Il a bien dû y
avoir quelques protestations aux précédentes élections mais la
chose n’a jamais pris de pareilles proportions. Toute la classe
politique volant au secours du FN en 2012, c’est quand même quelque
chose qui m’inquiète concernant la démocratie, justement, et plus
encore le fait que plusieurs millions de Français aient été
induits depuis plus de vingt ans, par une publicité tout à fait
perverse, à trouver des grâces à une idéologie aussi détestable.
Mais pendant qu’on assurait la promotion de ces idées, il est vrai
qu’on s’acharnait aussi à détruire l’instruction publique. Ceci
explique peut-être cela.
En ce qui concerne l’histoire allemande, ce n’est pas le pourquoi
qui m’intéresse ici, mais seulement le fait bien réel et
indubitable qu’on soit passé de la république de Weimar au nazisme
avec une très large approbation du peuple. Pour tous les historiens,
il y a là une tragédie, la même qui les intéressera aussi
lorsqu’il s’agira d’étudier l’illusion lyrique du printemps arabe.
Là encore, les media portent une lourde responsabilité : la suite
était plus que prévisible mais on a préféré crétiniser les
masses occidentales et se crétiniser soi-même (je parle cette fois
des gouvernants) lorsqu’on a créé en Libye, par une politique de
gribouille, les conditions d’une situation anarchique incontrôlable.
Si vous trouvez enfin dans ma prose quelque chose qui soit de
l’ordre du populisme et témoigne d’une sympathie pour les idées du
FN, je veux bien être coupé en six morceaux et pendu !