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Commentaire de deka

sur Toutes les civilisations ne se valent pas... Evidemment !


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deka 11 février 2012 12:43

@ Kader Hamiche

Votre dernière intervention présentant un résumé de l’histoire de l’Algérie et de la colonistion est très intéressante. Elle est pratiquement mienne à quelques nuances près. Nous avons donc ceci en commun de présenter une analyse historique au plus proche de la vérité, celle qui finira par prévaloir, mais aujourd’hui très politiquement incorrecte. Donc ce que nous pouvons espérer récolter aujourd’hui ce sont les lazzis, en règle les plus discourtois possibles, des tenants de la vérité historique « officielle ».
 à propos de l’Algérie d’avant 1830 et de sa capacité à être gouvernée par les « algériens » je conseille à Kerjean de lire (on les trouve numérisés sur internet) les ouvrages écrits AVANT 1830 quand la question de la conquête ne se posait pas : Lire Shaw consul anglais à Alger, Schaller ; consul américain à Alger (très critique sur la politique de la France en Algérie avant 1830) lire Laugier de Tassy, lire Desfontaines, lire la correspondance de la chambre de commerce de Marseille, lire la correspondance des deys, celle des consuls de France. En chechant bien on trouvera des ouvrages plus anciens dont des traductions d’auteur arabes des 13 et 14 ème siècle.
Après ces lectures, on dira je pense, moins d’inepties sur la situation de l’Algérie avant 1830.
Pour les 30% d’algériens tués pendant la conquête, taux qui ne cesse d’augmenter avec le temps (on dépasse maintenant le million de morts), je ne vais pas non plus argumenter pour dire « d’où sort ce chiffre », trop long, mais une fois de plus quand on lit Shaller et Shaw, presque contemporains de cette époque, je parle des années 1820, on se demande comment la conquête a fait pour tuer des gens qui n’existaient pas : Schaller estime la population d’Algérie à moins d’un million, Shaw la situe autour de 1.5 million. Mais si on considère que 80% de cette population était rurale, et qu’on additionne le nombre d’habitants que Shaw indique pour chaque ville, puis qu’on fasse une règle de trois, le compte n’y est pas.

Pour Kader Hamiche j’ajoute en commentaire de son intéressant texte historique que l’Algérie est devenue française par hasard. Ce fut la conclusion de mes recherches historiques sur le sujet. Je ne vais pas argumenter ici sur quels éléments reposent cette conclusion, ce serait trop long, pour seulement dire que ce n’est pas sans satisfaction que j’ai lu dans le préambule du senatus consulte de 1865, celui qui accordait sans condition la citoyenneté française à ceux des algériens qui la demanderaient, cette phrase : « L’Algérie est devenue française par hasard. ».
Ceci m’a fait écrire un jour à un ami algérien : « Il faut croire qu’Allah à voulu que l’Algérie devienne française, imposant cette épreuve aux algériens pour leur faire prendre conscience qu’ils constituaient une nation. » Car c’est vraiment par un sort « funeste » peu commun que l’Algérie est devenue française, dont un des éléments le plus paradoxal est Abd El Kader lui même : sans sa menace directe quand il faillit reprendre Alger on en serait resté à la notion de conquêtre restreinte qui se serait terminée par la victoire des partisans du camp de l’abandon de l’Algérie à son sort. Bugeaud, un des plus chauds partisans de cet abandon est celui là même qui entreprit la « vraie » conquête : encore un paradoxe. Rappelons (ou précisons pour ceux qui l’ignorent) qu’Abd el Kader devint par la suite un fervent admirateur de la France, et que depuis Constantinople, il désavoua les révoltes, en particulier celle de son neveu.

Quant aux harkis, leur condamnation au ban d’infamie est très injuste. J’espère qu’un jour l’histoire leur rendra raison. Il ne pouvait y avoir d’autre destin pour l’Algérie que l’indépendance. Aujourd’hui c’est évident, mais dans le contexte de l’époque, là bas, ca ne l’était absolument pas. Oui, des algériens ont cru à la sincérité du discours humaniste de la France, parce que ce discours était crédible, n’en déplaise à l’histoire officielle actuelle. Ferrat Abbas lui même, avant de tirer les conclusions du refus de la France de saisir la main amicale qu’il tendait, a pensé et écrit que l’avenir des algériens ne pouvait passer que par la France.

S’il me fallait faire une seule citation sur l’histoire coloniale française en Algérie ce sera celle d’une jeune algérienne de 1958, millitante active du FLN, peut-être poseuse de bombe, en tout cas plus qu’une sympathisante, qui en 1958 à Alger était la maîtresse d’un colonel français. Encore une fois apparaît donc la complexité de l’âme humaine et ses répercussions « coloniales ». Assitant aux fraternisations de mai 1958, pour une fois elle abandonne la dialectique politique officielle du discours du FLN et dit à son amant : « C’est une histoire d’amour qui finit mal. » (témoignage rapporté dans « Bataillon RAS » de Jean Pouget.)

Oui la colonisation française en Algérie, c’est une histoire d’amour qui finit mal. Mais les fils d’amiiés entre pieds noirs et algériens, un temps distendu, se sont renoués. Mon grand père, avec son meilleur ami arabe, et aussi pauvre que lui, volait du blé pour avoir de quoi vivre. Mon père, orphelin de guerre a toujours considéré cet arabe comme un « oncle » me disant aussi pauvre était cet arabe pourtant pour le gamin que j’étais il avait toujours une petite pièce ou une friandise.. Mon père, devenu officier de carrière, a correspondu jusqu’à ce que la mort les sépare, avec son meilleur ami arabe et avec son adjoint arabe, en qui il avait une confiance absolue, bien qu’il avait clairement dit son choix pour le FLN ajoutant « mais je porte un uniforme et aussi longtemps que je le porterai, je ne le trahirai pas. » Je correspond avec mon meilleur ami de classe algérien, dont déjà à l’époque le choix pour l’indépendance était clair. Salut Belaïd si tu passes par là.

Enfin Kader Hamiche trouve que le sujet part en vrille. Je ne connais pas un seul forum d’opinion où les choses ne se passent pas ainsi. Pour le psychanalyste en formation que je suis, c’est particulièrment intéressant : voilà un matériel extraordinaire pour étudier l’inconscient humain. (c’est la seule raison d’ailleurs qui me fit venir ici et si je suis intervenu, c’est pour ceci, d’assez extraordinaire sur le plan psychanalytique. Kerjean écrit :

Est ce que quelqu’un peut imaginer la phrase suivante :

« Mon père, qui aura 88 ans demain et qui fut milicien pendant 3 ans et 9 mois, répète à qui veut l’entendre, à propos de son engagement en 1941 : »Nous avons combattu pour que l’Allemagne reste en France, parce que nous savions que les Français (pris au sens générique, autrement dit les peuples de langue française, y compris le Breton qu’il est) étaient incapables de la gouverner. Si c’était à refaire, je le referais"

Sauf que kader Hamiche n’a pas écrit ça. Lapsus plus qu’intéressant sur le plan psychanalytique (en psychanalyse un lapsus est un acte venu de l’inconscient échappant à la censure de sa propre morale (du surmoi), d’autant plus que, erreur de date corrigée, le 8 mai 1945 certains Kabyles ont manisfesté à Sétif avec les violences que l’on sait, leur déception de voir Hitler vaincu. L’écoute psychanalytique s’attache aux associations d’idées (sens apparent <->sens caché) : là elles sont évidentes et on ne peut plus intéressantes.


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