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Commentaire de easy

sur Déclin intellectuel et dictature de la pensée en France : reviens, Voltaire !


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easy easy 14 février 2012 16:39

Je n’interviens que sur cette seule phrase

«  »« Selon Nemo, cette loi ferait régresser le droit pénal en deçà d’Abélard, un droit qui punit des propos avant même qu’ils ne causent des torts et sans qu’on puisse établir avec certitude qu’ils puissent en causer (pour rappel, le droit français impose à l’accusation d’établir avec certitude la preuve du délit)  »«  »"

Notre ami Bernard ayant repris cette assertion -très pertinente à mes yeux- de Nemo, j’imagine qu’il la comprend sur le point d’Abélard.
Comme je suppose qu’il s’agit bien de Pierre Abélard et qu’il est invoqué en sa qualité de philosophe, comme je connais peu le nominalisme et même son conceptualisme en son rapport avec cette assertion, j’apprécierais qu’il nous l’explicite.

 

En attendant et nonobstant Abélard :

«  »«  » un droit qui punit des propos avant même qu’ils ne causent des torts et sans qu’on puisse établir avec certitude qu’ils puissent en causer «  »"

Ce principe dogmatique étant en jeu en ce moment, par exemple avec le cas de ce jounaliste saoudien qui a été arrêté pour avoir conversé insolemment avec Allah, il me semble très à propos d’en parler.

Mais d’emblée il ressortirait que serait déterminant du mal-proposé et donc de la condamnation, l’établissement du mal-accompli (a fortiori si le mal-proposé se situait clairement hors-la-loi)
Or comment évaluer la réalité de ce mal accompli au regard de cette vidéo où l’on voit un imam chialer en public dans l’heure qui suit en démontrant alors qu’il est traumatisé par ce qu’a tweeté ce jeune journaliste ?

Suffit-il de chialer comme il l’a fait pour établir l’accomplissement du mal-proposé ?
Chialer prouve-t-il qu’on a été traumatisé à mort et qu’il faut donc punir le mal-proposant par la mort ?

Est-ce que cet imam est vraiment traumatisé ou joue-t-il la comédie ?

Et s’il l’est vraiment, l’est-il en raison de la liberté du journaliste ou l’est-il en raison de sa propre rigidité, de son propre fanatisme voire de son seul rôle attendu en sa position religieuse « Je me montre traumatisé parce que je dois montrer que je le suis sinon je perds toute crédibilité. Que vaudrait mon autorité extrémiste si je ne sanglotais pas à la moindre incartade » ?


Comment juger de la culpabilité ou plus exactement de la hauteur de la faute de ce journaliste dans un tel contexte où le tort est si facile à établir, où il est si facile de jouer le « mortellement blessé » ?

Et encore, là, l’imam n’a fait que chialer. Mais s’il s’était publiquement suicidé en affirmant que c’était par traumatisme, ce journaliste serait-il vraimen,t responsable d’un tel fanatisme ?


Il existe un élément de réponse à cette très difficile question mais elle laisse alors les philosophes sur le banc de touche. Car cet élément est fourni par le seul temps, par les jours, les semaines, les années qui passent.

Si dix ans après ses brûlots, il s’avère que Salman Rushdie n’a empêché personne de vivre, de faire l’amour, d’étudier, de boire, de faire du vélo, de manger des pommes, alors sa faute n’est pas grande et ne vaut certainement pas crime mortel comme certains l’avaient prétendu.

(Et concernant Abélard en ce qu’il était homme amoureux, on se demande bien à qui il aura fait du mal valant tant de tortures)
 


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