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Accueil du site > Actualités > Société > Déclin intellectuel et dictature de la pensée en France : reviens, Voltaire (...)

Déclin intellectuel et dictature de la pensée en France : reviens, Voltaire !

La France des années 2010 ressemble de moins en moins à la France des Lumières et des libres penseurs occidentaux du 19ème siècle, qu’ils soient allemands, anglais ou français. Tel est le sévère constat tracé par Philippe Nemo qui dans un court essai, entre analyse et pamphlet, nous confie qu’il ne reconnaît plus le grand pays intellectuel que fut la France il y a quelques décennies (La régression intellectuelle de la France, Texquis, 2011). En spécialiste de la pensée libérale et de la philosophie politique, Nemo fonde ses conclusions sur une analyse très fine des lois votées par le Parlement qui, sous prétexte de protéger la mémoire et les communautés, interdisent, pour ne pas dire censurent, des propos qui pourtant, bien que pouvant choquer, ont toute leur place dans le débat public. La loi Gayssot est visée, servant d’illustration édifiante à une ambiance d’époque assez bien croquée par l’auteur qui voit l’émergence d’une censure généralisée de l’exposé de certains sujets qu’il ne faut pas aborder et qui font prendre à celui qui s’y engage le risque d’être sévèrement condamnée par la juridiction. Naïfs que nous sommes en tant qu’honnêtes citoyens, nous trouvons en général que ces lois interdisant des tas de propos « méchants » participent d’une bonne intention et d’une paix républicaine. Or, ces lois représentent une régression des libertés et c’est l’intérêt de cette étude sur les « lois censurielles » que de nous alerter sur un « esprit contemporain » qui tend de plus en plus à façonner le paysage intellectuel tout en contraignant quelques thèmes sensibles à être exclus du débat public.

La loi du 29 juillet 1881 régit la liberté d’expression dans la presse depuis plus d’un siècle. Elle est considérée comme fondatrice, héritière des combats pour la liberté menés pendant des décennies, tout en étant interprétée comme une émanation de la déclaration de 1789, date symbolique qui comme le souligne Nemo dans d’autres publications, se démarque de 1793, symbole de la terreur et de la dictature jacobine. Cette loi de 1881 établit le pluralisme des opinions publiques, interdisant uniquement les propos susceptibles de nuire à la dignité des personnes ou à l’ordre public. Sont proscrites, la diffamation, l’injure et l’incitation à l’émeute. D’après Nemo, un premier coup de canif à cette loi fut apporté en 1972, sous le gouvernement Chaban, par la loi Pleven interdisant, au nom de la lutte contre le racisme, l’incitation à la haine. L’auteur insiste sur quelques détails et Dieu sait si le diable est logé dans les détails. Notamment le fait que la haine ne soit pas un acte mais un sentiment, lié à l’intériorité. De plus, on se demande comment établir avec certitude un supposé effet incitatif. Selon Nemo, cette loi ferait régresser le droit pénal en deçà d’Abélard, un droit qui punit des propos avant même qu’ils ne causent des torts et sans qu’on puisse établir avec certitude qu’ils puissent en causer (pour rappel, le droit français impose à l’accusation d’établir avec certitude la preuve du délit)

Ce « droit censuriel » va plus loin puisqu’il accorde à des associations dûment estampillées par l’Etat la possibilité de saisir la justice pour instruire un procès contre ceux dont les propos « suintent » le racisme ou l’antisémitisme. Comme le fait justement remarquer Nemo, ces associations ne sont ni des victimes, ni des représentants du ministère public. Cette étrangeté du droit français permet à ces associations d’être les auxiliaires d’une police de pensée qui au bout du compte, finit par devenir arbitraire (ou contingent, par opposition à nécessaire), à la fois par l’aspect sectoriel, voire sectaire, idéologique, de ces associations mais aussi par les difficultés qu’on les magistrats à évaluer s’il y a racisme ou antisémitisme. A la limite, tout énoncé contenant le mot « juif », « arabe », « noir » et maintenant « homo », « handicapé », devient potentiellement suspect. Ce dispositif judiciaire ressemble à un tribunal d’inquisition comme ceux du Moyen Age où les contrevenants devaient prouver qu’ils pensaient conformément à la loi théologale. Plus tard, l’inquisition traquera les sorcières et là aussi, il sera question de déceler l’impureté pour la chasser de la société. Comme l’avait bien analysé Malebranche, plus on traque la sorcellerie, plus on trouve le malin. Et donc, plus on cherche le racisme ou les insinuations impures, plus on finit par les trouver. On peut faire confiance à ces associations dont on comprend maintenant les excès. Nemo ne dit pas que le racisme est bien, il dit même le contraire, que c’est mal ; mais c’est au débat public qu’il convient de lutter contre les opinions racistes et non pas dans les tribunaux saisis par des « groupes idéologiques ».

L’expression publique encadrée par ces lois produit ainsi de l’insécurité juridique et pervertit le métier de juge. Insécurité pour ceux qui veulent discuter de sujets sensibles et qui se demandent si le propos risque de les conduire devant les tribunaux, avec des amendes fixées par l’arbitraire de juges qui ne sont pas formés pour apprécier le degré de racisme d’un propos. Les magistrats ne connaissent ni l’Ethique d’Aristote, ni la Somme théologique, ni les fins détails de l’Histoire contemporaine et pourtant, ils sont amenés parfois à dire s’il est bien de vanter la colonisation et de penser que les peuplades colonisées étaient dans un statut de minorité. Et Nemo de poursuivre avec les lois contre la discrimination dont les effets seraient contraires à leur objectif, puis de constater que ces textes de loi sont adaptés à des censeurs dont les motivations sont presque religieuse, ce qui nous éloignerait de la laïcité moderne. Cette thèse se tient, d’aucuns ayant pointé les droits de l’homme comme le ressort d’une nouvelle religion contemporaine. L’irrationnel, le mythe et l’émotionnels ont supplanté les discussions rationnelles et les journalistes sont devenus des incapables, peu qualifiés, culturellement déficients et surtout peu désireux d’instruire avec raison et argument des débats sur des sujets sensibles.

La charge est terrible mais efficace. Sont visés les cercles maçonniques où règnent les idéologies exclusives, les pédagogues de l’ère mitterrandienne qui ont propulsé l’école produisant des crétins et celle religion de gauche qui tel un clergé sans théologie, s’arroge la légitimité de dire le bien et le mal. On pourra reprocher à Nemo d’être lui aussi idéologiquement orienté. C’est possible mais le diagnostic sur la perte de sens et de liberté dans les débats publics est recevable. Les intellectuels de gauche lui mettront sans doute l’étiquette de nouveau réactionnaire, au côté d’Eric Zemmour, de Natacha Polony et d’Alain Finkielkraut. Mais l’attaque sera stérile car ces intellos de gauche semblent oublier que Nemo regrette la loi de 1881 qui elle, fut voté contre les conservateurs de droite. C’est dire si l’univers des valeurs est confus en cette période troublée. Ce petit livre sur la régression intellectuelle est efficace et édifiant car axé sur un point précis où l’on voit l’évolution des débats publics depuis trois décennies et la police de la pensée en œuvre. On dirait deux photos d’une station balnéaire prises à 50 ans d’intervalle. Les zones côtières bétonnées, comme certains sujets sensibles livrés à la police de la censure. La récente loi sur la négation des génocides en est aussi une illustration, bien qu’elle n’apporte rien de nouveau après la loi Gayssot. Mais cette fois, on ne reprochera pas à la gauche d’en être la responsable puisque cette loi a été voté par les députés des deux camps et proposée par un gouvernement de droite. On peut aussi souligner la censure des médias pratiquée au temps de l’ORTF et rendre justice à Mitterrand pour avoir ouvert l’espace radiophonique, promesse d’une espérance dans la diffusion de l’expression à une époque où l’école commençait à produire des individus inaptes à l’expression.

Le résultat dans les années 2000, c’est qu’on ne débat plus mais qu’on intime à la pensée de se conformer à différentes doxa sous peine d’être anathémisé, voire excommunié. C’est ce qui arriva à Sylvain Gouguenheim dont la thèse sur la transmission des savoirs pendant le Moyen-Age arabo-musulman a suscité une sorte d’inquisition, les intellos de ce cirque expiatoire mélangeant le volet strictement scientifique, à savoir la philosophie au Moyen-Age, et le contexte idéologique de notre époque tendue. Si bien que l’intéressé fut accusé d’alimenter le choc des civilisations. Comme si la complexité des problèmes sociaux devait faire tâche sur le débat scientifique accusé de jeter de l’huile sur le jeu, alors que la réalité est toute autre et que le libre examen et la discussion sans haine ni anathème sont de nature à faire émerger les solutions possibles. Quand une thèse est infondée, la puissance de l’argumentaire savant est capable de la déconstruire et les pétitions sont inutiles. J’ajouterai que la police de la pensée a joué aussi dans le débat sur l’intelligent design au point que les « autorités savantes » de la science officielle interdisent l’examen des thèses proposées, et que la meute se jette sur un livre qui n’a même pas été lu et qui a attendu plus de 10 ans pour être traduit. C’est exactement ce qui est arrivé à Gouguenheim. Les membres du tribunal inquisitorial l’on condamné, signant force pétitions, sans avoir lu ni étudié l’ouvrage. Nous vivons une époque de déclin intellectuel. Un temps de chiens. Il faut aboyer, contre les uns, les autres, contre la psychanalyse comme nous convie à le faire Michel Onfray qui ne doit pas être mécontent que cette discipline soit dans le collimateur d’un député intimant à l’université de ne plus enseigner l’autisme dans un contexte freudien. Onfray, ce gars qui se prétend libre penseur et libertaire est en fait un libre censeur !

Quand la liberté de pensée est une et indivisible, alors elle se partage

La liberté d’expression est universelle, elle vaut pour tous, sinon elle ne vaut rien

(Bernard Dugué)


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38 réactions à cet article    


  • antonio 14 février 2012 10:25

    Je n’ai pas lu ce livre mais ce que vous en dîtes le fait paraître fort intéressant...
    Hélas, oui ! régression intellectuelle, police des « bonnes moeurs de la pensée », formatage et
    « prêt à penser », censure qui pénètre insidieusement les cerveaux ( bien des gens n’osent plus s’exprimer de peur d’être classés dans les « politiquement incorrects »), éléments de langage diffusés par par de pauvres hères au quotient ineffablement bas...baisse catastrophique du niveau de français dans les études, ....sommes-nous en marche vers un nouvel obscurantisme ?


    • Sylvain Reboul Sylvain Reboul 14 février 2012 10:29

      Le liberté d’expression publique est comme toute liberté civile soumise à des limites qui sont celles de la démocratie libérale, qui comme tout régime politique doit de se défendre contre ses ennemis que sont le racisme, le sexisme, ’appel à la haine active, qui ne sont plus des idées mais des actes etc...

      Quant aux lois dites mémorielles il faut distinguer celles qui ne font qu’appliquer un jugement de génocide établi selon des procédures de droit international de celles qui ne sont que des condamnations politiques, voire politiciennes.


      • robin 14 février 2012 10:45

        Il n’y a rien à distinguer dans les lois mémorielles, laissons l’histoire aux historiens, la physique aux physiciens etc....ça n’est pas aux députés de dire l’histoire ou tout autre chose qui relève d’une discipline technique ou scientifique reconnue.

        Sinon demain c’est le retour assuré à l’inquisition avec les moyens du 21e siècle, c’est à dire un « meilleur des mondes » en pire !


      • Sylvain Reboul Sylvain Reboul 14 février 2012 14:25

        Ceux qui prétendent que le racisme public n’est pas un danger pour les droits démocratiques des citoyens, énonce une affirmation tout simplement vide de sens., car c’est une contradiction logique. Une liberté sans règle de droit visant à protéger les citoyens des abus tue les libertés. Cela vaut aussi pour la liberté d’expression.

        La liberté absolue est absolument liberticide.


      • lulupipistrelle 14 février 2012 16:04

        Ha ha ha .. 

        Et bien non Monsieur Reboul, la Liberté doit être la règle, et la Loi l’exception.

        Tout votre catéchisme du pauvre n’y pourra rien. Ce qu’on ne peut pas dire publiquement, on le déballe en privé... et je suis effarée par l’évolution des propos depuis 20 ans. Toutes ces lois ont été contre-productives. 

      • lulupipistrelle 14 février 2012 16:16

        Le racisme public, un danger ? 


        En tout cas, ce qui est certain, c’est que le racisme privé lui se porte bien, se propage même pas insidieusement ...
        Merci les imbéciles qui l’ont créé de toute pièce avec leur arsenal d’interdits.
        Quant aux actes qui en découlent, on mettra un certain temps à les repérer, surtout s’ils ne perturbent pas l’ordre public...mais procèdent de choix individuels et systématiques... 

      • Pierre Régnier Pierre Régnier 14 février 2012 19:09

        @ Cara Vanserail

        Vous voulez sans doute parler de « l’antiracisme » avec des guillemets ? 

        De cet « antiracisme » pratiqué par des associations touchant des subventions prélevées sur les impôts du peuple, et dont les dirigeants n’ont aujourd’hui plus aucune morale.

        Des textes contre cette monstrueuse déviance il me semble bien en avoir déjà lu sur Agoravox, mais ce n’était peut-être pas des articles, seulement des commentaires.

        On peut en lire beaucoup, en tous cas, de tels articles, sur Riposte Laïque. 

        Cet excellent site que les antiracistes à indignation très sélective cherchent justement, en ce moment, à faire, comme vous dites, « embastiller ».
         




      • Pierre Régnier Pierre Régnier 15 février 2012 08:09

        @ Cara Vanserail

        Même si je maintiens mes guillemets je crois que nous sommes d’accord sur le fond.

        Et j’ai lu les deux textes proposés plus bas à Agoravox par Martin. Ils constituent bien ce que vous souhaitez dans votre Post Scriptum du 14 à 13 h 01 : "un article à propos de l’antiracisme en tant qu’ennemi de la Nation et du peuple"


      • Francis, agnotologue JL1 14 février 2012 11:10

        Bonjour,

        je lis : "En spécialiste de la pensée libérale et de la philosophie politique, Nemo fonde ses conclusions sur une analyse très fine des lois votées par le Parlement qui, sous prétexte de protéger la mémoire et les communautés ...« 

        C’est quoi, un spécialiste de la pensée libérale ? L’un de ses adorateurs ? Ou bien l’un de nos plus fins lanceurs d’alerte : »Le libéralisme économique préside tous les imaginaires’ (Edouard Glissant)

        S’il y a une pensée qui impose sa dictature aujourd’hui, c’est la pensée unique, la pensée dite libérale, je devrais dire la non pensée intégrale qu’est le libéralisme, et qui a corrompu toutes les instance de pouvoir démocratiques et imposé ses instances libérales : OMC, UE, BCE, FMI.


        • Maurice Maurice 14 février 2012 11:12

          Bonjour Monsieur Dugué,

          merci pour cet article, un vrai plaisir à lire. Effectivement cette police de la pensée fonctionne à plein régime. L’histoire décrétée officiellement par l’Etat n’est elle pas une caractéristique propre des régimes totalitaires ? 


          • Eric de Trévarez 14 février 2012 14:26

            Les trois seules valeurs actuelles, reconnues, consacrées et supposées démocratiques par excellence, sont l’utilitarisme, le progrès et la modernité. Tout ceci dans un contexte de foi naïve et religieuse, dans un sens de l’histoire. La nébuleuse juridique, policière et inquisitive, comme veilleur de nuit, est là pour nous accompagner et nous encadrer dans ce projet politique de construction d’un monde meilleur où les trois colonnes, de l’utilitarisme, du progrès et de la modernité, supportent le temple bancal de la pensée, devenue unique...


            • Pierre Régnier Pierre Régnier 14 février 2012 15:33

              Mais le déclin n’est pas fatal, et à ce propos je signale :

              Jean-Paul Orcel, l’auteur de SOS ma France  ( qu’on peut écouter ici :

              http://www.youtube.com/watch?v=RCRKqxTR5Qk )

              vient de mettre en ligne un nouveau coup de Gueule :

               

              LES RESISTANTS

               

              On peut l’écouter ici :

              http://www.youtube.com/watch?v=9VYXnj51gNE

              ou sur le site de l’auteur compositeur ici :

              www.jeanpaulorcel.net


              • Maître Yoda Castel 14 février 2012 16:10

                D’accord avec l’article, cependant, il y a des choses qui me paraissent encore plus fallacieuses que les lois mémoriels et la loi de la meute bien pensante dans le domaine scientifique. Par exemple, le fait que l’on trouve quasiment « normal » que MLP ne récolte pas les 500 signatures, alors que son père les a eu pour l’élection de 2002 et 2007 me parait une véritable manipulation. On influe sur le peuple pour qu’ils perdent leur bon sens.


                • verdan 15 février 2012 03:09

                  Bonjour TLM

                  Très bon en effet . Merci


                • easy easy 14 février 2012 16:39

                  Je n’interviens que sur cette seule phrase

                  «  »« Selon Nemo, cette loi ferait régresser le droit pénal en deçà d’Abélard, un droit qui punit des propos avant même qu’ils ne causent des torts et sans qu’on puisse établir avec certitude qu’ils puissent en causer (pour rappel, le droit français impose à l’accusation d’établir avec certitude la preuve du délit)  »«  »"

                  Notre ami Bernard ayant repris cette assertion -très pertinente à mes yeux- de Nemo, j’imagine qu’il la comprend sur le point d’Abélard.
                  Comme je suppose qu’il s’agit bien de Pierre Abélard et qu’il est invoqué en sa qualité de philosophe, comme je connais peu le nominalisme et même son conceptualisme en son rapport avec cette assertion, j’apprécierais qu’il nous l’explicite.

                   

                  En attendant et nonobstant Abélard :

                  «  »«  » un droit qui punit des propos avant même qu’ils ne causent des torts et sans qu’on puisse établir avec certitude qu’ils puissent en causer «  »"

                  Ce principe dogmatique étant en jeu en ce moment, par exemple avec le cas de ce jounaliste saoudien qui a été arrêté pour avoir conversé insolemment avec Allah, il me semble très à propos d’en parler.

                  Mais d’emblée il ressortirait que serait déterminant du mal-proposé et donc de la condamnation, l’établissement du mal-accompli (a fortiori si le mal-proposé se situait clairement hors-la-loi)
                  Or comment évaluer la réalité de ce mal accompli au regard de cette vidéo où l’on voit un imam chialer en public dans l’heure qui suit en démontrant alors qu’il est traumatisé par ce qu’a tweeté ce jeune journaliste ?

                  Suffit-il de chialer comme il l’a fait pour établir l’accomplissement du mal-proposé ?
                  Chialer prouve-t-il qu’on a été traumatisé à mort et qu’il faut donc punir le mal-proposant par la mort ?

                  Est-ce que cet imam est vraiment traumatisé ou joue-t-il la comédie ?

                  Et s’il l’est vraiment, l’est-il en raison de la liberté du journaliste ou l’est-il en raison de sa propre rigidité, de son propre fanatisme voire de son seul rôle attendu en sa position religieuse « Je me montre traumatisé parce que je dois montrer que je le suis sinon je perds toute crédibilité. Que vaudrait mon autorité extrémiste si je ne sanglotais pas à la moindre incartade » ?


                  Comment juger de la culpabilité ou plus exactement de la hauteur de la faute de ce journaliste dans un tel contexte où le tort est si facile à établir, où il est si facile de jouer le « mortellement blessé » ?

                  Et encore, là, l’imam n’a fait que chialer. Mais s’il s’était publiquement suicidé en affirmant que c’était par traumatisme, ce journaliste serait-il vraimen,t responsable d’un tel fanatisme ?


                  Il existe un élément de réponse à cette très difficile question mais elle laisse alors les philosophes sur le banc de touche. Car cet élément est fourni par le seul temps, par les jours, les semaines, les années qui passent.

                  Si dix ans après ses brûlots, il s’avère que Salman Rushdie n’a empêché personne de vivre, de faire l’amour, d’étudier, de boire, de faire du vélo, de manger des pommes, alors sa faute n’est pas grande et ne vaut certainement pas crime mortel comme certains l’avaient prétendu.

                  (Et concernant Abélard en ce qu’il était homme amoureux, on se demande bien à qui il aura fait du mal valant tant de tortures)
                   


                  • Taverne Taverne 14 février 2012 16:49

                    « droit censuriel ». C’est pire que cela, c’est du droit concensuriel« .

                    Regardez Bayrou qui évoque une possible aide des partis pour les 500 signatures de Le Pen. Valls sort aussitôt une tirade édulcorée du fameux réflexe socialiste consistant à stigmatiser des propos par la fameuse référence »aux relents nauséabonds des heures les plus sombres de notre Histoire". Combien de commentateurs ne se sont-ils pas vu balancer cette injure sur la base de la mauvaise foi ?


                    • Jojo13 14 février 2012 17:19

                      Je n’ai pas le temps de développer un long discours, mais le livre cité à l’air très intéressant et peut aider au retour du bon sens.

                      Sans doute faudrait-il étudier le rôle occulte des franc -maçonneries dans le déclin des libertés ?


                      • Suldhrun Suldhrun 14 février 2012 18:30

                         Le bonjour Dugue

                         Nous habitions la même ville , et de même école aussi . 

                         De toi , je voulais être proche .

                         La même escadrille ....

                         O mon camarade

                         quand , je t attendais l image légère , je t admirais , te croyant audacieux .

                         o mon grand camarade , envers les chemin creux .

                         Dans notre école , des monts déchaines , ......

                        Suldrun

                         


                        • Martin sur AgoraVox Martin sur AgoraVox 14 février 2012 19:46

                          Désormais, en France, on en est arrivé à un point où il faut beaucoup de courage pour signer un livre qui dénonce la censure. Car effectivement celui qui ose demander la liberté d’expression est stigmatisé par les gardiens de l’ordre bien-pensant.

                          Quel devrait être le cadre de la liberté d’expression ?

                          Tout d’abord : la liberté d’expression est la condition première de la démocratie véritable.

                          La liberté d’expression ne signifie pas qu’on a d’office le droit de tout dire. Par exemple la liberté d’expression n’autorise pas la vulgarité et les insultes. La liberté d’expression concerne uniquement les opinions. La liberté d’exprimer les opinions, quelles qu’elles soient, est nécessaire pour garantir que les règles législatives pourront toujours être librement proposées aux citoyens par les citoyens.

                          Illustrons ce concept de la liberté d’expression des opinions par un exemple. On n’a pas d’office le droit de diffuser la pornographie de même que sa diffusion n’est pas d’office interdite. Mais on a le droit d’exprimer et de propager la conviction que « La loi doit interdire la propagation de la pornographie ! » de même qu’on a le droit d’exprimer et de propager la conviction que « La loi ne doit pas interdire la propagation de la pornographie ! ». Une opinion librement exprimée permet ensuite - si on est en démocratie - d’abord de vérifier (par le vote direct de citoyens et en garantissant le secret du vote) quels sont les souhaits de la majorité des citoyens qui se sentent concernées par l’opinion exprimée, et ensuite de mettre en application la décision démocratique des citoyens. On a bien vu dans cet exemple qu’il y a une différence entre propager la pornographie et propager l’opinion que la pornographie doit pouvoir être diffusée. Dans le premier cas on ne propage pas une opinion sur la façon de gérer la société, dans le deuxième cas on propage une opinion qui concerne la législation et c’est cela qui doit toujours être permis. Il faut bien comprendre que la liberté d’expression ne signifie pas qu’on a le droit de propager les insultes ou les diffamations, mais signifie qu’on a essentiellement le droit illimité de proposer des règles qui concernent la communauté dont on fait partie, afin que ces règles puissent être confirmées ou infirmées par le vote démocratique des citoyens qui appartiennent à cette communauté.

                          De même la liberté illimitée de propager les informations doit être garantie et encouragée afin que les citoyens puissent prendre des décisions à bon escient, c’est à dire en ayant accès à la vérité. Là encore, la liberté de propager les informations ne signifie pas la liberté de diffamer ou d’insulter : c’est un devoir des journalistes de choisir les mots et les expressions qui ne sont pas insultants, mais c’est également leur devoir d’informer sur tous les faits dont ils ont connaissance et il faut leur garantir la possibilité d’exercer ce devoir. Le fonctionnement démocratique de la société nécessite ces libertés d’expression et de propagation des opinions.

                          La liberté d’expression, qui est la condition première de la démocratie, n’est pas respectée en France et n’est pas non plus respectée dans l’Union européenne : les lois existent qui limitent les sujets sur lesquels les citoyens peuvent publiquement s’exprimer, et même les lois existent qui interdisent totalement d’exprimer certaines opinions, comme le décrit en détail Philippe Nemo dans son essai et comme le résume dans son article Bernard Dugué.

                          Comme cela est exposé dans l’article les parlementaires français, mais aussi des autres pays de l’Union européenne, ont par exemple voté des lois qui figent une interprétation officielle de certains faits historiques et qui prévoient des peines sévères à l’encontre de ceux qui voudraient nuancer ces interprétations. En démocratie on peut décider quelle est l’interprétation officielle de certains faits, mais on ne doit pas interdire la propagation d’autres interprétations de ces faits.


                          • Martin sur AgoraVox Martin sur AgoraVox 14 février 2012 19:58

                            C’est un constat : la liberté d’expression est fortement limitée en France. Cela concerne les faits que l’ordre dominant veut masquer et les opinions qui pourraient être gênantes pour l’ordre dominant. AgoraVox aussi est concerné.

                            AgoraVox fait partie du système qui sélectionne ce qui peut ou ne peut pas être exprimé. Cliquez sur « Qui sommes nous » et vous pourrez y lire : « Fondation AgoraVox, reconnue d’utilité publique. Ses principales missions sont l’information à l’égard du public et le soutien à la liberté d’expression. ».

                            Malgré cette affirmation AgoraVox n’est pas un garant de l’information librement diffusée.

                            L’attitude des médias « mainstream », qui délibérément s’autocensurent sur certains sujets, peut parfois être observée sur AgoraVox  : les articles qui exposent certaines vérités que la rédaction d’AgoraVox considère gênantes, ne sont pas publiés par AgoraVox. Malgré les déclarations d’intention la liberté d’expression est dans les faits limitée …

                            Par exemple, si vous avez publié quelques articles sur AgoraVox alors vous avez le statut de « rédacteur » d’AgoraVox et alors vous avez accès aux articles qui sont en attente de validation.

                            Dans ce cas vous pouvez constater dans la rubrique « Actualités / Société » que l’article qui depuis le 30 janvier 2012 est bloqué à la validation par la rédaction d’AgoraVox a pour titre « L’avenir des races humaines ». Cet article est depuis plus d’un an régulièrement refusé par AgoraVox avec la mention : « Nous avons en effet reçu de très nombreuses propositions d’articles ces derniers temps, que nous n’avons pas pu toutes traiter dans un délai satisfaisant. Veuillez nous en excuser. Toutefois, si votre article est encore d’actualité ou peut être actualisé, n’hésitez pas à le proposer de nouveau. Il sera traité au plus vite. ». L’article est peut-être refusé parce qu’il expose des vérités qui dérangent certains.

                            Et dans la rubrique « Actualités / Europe » attend depuis le 8 février 2012 l’article « L’identité des Européens, le nationalisme, l’européanisme et le régionalisme ». Dans cet article il est question d’identité et de civilisations ce qui explique peut-être pourquoi depuis plus d’un an cet article aussi est régulièrement refusé par AgoraVox (toujours avec la même mention : « Nous avons en effet reçu de très nombreuses propositions d’articles .... Toutefois, si votre article est encore d’actualité ou peut être actualisé, n’hésitez pas à le proposer de nouveau. Il sera traité au plus vite. ») …


                            • Suldhrun Suldhrun 14 février 2012 20:30

                              Le bonjour Martin .

                               Et merci pour les infos .


                            • Pie 3,14 14 février 2012 20:44

                              Merci Martin, bien sûr... on croit rêver.

                              Ce cher Martin, un doux intellectuel d’extrême-droite, se sert du site pour distiller sa pensée racialiste depuis déjà quelques années.

                              Il déplore que ses écrits sont bloqués en modération, mais il oublie que sa prose, débarrassée de ses enluminures pseudo -intellectuelles est passible de la justice.

                              Qu’il aille déblatérer ses inepties sur des sites amis, ils ne manquent pas et il a la liberté de le faire.

                              Couiner à l’absence de liberté d’expression parce qu’on ne peut pas être publié partout, alors même qu’on professe des idées tout à fait minoritaires ( pour ne pas dire plus) est d’une grande hypocrisie.


                            • Pierre Régnier Pierre Régnier 14 février 2012 21:34

                              @ Pie 3,14

                              Je cauchemarde 

                              Je n’ai pas lu les textes de Martin qui ne sont pas publiés. Je vais essayer de les lire mais, avant même de l’avoir fait je trouve votre dernier argument particulièrement dangereux : on ne devrait pas, selon vous, réclamer la liberté de s’exprimer quand ce qu’on veut dire est « tout à fait minoritaire (pour ne pas dire plus) » 

                              Vous rendez-vous compte de l’énormité de ce que vous avez écrit là ? 

                              Et, si vous ne voyez aucune énormité, précisez ce que vous voulez dire : vous souhaitez en France un régime de type stalinien, c’est ça ?


                            • Pie 3,14 14 février 2012 21:57

                              Pas besoin de cauchemarder.

                              Je ne dis pas qu’il ne doit pas être publié, je lui reproche seulement de jouer les martyres parce qu’il n’est pas publié partout. Rien ne l’empêche d’aller sur des sites d’extrême-droite et rien n’interdit à Agoravox d’avoir une ligne éditoriale moins marquée.

                              Pour le reste, je suis parfaitement d’accord avec Sylvain Reboul qui affirme plus haut que, « une liberté sans règle de droit visant à protéger les citoyens des abus tue les libertés », « la liberté d’expression publique est comme toute liberté soumise à des limites qui sont celles de la démocratie libérale ».

                              C’est la philosophie libérale qui a inventé la notion de liberté d’expression au XVIIème siècle. Dès le début, elle a fixé des règles qui ont toujours du sens aujourd’hui.


                            • Pierre Régnier Pierre Régnier 15 février 2012 08:30

                              @ Pie 3,14

                              Evidemment que Reboul à raison sur la nécessité de règles.

                              Le problème est que ce sain principe est aujourd’hui sorti à tout moment, à tout propos, en toutes circonstances par ceux qui s’attribuent la pensée juste pour faire censurer les opinions différentes des leurs.

                              J’ai lu les deux textes proposés plus haut par Martin pour publication sur Agoravox. Ils sont remarquables, traitent d’un problème très important et évident.

                              Ils le font avec beaucoup de clarté, d’intelligence et d’honnêteté. J’ai bien sûr voté pour leur publication sur Agoravox.


                            • Maître Yoda Castel 15 février 2012 09:08

                              « Malgré cette affirmation AgoraVox n’est pas un garant de l’information librement diffusée. »

                              Agoravox est peut-être un site fait pour connaître nos opinions et nous pister.


                            • mandrier 14 février 2012 22:23

                              Le pervertissement actuel que vous décrivez avec pertinence et brio, s’inscrit sur un tableau encore plus noir si on tient compte de l’affaiblissement de la sensibilisation des jeunes aux Humanités.

                              Humanités qui sont de moins en moins bien enseignées , voire plus du tout.

                              Rares sont les jeunes capables de disserter sur Corneille ; de lire dans le texte Cicéron, Tacite ; ou de réciter l’Eneide en grec ancien...

                              On s’est attaqué aussi à l’Histoire, pour fabriquer des andouilles incapables de se situer dans le temps, ou encore, la géographie pour comparer concrète ment des ensembles , voire pour discuter géopolitique sur des bases saines....

                              Certains en arrive même à contester la formation des jeunes esprits grâce à la philosophie...

                              Pourquoi ?

                              Pour éviter d’avoir à faire avec des gens capable de discuter, de critiquer, de soupeser des idées générales, en argumentant comme vous le faites....

                              C’est grave ! Mais... concrètement ? que faire ?
                               


                              • Pierre Régnier Pierre Régnier 15 février 2012 08:59

                                Arrention tout de même à l’élitisme, mandrier !

                                 »Discuter, critiquer, soupeser des idées générales en argumentant« peut se faire même si l’on n’est pas capable de  »disserter sur Corneille«  et si l’on n’a jamais lu ni Cicéron ni Tacite même en traduction.


                              • lulupipistrelle 15 février 2012 09:23

                                @ mandrier :


                                L’Eneide en grec ancien ? 

                                Ah, bon, et moi qui croyait que c’était l’oeuvre de Virgile, un poète latin du 1er siècle avant jc, un favori d’Auguste...

                              • lulupipistrelle 15 février 2012 09:25

                                euh... qui croyais...


                              • mandrier 15 février 2012 09:59

                                Oui, Virgile, qu’un vieux prof de Français -latin-grec nous faisait traduire du latin vers du grec des passages entiers... (je faisais plein de contresens !...)


                              • lulupipistrelle 15 février 2012 10:46

                                Et bien au moins vous en avez gardé un bon souvenir... Un peu comme mon mari qui rigole encore de ses versions de latin d’antan... 


                                Mais aujourd’hui les enfants n’ont même pas la chance d’en arriver là. Ceux qui font du latin sont mis volontairement en échec par le choix de textes d’auteurs qui prennent d’étonnantes libertés avec la grammaire latine, que les gosses n’ont pas encore assimilé complètement. Autrement dit , leurs exercices ne servent à rien. 

                                Pourtant un des intérêts du latin et du grec était d’offrir un entrainement à la logique et à la rigueur à tous ceux qui font une allergie aux maths. Et ce n’est pas rien. 

                              • Yohan Yohan 14 février 2012 22:36

                                Bon article ;

                                Depuis que notre justice prend ses ordres auprès des officines antiracistes subventionnées, rien d’étonnant que l’aptitude à la critique recule. Nos médias en sont les premières victimes. Tout est lissé, pesé, empesé et une sourde oppression naît , plus pernicieuse qu’on ne l’imagine

                                • Pie 3,14 14 février 2012 23:08

                                  Comme souvent, l’auteur mélange un peu tout pour faire une sauce qu’il croit bonne.

                                  Les lois mémorielles sont effectivement une erreur et une spécificité française déplorées par la plupart des historiens.

                                  La législation qui vise à réprimer les discriminations raciales ou autres est légitime et n’a rien à voir avec les lois mémorielles.

                                  La thèse de Gougenheim a été lue et réfutée par tous les spécialistes de la période, en raison d’une démarche tout à fait contestable d’un point de vue scientifique. Il ne subit pas un procès en sorcellerie, il a seulement pondu un mauvais texte facile à démonter.

                                  La seule preuve de déclin intellectuel dans ce pays est donnée par cet article boiteux.


                                  • nouki 14 février 2012 23:59

                                    bon article
                                    j’aime débattre mais je trouve de moins en moins de monde pour cela. alors je m’inscris sur agoravox. et je me dis que cela fait bouger le curseur , que nous allons gagner nous les gueux . que la réunion de grands et de petits cerveaux vont vaincre le muscle de la propagande. qu’il y a encore un peu de liberté pour cela . raison ou non ?
                                    enfin un article boiteux , moi je signe pour boiter de cette façon


                                    • Pierre Régnier Pierre Régnier 15 février 2012 08:42

                                      Vous avez raison, nouki, il vaut mieux penser librement en boîtant que de marcher droit dans ses bottes en s’interdisant et en interdisant aux autres de réfléchir.

                                      Contre le déclin intellectuel et la dictature de la pensée, l’auteur de l’article demande à Voltaire de revenir parmi nous. Il a raison .

                                      Mais il est tout aussi nécessaire que « nous les gueux » cherchions les lieux de libre débat qui existent encore – ou qui renaissent – et que nous les défendions très fermement.


                                    • sieg mound 15 février 2012 10:27

                                      bonjour nouki

                                       

                                      ici ?? debats libres ?? j ai fait l experience et je peux dire que c est pas mieux qu ailleurs

                                      j ai posté certains messages n allant pas dans ld droit fil d ela pensée unique seule autorisée ils n ont pas été retenus

                                      j ai fait l experience inverse avec un autre pseudo et çà a passé

                                       

                                      donc ......


                                    • sieg mound 15 février 2012 09:55

                                      il existe une dictature de pensée terrible depuis des années et que vous denoncez jamais ici

                                       

                                      celle de l antisarkozysme obligatoire pour etre bien vu bien noté bienvenu dans le petit monde intello bobo gaucho

                                       

                                      mais celle la arrange tout le monde étonnant n est ce pas ? 

                                       

                                      meme Voltaire y serait soumis de gré ou de force !

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