• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile


Commentaire de ferrassie

sur La laïcité pour les nuls


Voir l'intégralité des commentaires de cet article

ferrassie 22 février 2012 00:58

La laïcité, en France, résulte de la loi du 9 décembre 1905, qui était et est encore une loi anticléricale. Le cléricalisme, puisque vous aimez les définitions, est la propension du clergé (des clercs) de se mêler des affaires publiques. Le 15 janvier 1850, lors de la discussion de la “loi Faloux”, Victor Hugo s’adressait aux députés de droite en disant « Messieurs les cléricaux ! » 

La laïcité est donc anticléricale, qu’il ne faut pas confondre avec antireligieuse. Pour ma part, je suis fermement anticlérical et m’insurge contre le fait que les comités d’éthique, par exemple, sont pratiquement intégralement constitués de croyants affichés comme tels.

Il est évident que si les prêtres n’ont pas à se mêler des affaires publiques, les autorités de l’Etat n’ont pas non plus à se mêler des affaires religieuses, or, le ministre de l’Intérieur, M. Sarkozy, a mis en place le Conseil français du Culte musulman (2003) et s’est largement investi dans son organisation. C’est tout à fait contraire à l’esprit de la loi de 1905 qui imposait la réciprocité dans l’indépendance de la gestion des institutions.

La loi précitée indique (Art. 2) que : « La République ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte. […] »

Les cantines scolaires publiques devraient s’abstenir de servir des repas halal ou casher car cela est contraire à l’article 2 précité par le simple fait de financer – sur des fonds publics – les contrôles par les rabbins ou les imams des rites d’abattage.

Pour ce qui concerne les restaurants privés, il suffit que le consommateur soit averti de la nature de la préparation des repas.

Les prières ou toutes autres manifestations religieuses sur la voie publique sont et restent interdites, sans autorisation expresse du préfet (art 27 de la loi de 1905). Si cela a pu perdurer, c’est par manque de fermeté des autorités ou laxisme politique (ou les deux).

La République est une et indivisible (Art. 1er de la Constitution). Depuis le 1918, l’Alsace et la Moselle sont réintégrées dans le territoire national, mais, curieusement, ces trois départements ont conservé le statut concordataire qui existait avant 1905 (à ce moment, ces départements étaient sous domination allemande après la défaite de Sedan 2 septembre 1870). De plus, la Guyane applique une sorte de concordat dont la seule église catholique est bénéficiaire (les prêtres sont rémunérés par l’Etat et l’ensemble des frais d’entretien et de construction des édifices religieux sont assurés sur les fonds publics). République une et indivisible ? Espérons que ces anomalies vont être annulées par le prochain gouvernement.

Lors des débats qui ont précédé le vote de la loi de séparation des églises et de l’Etat, (48 séances à l’Assemblée nationale et 21 au Sénat), les députés de droite comme de gauche s’entendaient à dire que cette loi avait autant d’importance politique, sociale économique et juridique que la Révolution française. Et, sur 38 millions d’habitants – dont 37 millions de catholiques – cette loi a été votée à la majorité de 341 voix, contre 234 et 13 absents (à l’Assemblée nationale), soit 69 %.

Encore deux choses. Le mot “religion” n’est pas cité une seule fois dans la loi. Seul le mot “culte” est retenu. Le mot “église” n’indique que les édifices. Enfin l’expression “le vivre ensemble” est une expression récente et est directement issue du vocabulaire religieux (catholique, évidemment), pour faire oublier le contenu historique et politique du mot laïcité. La loi de 1905 a eu pour but d’unifier les citoyens français (qui s’étaient violemment divisés pendant l’Affaire Freyfus – de 1894 à 1906) et d’assurer leur égalité devant la loi (certains citoyens – catholiques – étaient plus égaux que d’autres).


Voir ce commentaire dans son contexte





Palmarès