Bonsoir Francesca (bonsoir Pie)

Avant de déblatérer n’importe quoi, l’auteur aurait été avisé de lire le pavé dirigé par M. Arkhoun sur les musulmans de France. Ca lui aurait évité de stigmatiser un pays qui n’en mérite pas tant à cet égard. Sur l’aspect communautariste de cet article, absolument d’accord avec Francesca. Relevons également ce truculent passage tout à fait républicain : « Dans ces conditions, y a-t-il encore une explication rationnelle pour justifier la poursuite du modèle républicain français (qui refuse les identités communautaires au nom de la seule identité nationale) ? » Je n’ai pas les italiques, dommage. J’espère que ce sera quand même clair. L’auteur interroge ici la République, le fait qu’elle existe et perdure, l’accusant de « refuser les identités communautaires », alors même que chacun y est libre de pratiquer son culte, d’y exercer son droit d’expression et sa liberté de conscience. Il utilise pour ce faire, qui plus est, en douce, de prétendues menaces israéliennes qui s’exerceraient à propos de la viande casher. Ni vu ni connu, je t’embrouille. Je rappelle quand même à l’auteur que ladite république s’est constituée, à peu près comme tous les agrégats, soient-ils fédéralistes, sur des valeurs, une histoire et des lois qui fondent ce qu’il ne me semble pas inconvenant de nommer une « identité ».

« Faut-il continuer à se mentir au sujet de l’égalité lorsque les élus de la République sont à ce point engagés en première ligne dans la stigmatisation d’une partie de la population nationale ? »

En quoi interroger le circuit des animaux abattus selon des rites confessionnels relève-t-il d’une « stigmatisation » ? Je précise à toutes fins utiles qu’il m’arrive de manger de la viande halal sans en éprouver la moindre répulsion, car comme tout omnivore de base j’évite lâchement de penser à ces pauvres bêtes expirant lentement dans leur propre sang. La question soulevée relève simplement, à mon sens, de l’information du consommateur car il en est qui, eux, ne supportent pas de manger une chair tellement meurtrie. Ca se respecte, il me semble.

Et ça se respecte d’autant plus que pour bien des musulmans, dire une bénédiction sur la nourriture suffit. Mais les temps sont à une orthopraxie rigoureuse - qui, je l’accord, arrange bien les affaires d’hommes d’affaires informés. Faut-il leur reprocher de satisfaire leur public ? Non. Faut-il leur reprocher de ne pas informer le public ? Oui.

La question morale de l’abattage est une autre question, tout aussi légitime.

Mais je n’ai pas souvenir que les Espagnols s’estiment stigmatisés par les anti-corridas, autrement plus actifs et vindicatifs que les consommateurs lambda hémo-sensibles.