• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile


Commentaire de Luc-Laurent Salvador

sur Sortir de Babel : pour une science citoyenne


Voir l'intégralité des commentaires de cet article

Luc-Laurent Salvador Luc-Laurent Salvador 24 février 2012 19:49

Whaouh !

Il y aurait des articles à écrire sur pas mal de point que vous soulevez. Mais cela attendra. Encore une fois, nous aurons, j’espère, l’occasion d’y revenir.

Il est bien tard où j’habite vu que j’ai de l’avance, je suis épuisé par une journée de formation, mais votre long commentaire vaut bien une réponse sur le vif.

La voici. Pardonnez l’absence d’obliques, bref, le tac au tac abrupt, juste pour tracer des traits qui feront cadre.

Vous avez cru que je ne vous avais pas compris je demandais où est le problème avec mon projet.
Je pense que je vous avais compris. Et je pense que si je ne voyais pas que vous puissiez parler de la question de l’intelligence collective, c’est que, pour moi, elle ne fait aucun problème.

Autrement dit, je vous assure que ma réponse première contient déjà les éléments de mes réponses ultérieures qui toutes tendront à vous montrer, avec succès, j’espère, que vous faites erreur.

La justice ne fera pas obstacle ou difficulté. Je ne sais pas ce qu’elle vous a fait, mais pour ma part, ayant consacré la moitié de ma thèse à la question de l’attribution de causalité, je peux vous assurer que j’y vois clair dans les problématiques causales ou de responsabilité qui furent, (tiens comme c’est singulier), quasiment les premières que les premiers psychologues,(des psychologues sociaux), se sont posées.

C’était au XIXe, le monde découvrait les foules révolutionnaires et, bien sûr, le problème numéro un pour la justice au service du pouvoir était de pouvoir incriminer. On a donc cherché les meneurs, les leaders. Mais cela s’est révélé quand même très limité.

Je ne saurais trop vous conseiller de lire notre fameux Gabriel Tarde, mais surtout son fan italien, Scipio Sighele, qui a écrit « les foules criminelles » et qui évoque en long et en large le problème que pose l’action collective dès lors qu’il faut assigner une responsabilité.

Lorsqu’elle est suffisamment distribuée la responsabilité n’est plus. Il y a toujours moyen d’y remédier. Vous avez raison, la justice (et le pouvoir qui l’instrumentalise) ne cherche que ça. Les boucs émissaires se ramassent à la pelle. L’histoire le confirme amplement. Mais si vous ne l’avez déjà fait, lisez Girard, vous serez fasciné.

Quoi qu’il en soit, désolé de ne pas être argumentatif et seulement indicatif (ou affirmatif) : tout cela ne fait plus problème. Aucunement. Il est toujours possible donner à chacun sa part, de rendre à César.

Autrement dit, l’attribution de causalité a toujours une solution.

Parce que, revenons à l’intelligence collective, nous sommes tous des champions de l’attribution de causalité. Nous faisons à longueur de temps, tous azimuts.

Bon, maintenant, pour clôre provisoirement et rassurer le lecteur qui nous a suivi jusque là, nous allons progressivement avoir des échanges plus resserrés, plus centré sur une problématique, puis une autre et pas toutes à la fois comme nous l’avons fait à peu de choses près.

Disons que c’était une première prise de contact, où vous nous avez offert de beaux morceaux de bravoure sur lesquels nous reviendrons pas à pas afin de faire apparaître en quoi, précisément la psychologie synthétique peut constituer une réponse aux interrogations ou inquiétudes que vous exprimez.

Vous ne demandez pas à l’être, je le sais, mais passez moi la formule : je vous rassure, la psychologie synthétique ne passera pas sous la coupe de la justice, cette dernière n’y fera pas obstacle, c’est nous qui allons l’assimiler, la digérer, en faire sens du point de vue fondamental, cad, psychologique.

Là où la justice pourrait un jour trouver à redire à tout ça, c’est le jour où elle fera des lois rétroactives pour condamner ce qui pourrait contribuer à une révélation dont elle ne voudrait pas.

C’est possible, mais le pire n’est pas sûr.

En attendant, nous restons dans le cadre des lois, nous ne contestons pas les fondements institutionnels même si nous les questionnons et ce qui importe avant tout, c’est le plaisir de la compréhension, l’expérience du « aha ! » comme disent les allemands.

J’espère que ce qui suivra en suscitera chez de nombreux lecteurs, et les exemples précieux que vous nous avez donné pourront y contribuer.


Voir ce commentaire dans son contexte





Palmarès