Encore une fois, je trouve la réaction de Natasha et Mahi d’une étonnante sérénité face à l’agressivité de la position d’Edith.
Cette dernière, tout en reprochant à l’article d’’être accusateur et elle-même entièrement dans l’accusation et la dénégation.
C’est pas moi, c’est pas mes parents qui l ’ont fait, c’est les puissants anglais et français. Nous les canadiens on a rien fait, c’est les microbes qui ont tué, on savait rien sur les écoles résidentielles, ça c’esst fait à l’insu de notre plein gré, alors venez pas nous chercher des noises et balayez devant votre porte en regardant ce que font ces méchants chefs indiens qui mettent leurs peuple en perdition.
Cette (im)posture pharisienne paraît d’autant plus indécente en la circonstance que même si la violence initiale a été le fait des Français et/ou des Anglais, les canadiens actuels en sont les descendants, ils en sont donc les héritiers, ou plus exactement, les receleurs.
Car des terres volées restent des terres volées même après mille ans, dès lors que les témoins sont encore là.
C’est précisément pour cela que les conquérants du continent américain du sud comme au nord auraient tellement aimé que les aborigènes disparaissent. Pour que disparaissent les témoins de cette violence fondatrice de l’Empire américain.
Mais les témoins sont encore là. Et il va falloir faire avec. C’est-à-dire, reconnaître les violences passées (cela a été fait partiellement, pour les écoles résidentielles je crois bien), les violences actuelles (je doute que ça le soit) et réparer comme il se doit (je doute que ça puisse l’être jamais, mais à tout le moins, un accord pourrait être recherché).
Voilà ce que je crois naïvement, en tant que théoricien de la réconciliation et de la réparation.
Mon ton est loin d’être aussi amène et bienveillant qu’il le faudrait, mais j’essaie de dire les choses assez vite, et ça peut sembler brutal mais je pense qu’il faut que certaines choses soient dites.
Les violences passées, les nations conquérantes et colonisatrices n’en sont pas quittes, et elle ne le seront jamais tant qu’un véritable processus de vérité et réconciliation n’a pas été accompli. Car les témoins sont et ils resteront. L’humanité gardera mémoire de l’injustice jusqu’à ce que justice soit faite.