Marine Le Pen, soumise une fois de plus à une pression médiatique considérable tient tête avec une détermination et un cran admirables. On a vu avant hier soir atteintes les limites de la communication politique télévisuelles, parce que le champ du débat a été forcé pour aboutir au spectacle - ce en quoi MLP n’est pas responsable mais s’y est trouvée acculée - si bien que l’intérêt de la prestation, remarquable, a porté moins sur le fond que sur la capacité combative des différents interlocuteurs. MLP a marqué le point sans conteste, et il serait étonnant que son score électoral ne s’en trouve pas crédité. Il faut bien reconnaitre aussi que dans une période de crise et de difficultés particulières ou nous sommes, c’est sur ce genre de personnalité qu’on peut attendre quelque espoir pour s’en sortir, car la question de la force de caractère, de l’aptitude à tenir une détermination, de l’homme ou de la femme auquel on aura à confier notre destinée, est plus importante que celle de la mise en œuvre d’un programme, qui se trouvera par la suite de toutes façons soumis à évolution et adaptations futures. Car dans de telles situations on ne doit rien espérer de faiseurs de promesses non tenues car ostensiblement contraires à leurs objectifs, ou de politiciens visiblement dépourvus d’inspiration et calquant leur ligne politique sur ce qui a déjà été fait et nous a mené à la catastrophe, mais il faut une rupture. Et donc nécessairement une personnalité d’une trempe exceptionnelle pour y faire face. Si cette personnalité ne doit pas être Marine Le Pen, trouvons-la ailleurs. Hélas, si on scrute le paysage politique actuel qui nous est proposé au travers de cette campagne, rien n’émerge de remarquable en termes de renouveau, d’imagination et d’audace, et c’est bien ce qui est regrettable. D’ailleurs M. Guaino l’a bien montré au fond : il ne faut toucher à rien et être respectueux de tout ce qui nous entoure, nous soumettant à tout. Sa conception du gaullisme est erronée. Parce que quand le Général De Gaulle disait très justement : ‘’en dehors des réalités, il n’y a rien qui vaille’’, il voulait dire qu’il fallait en tenir compte, mais sûrement pas s’y plier. Ce même Général De Gaulle qui disait aussi : ‘’Les Français ne savent plus faire les tours de force qu’ils avaient su faire par le passé’’. Encore une fois, ce n’est pas avec une politique consensuelle et un esprit de soumission à tout que la France peut aujourd’hui s’en sortir. Nous avons finalement connu des crises bien plus graves. La défaite militaire devant l’Allemagne, l’occupation. Ce ne sont pas des politiciens soumis aux réalités – particulièrement dures de cette époque- et conciliants avec nos ‘’partenaires’’ que nous avons pu faire basculer les choses mais avec des De Gaulle, des Churchill, des hommes précisément rejetés de la vie politique par temps calme. Peut-être parce que l’énergie fait peur. Mais en ce moment c’est précisément de cela dont nous avons le plus grand besoin.
On accuse Marine Le Pen de fascisme et de toutes autres mauvaises intentions. Il faut se souvenir que Le Général De Gaulle avait du faire face aux mêmes suspicions lors de son retour au pouvoir en 1958. Et qu’en a-t-il été ? Une dictature ? Non, une période de prospérité, de solidité politique, de bon fonctionnement démocratique, agrémentée d’une position et d’un prestige que la France n’a jamais connu depuis sur la scène internationale. L’image de notre pays est devenue au contraire plutôt piteuse depuis ce temps, et tout Français s’il lui reste encore un peu de patriotisme doit en souffrir, mais même sans cela, car tout Français quand il se trouve à l’étranger est considéré comme un représentant de la France, qu’il le veuille ou non.
Si on quitte la caricature et le parti pris indéfectible, qui évidemment témoigne d’une ouverture d’esprit absente et ne peut donc aboutir à aucun dialogue, et à moins d’être atteint d’un anti marinisme viscéral (comme on disait autrefois : ’’un anticommunisme viscéral’’, du temps de Georges Marchais) on ne trouve rien qui puisse étayer de telles suspicions et justifier de telles accusations. Pas plus que l’implacabilité insensible et inhumaine qui correspondrait à un tel caractère, à l’instar par exemple d’une ‘’Dame de Fer’’ qui elle, sévissait pourtant avec une pareille implacabilité dans un gouvernement parfaitement démocratique. Pour peu qu’on veuille l’entendre, rien de tel n’émane de son discours, pas plus que ce qui transparait de façon informelle dans le non-dit ou dans sa personnalité. En fait, il faut bien le dire, le seul biais qu’on trouve encore pour étayer ces accusations, c’est le lien à son père. On doit bien pourtant admettre que le Front National d’antan n’a plus cours, et que JMLP est un des derniers vestiges d’un courant politique qui a profondément évolué. Alors, l’erreur de MLP, est-ce d’y avoir effectué son parcours, et surtout d’avoir accepté d’être portée par ce parti politique dont le nom jette encore l’opprobre et un certain scandale de par certains propos, il faut bien le dire, inacceptables ? Peut-être. En tout cas son analyse de la seconde guerre mondiale, son opinion sur la shoah, ainsi que sa ligne politique générale, se démarquent de façon très nette de celle de son père, et son patriotisme n’est pas fondamentalement centré sur les mêmes conceptions ni les mêmes priorités. Il reste encore sa filiation. A cela par contre, elle ne peut rien changer et on est donc en tort de le lui reprocher. Car la filiation n’engage le libre choix de personne. Soit dit en passant, l’acharnement qu’on met à vouloir lui faire renier son père est aussi odieux que n’importe quel harcèlement moral. Elle a dit qu’elle se démarquait formellement de ces propos, et ça devrait suffire, car c’est d’elle qu’il s’agit. Mais au fond tout cela n’est pas le vrai sujet, et on le sait bien.
Marine Le Pen a la profession d’avocat. Comme le Président Sarkozy, comme le Président Mitterrand, et comme nombre d’autre politiciens. Elle peut avoir travaillé avec acharnement sur l’économie depuis, cela ne remplacera jamais les années d’études spécialisées dans cette discipline des professeurs d’économie chevronnés qu’on met en face d’elle dans les débats, et qui connaissent tous les détours de cette science éminemment complexe. Mais pourquoi ne confronte-t-on pas les autres participants de la campagne au même examen, avec la même absence de complaisance ? Et pourquoi ne l’a-t-on jamais fait avec les précédents candidats aux élections présidentielles par le passé. Elizabeth Guigou avait avoué un jour que François Mitterrand n’avait pratiquement pas de notion d’économie lorsqu’il est arrivé au pouvoir, et qu’il avait fallu le briefer d’urgence au début de son premier mandat. Cela ne l’a pas empêché de gouverner pendant quatorze ans. Et personne ne l’a jamais inquiété pour ça. Il faut pourtant se rappeler que cela fait maintenant quarante ans que nous sommes en crise de façon répétitive, depuis le premier choc pétrolier en 1972. Mais c’est vrai que nous sommes à présent arrivés au paroxysme. Ce qui montre aussi que ceux qui ont si mal gouverné le navire depuis ne peuvent guère se targuer de leur savoir-faire, et devraient honnêtement mettre un léger bémol à leur condescendance péremptoire.
Enfin, il y a un choix à faire. Et cette élection, en fin de compte ne détermine ce choix qu’entre deux choses. Une soumission d’une part apparemment rassurante et tout d’abord relativement confortable, à toutes les forces extérieures qui nous entrainent, et dont il est maintenant très difficile de se départir effectivement, parce qu’on nous y a lié de façon extrêmement complexe et quasi indéfectible – mais n’était-ce pas le cas aussi lors de l’occupation allemande durant la 2ème guerre mondiale alors que l’intervention des Etats-Unis paraissait encore improbable ? Et d’autre part un combat politique qui correspond d’avantage à l’aspiration réelle du peuple Français que l’on amuse par un jeu politique de surface, mais dont la véritable préoccupation est la santé économique et la cohésion sociale, ce qui passe par l’effort collectif organisé, donc par la solidarité nationale. Pour cela la souveraineté – et on disait plutôt encore récemment ‘’indépendance nationale’’, est une condition indispensable. Cette souveraineté et cette indépendance, nous les avons perdues, autant sur le plan institutionnel que sur le plan économique. Mais il nous reste encore la possibilité d’élire notre Président de la République. Qui est toujours de plein droit, le garant de notre indépendance nationale. Et aussi nous le savons nous Français, que cette indépendance nationale est d’abord la condition de la Liberté.
28/02 18:46 - Philodeme
Très inquiétant Mélenchon, beaucoup plus inquiétant que MLP la démonstration par la preuve (...)
28/02 14:07 - Beaurepaire
28/02 02:11 - Christoff_M
Essayons d’avoir des candidats qui maintiennent une retraite et un smic digne de ce (...)
28/02 01:46 - cathya
@droitdereponse, Oui, Marine est la seule personne dans cette arène politique, chez qui il (...)
28/02 00:29 - Christoff_M
Mr Melenchon est un orateur un peu trop habile pour être honnête... Onfray en dit tout ce que (...)
28/02 00:18 - Christoff_M
Ne rêvons pas Melenchon a quand meme bien du bagage dans la politique... Il a été mis en avant (...)
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