Bel article Monsieur Rakotoarison ! Et beau titre ! ’’MLP et JLM ont montré leur incapacité à comprendre la réalité économique de la France’’... Parce que vous la comprenez vous la réalité économique de la France ? Alors vous auriez peut-être dû vous présenter comme candidat aux présidentielles, parce tous ceux qu’on voit passer ont l’air de patauger lamentablement sur cette question. Il faut dire qu’il y a de quoi. Autre chose, à propos de MLP et de son ’’bal affligeant avec d’anciens waffen SS’’. Je crois qu’on peut honnêtement douter qu’il se trouvent encore quelques waffen SS en état d’aller au bal, à l’heure actuelle. Est-ce que vous ne vous trompez pas un peu d’époque ? et de polémique ?
Marine Le Pen, soumise une fois de plus à une
pression médiatique considérable tient tête avec une détermination et un cran
admirables. On a vu avant hier soir atteintes les limites de la communication
politique télévisuelles, parce que le champ du débat a été forcé pour aboutir
au spectacle - ce en quoi MLP n’est pas responsable mais s’y est trouvée
acculée - si bien que l’intérêt de la prestation, remarquable, a porté moins
sur le fond que sur la capacité combative des différents interlocuteurs. MLP a
marqué le point sans conteste, et il serait étonnant que son score électoral ne
s’en trouve pas crédité. Il faut bien reconnaitre aussi que dans une période de
crise et de difficultés particulières ou nous sommes, c’est sur ce genre de
personnalité qu’on peut attendre quelque espoir pour s’en sortir, car la
question de la force de caractère, de l’aptitude à tenir une détermination, de
l’homme ou de la femme auquel on aura à confier notre destinée, est plus
importante que celle de la mise en œuvre d’un programme, qui se trouvera par la
suite de toutes façons soumis à évolution et adaptations futures. Car dans de
telles situations on ne doit rien espérer de faiseurs de promesses non tenues
car ostensiblement contraires à leurs objectifs, ou de politiciens visiblement
dépourvus d’inspiration et calquant leur ligne politique sur ce qui a déjà été
fait et nous a mené à la catastrophe, mais il faut une rupture. Et donc
nécessairement une personnalité d’une trempe exceptionnelle pour y faire face.
Si cette personnalité ne doit pas être Marine Le Pen, trouvons-la ailleurs. Hélas,
si on scrute le paysage politique actuel qui nous est proposé au travers de
cette campagne, rien n’émerge de remarquable en termes de renouveau,
d’imagination et d’audace, et c’est bien ce qui est regrettable. D’ailleurs M. Guaino l’a bien montré au
fond : il ne faut toucher à rien et être respectueux de tout ce qui nous
entoure, nous soumettant à tout. Sa conception du gaullisme est erronée. Parce
que quand le Général De Gaulle disait très justement : ‘’en dehors des
réalités, il n’y a rien qui vaille’’, il voulait dire qu’il fallait en tenir
compte, mais sûrement pas s’y plier. Ce même Général De Gaulle qui disait
aussi : ‘’Les Français ne savent plus faire les tours de force qu’ils
avaient su faire par le passé’’. Encore une fois, ce n’est pas avec une
politique consensuelle et un esprit de soumission à tout que la France peut
aujourd’hui s’en sortir. Nous avons finalement connu des crises bien plus
graves. La défaite militaire devant l’Allemagne, l’occupation. Ce ne sont pas
des politiciens soumis aux réalités – particulièrement dures de cette époque- et
conciliants avec nos ‘’partenaires’’ que nous avons pu faire basculer les
choses mais avec des De Gaulle, des Churchill, des hommes précisément rejetés
de la vie politique par temps calme. Peut-être parce que l’énergie fait peur.
Mais en ce moment c’est précisément de cela dont nous avons le plus grand
besoin.
On accuse Marine Le Pen de fascisme et de toutes
autres mauvaises intentions. Il faut se souvenir que Le Général De Gaulle avait
du faire face aux mêmes suspicions lors de son retour au pouvoir en 1958. Et
qu’en a-t-il été ? Une dictature ? Non, une période de prospérité, de
solidité politique, de bon fonctionnement démocratique, agrémentée d’une
position et d’un prestige que la France n’a jamais connu depuis sur la scène
internationale. L’image de notre pays est devenue au contraire plutôt piteuse
depuis ce temps, et tout Français s’il lui reste encore un peu de patriotisme
doit en souffrir, mais même sans cela, car tout Français quand il se trouve à
l’étranger est considéré comme un représentant de la France, qu’il le veuille
ou non.
Si on quitte la caricature et le parti pris
indéfectible, qui évidemment témoigne d’une ouverture d’esprit absente et ne
peut donc aboutir à aucun dialogue, et à moins d’être atteint d’un anti
marinisme viscéral (comme on disait autrefois : ’’un anticommunisme
viscéral’’, du temps de Georges Marchais) on ne trouve rien qui puisse étayer
de telles suspicions et justifier de telles accusations. Pas plus que
l’implacabilité insensible et inhumaine qui correspondrait à un tel caractère,
à l’instar par exemple d’une ‘’Dame de Fer’’ qui elle, sévissait pourtant avec
une pareille implacabilité dans un gouvernement parfaitement démocratique. Pour
peu qu’on veuille l’entendre, rien de tel n’émane de son discours, pas plus que
ce qui transparait de façon informelle dans le non-dit ou dans sa personnalité.
En fait, il faut bien le dire, le seul biais qu’on trouve encore pour étayer
ces accusations, c’est le lien à son père. On doit bien pourtant admettre que
le Front National d’antan n’a plus cours, et que JMLP est un des derniers
vestiges d’un courant politique qui a profondément évolué. Alors, l’erreur de
MLP, est-ce d’y avoir effectué son parcours, et surtout d’avoir accepté d’être
portée par ce parti politique dont le nom jette encore l’opprobre et un certain
scandale de par certains propos, il faut
bien le dire, inacceptables ? Peut-être. En tout cas son analyse de la
seconde guerre mondiale, son opinion sur la shoah, ainsi que sa ligne politique
générale, se démarquent de façon très nette de celle de son père, et son
patriotisme n’est pas fondamentalement centré sur les mêmes conceptions ni les
mêmes priorités. Il reste encore sa filiation. A cela par contre, elle ne peut
rien changer et on est donc en tort de le lui reprocher. Car la filiation
n’engage le libre choix de personne. Soit dit en passant, l’acharnement qu’on
met à vouloir lui faire renier son père est aussi odieux que n’importe quel
harcèlement moral. Elle a dit qu’elle se démarquait formellement de ces propos,
et ça devrait suffire, car c’est d’elle qu’il s’agit. Mais au fond tout cela
n’est pas le vrai sujet, et on le sait bien.
Marine Le Pen a la profession d’avocat. Comme
le Président Sarkozy, comme le Président Mitterrand, et comme nombre d’autre
politiciens. Elle peut avoir travaillé avec acharnement sur l’économie depuis,
cela ne remplacera jamais les années d’études spécialisées dans cette
discipline des professeurs d’économie chevronnés qu’on met en face d’elle dans
les débats, et qui connaissent tous les détours de cette science éminemment
complexe. Mais pourquoi ne
confronte-t-on pas les autres participants de la campagne au même examen, avec
la même absence de complaisance ? Et pourquoi ne l’a-t-on jamais fait avec
les précédents candidats aux élections présidentielles par le passé. Elizabeth
Guigou avait avoué un jour que François Mitterrand n’avait pratiquement pas de
notion d’économie lorsqu’il est arrivé au pouvoir, et qu’il avait fallu le
briefer d’urgence au début de son premier mandat. Cela ne l’a pas empêché de
gouverner pendant quatorze ans. Et personne ne l’a jamais inquiété pour ça. Il
faut pourtant se rappeler que cela fait maintenant quarante ans que nous sommes
en crise de façon répétitive, depuis le premier choc pétrolier en 1972. Mais
c’est vrai que nous sommes à présent arrivés au paroxysme. Ce qui montre aussi
que ceux qui ont si mal gouverné le navire depuis ne peuvent guère se targuer
de leur savoir-faire, et devraient honnêtement mettre un léger bémol à leur
condescendance péremptoire.
Enfin, il y a un choix à faire. Et cette élection,
en fin de compte ne détermine ce choix qu’entre deux choses. Une soumission
d’une part apparemment rassurante et tout d’abord relativement confortable, à
toutes les forces extérieures qui nous entrainent, et dont il est maintenant très difficile de se départir effectivement,
parce qu’on nous y a lié de façon extrêmement complexe et quasi indéfectible –
mais n’était-ce pas le cas aussi lors de l’occupation allemande durant la 2ème
guerre mondiale alors que l’intervention des Etats-Unis paraissait encore
improbable ? Et d’autre part un combat politique qui correspond d’avantage
à l’aspiration réelle du peuple Français que l’on amuse par un jeu politique de
surface, mais dont la véritable préoccupation est la santé économique et la
cohésion sociale, ce qui passe par l’effort collectif organisé, donc par la
solidarité nationale. Pour cela la souveraineté – et on disait plutôt encore
récemment ‘’indépendance nationale’’, est une condition indispensable. Cette
souveraineté et cette indépendance, nous les avons perdues, autant sur le plan
institutionnel que sur le plan économique. Mais il nous reste encore la
possibilité d’élire notre Président de la République. Qui est toujours de plein
droit, le garant de notre indépendance nationale. Et aussi nous le savons nous Français, que
cette indépendance nationale est d’abord la condition de la Liberté.