M. Pinon, vous dites : « Le bien ne peut pas exister sans le mal, de même que la lumière ne peut
pas exister sans l’obscurité, la vie sans la mort... Une vieille
histoire de yin et de yang. ».
Je pense que ce constat est plutôt une métaphore cognitive nécessairement trompeuse car réductrice. De la même manière qu’il n’existe pas de variation du froid ( donc de la mort ), celui-ci est absolu quand l’agitation des particules est nulle, ne pourrait-on pas dire qu’il n’existe pas de de variation du Mal, celui-ci pouvant s’exprimer comme l’absence de relation entre les êtres humains ? Dès lors que les relations s’établissent entre les membres de l’espèce, c’est à dire dès son apparition, il n’y a plus de Mal, sinon de l’inadéquation à un degré variable : depuis la plus destructrice pour la cohésion du groupe et le bien-être individuel de chacun de ses membres jusqu’à la moins imparfaite, donc pouvant être assimilée à une plus ou moins bonne adéquation. Ces oppositions irréductibles que nous cherchons à percevoir au sein de la société, nous font les recréer dans toutes nos constructions intellectuelles et c’est ainsi que la complexité des échanges économiques est réduite jusqu’à obtenir une collection de relations ou l’un gagne ce que perd l’autre, c’est à dire où tous les jeux sont à somme nulle alors que les travaux sur la sélection de parentèle, dans le cadre de la sélection naturelle, nous décrivent comme une espèce ayant tendance à établir un réseau de relations à sommes non nulles, ce qui n’a rien d’étonnant, soit dit en passant, puisque c’est la stratégie plus rentable pour le groupe donc pour les individus qui le composent.
Ainsi débarrassés des dogmes religieux binaires installés dans les cultures au fil de l’évolution de celles-ci, peut-être pourrons nous avancer vers une meilleure compréhension de notre nature.