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Commentaire de Luc-Laurent Salvador

sur Sortir de Babel : pour une science citoyenne


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Luc-Laurent Salvador Luc-Laurent Salvador 28 février 2012 18:45

Bonsoir Corinne,

Tout d’abord, oui, j’assume, je me sers bel et bien de la question de l’autisme pour introduire à la psychologie synthétique.

Mais je crois la démarche légitime et même banale dans un cadre scientifique, je ne vois pas ce qu’il y aurait à y objecter a priori.

Le seul problème est que des agoravoxiens pourraient me dire que le format feuilleton est inhabituel et pourrait frustrer en suscitant des attentes non rapidement satisfaites.

Soit, mais c’est le principe même des feuilletons non ? smiley


Comme je ne peux pas encore ce soir aborder les multiples points que vous soulevez, je vais m’attacher au plus important et je reviendrais plus tard sur les autres.

Le point le plus important, c’est bien sûr la définition de l’autisme.

Vous me reprochez d’affirmer que celle donnée par la HAS est « terriblement vague et sans utilité  »

C’est pour vous dire « des choses inquiétantes ».
Est-ce que je ne force pas le trait ?
Est-ce que je ne me rapproche pas des (affreux) psychanalystes en disant cela ?

Voilà vos objections.
Je les trouve étonnantes.
Car si je suis dans l’erreur, si j’exagère, il devrait vous être facile de montrer que la définition de la HAS est le contraire de ce que j’en dis : précise et utile !

Mais vous ne le faites pas car vous ne le pouvez pas.
La seule chose que vous pouvez avancer c’est : " Ne serait-il pas préférable de dire que si on n’en connaît pas les causes, on est quand même d’accord aujourd’hui pour « savoir » ce qu’est l’autisme puisque le diagnostic est possible".

Que vaut cet argument ?
Un diagnostic est possible et donc on est d’accord pour « savoir » ce qu’est l’autisme ?

Quelle idée vous faites-vous du diagnostic ?
On peut diagnostiquer une pathologie dont on ignore tout, comme ce fût le cas pour le SIDA par exemple.
Ainsi, le diagnostic ne prouve absolument rien sur la connaissance que l’on peut avoir d’une pathologie.

Par contre, le simple fait que nous parlions de « spectre » est, en soi, une preuve suffisante que nous ne savons PAS ce qu’est l’autisme, car nous ne savons même pas en dessiner les contours.

Nous savons seulement nous accorder sur une manière « orthodoxe » de « ranger » les individus dans des groupes, de leur coller des étiquettes. C’est tout. Rien de plus.
Cela n’EST PAS l’indication d’un quelconque savoir de « ce qu’est l’autisme ».

Vous avez certainement beaucoup de connaissances sur l’autisme, mais vous ne pouvez pas me dire ce que c’est.

Au mieux vous pourriez donner une définition de l’autisme trouvée ici ou là.
Mais ces définitions ne nous diront pas ce qu’est l’autisme.

Prenez celle du Larousse qui n’est pas plus mauvaise qu’une autre :

  • Trouble du développement complexe affectant la fonction cérébrale, rendant impossible l’établissement d’un lien social avec le monde environnant.

Côté cause, elle invoque le biologique, ce qui est certainement très correct mais ne nous permet pas d’identifier spécifiquement l’autisme.
Coté phénoménologie, elle fait état d’une impossibilité à établir un lien social.

Ce serait super si nous étions capable de dire en quoi consiste précisément le lien social !

Mais nous ne le sommes pas, pas encore.
D’où le chaos conceptuel (et pratique) que j’ai évoqué et que la citation suivante dit excellement :

« quasiment tous les problèmes concevables qu’un enfant puisse avoir ont été trouvé chez ces malheureux enfants et quasiment toutes les [causes] concevables ont été évoquées pour rendre compte de ce grave trouble » (p. 569) in Hughes, J. R. (2009). Update on autism : A review of 1300 reports published in 2008. Epilepsy & Behavior 16 (2009) 569–589.

Comme disait le Talmud, nous ne voyons pas les choses telles qu’elles sont mais telles que nous sommes.

Le chaos conceptuel relatif à l’autisme est simplement le reflet du chaos conceptuel en sciences humaines.

Il nous faut mettre de l’ordre, trouver une meilleure cohérence que celle dont nous disposons actuellement.
Voilà ce à quoi je pense la psychologie synthétique peut contribuer.

A bientôt pour la suite de ma réponse.


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