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Commentaire de easy

sur Religion et plaisir (1)


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easy easy 29 février 2012 18:40

Je n’aborderai pas le débat plaisir/religion (au sens premier)



Alors que les sportifs auraient pu se faire valoir sur la théâtralisation de la souffrance en manière de « Je marathone donc j’en meurs », car la théâtralisation de la souffrance (volontaire et infligée) a été très à la mode pendant 2000 ans, ils s’en abstiennent.

Il se pourrait que cette abstinence à la grimace de douleur provienne du fait que la performance sportive s’établit de manière scientifique, probante, indiscutable, objective et qu’elle n’a donc pas besoin d’être surjouée. Ce qui est particulièrement vrai pour les courses, les sauts, les lancers.

Là où c’est un peu plus subjectif (gymnastique, patinage artistique) les sportifs auraient pu verser dans la grimace de souffrance mais comme il a toujours été établi que la danse par exemple doit se pratiquer avec le sourire, ces sportifs du subjectif versent au contraire dans le sourire signifiant produisant un effet de non-effort apparent.

Au bilan, dans le sport, boxe comprise, il y aurait bien plus une surenchère au « Même pas mal » qu’une surenchère au « J’en bave » . Exception alors pour le « Han ! » bruyant de certains joueurs de tennis.

J’estime que cette tendance anti doloriste du sport déteint sur nos autres activités.
 
Ce ne sont pas les publicistes qui me diront le contraire, eux qui passent la sainte journée à nous prétendre que se raser ou s’épiler c’est un plaisir, que porter un tampon c’est le nirvana, que faire la vaisselle c’est le pied, que passer l’aspirateur c’est la félicité, que conduire une voiture est un délice...

Dès le début du cinéma, on s’est aperçu que ce procédé permettait de livrer, pour la première fois de l’Histoire, des reproductions de nous arborant des sourires éclatants.
Les photographes ont immédiatement réagi et rectifié le tir avec le désormais « Attention le petit oiseau va sortir » afin de récolter, eux aussi, des sourires et rien que des sourires.

Même Alekseï Stakhanov se devait de sourire, de dénier la souffrance.
Le travail d’ouvrier ? Une sinécure, voyons !

Même sur les champs de bataille, les films de propagande exigeaient le port du sourire.

Le sourire hollywoodien, qui donne à supposer du plaisir et en tous cas une absence de souffrance, s’est alors imposé à tous les étages de notre culture occidentale. Sauf dans les défilés de mode où l’on croit que l’arrogance ou l’indifférence hautaine est plus porteuse puisqu’elle s’adresse à des gens qui se veulent au-dessus du lot commun.


Cependant, tous nos rois, tous nos empereurs, tous nos présidents, ont affiché une douleur à la tâche. Malgré Theodore Roosevelt, malgré Eisenhower qui passait le plus clair de son temps sur les greens, malgtré JF Kennedy, il nous faudra attendre après Mitterrand pour voir notre Chef arborer le sourire ultra brite qui signifie bien plus plaisir que souffrance.

Nonobstant ce qu’en disent ou en veulent les religions (au sens premier), nous sommes bel et bien dans une religion (au sens second) laïque donc, du plaisir.

 
  smiley





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