Bonjour, Bernard.
J’apprécie en général vos articles, mais là vous avez réussi le tour de force de raconter à peu près n’importe quoi dans cet étonnant délire hyper-élitiste doublé d’un profond mépris pour ce qui n’est pas la culture que vous appréciez.
On peut aimer différentes formes de musique, et même surtout le classique, sans apprécier Kodaly. De la même manière, il existe de très nombreuses approches du cinéma, et les goûts que vous hiérarchisez, sont respectables, même si chacun a ses propres critères.
Vous saisissez The Artist pour délivrer ce pamphlet antipopulaire sans vous rendre compte que ce film est, comme Amélie Poulain, avant tout une oeuvre personnelle, la mise en image d’un univers fantasmé ou d’une époque révolue bâtis sur des souvenirs des réalisateurs qui trouvent, avec ces films, l’occasion de mettre sur la pellicule ce qui les a construit dans leur enfance et leur adolescence.
Dans Amélie Poulain, une scène me touche profondément : celle de l’homme qui, grâce à Amélie, retrouve la boîte de gâteau qui contient tous ses petits souvenirs d’enfant. J’ai connu le même genre de joie en retrouvant des années plus tard ma propre boîte de biscuits ornée sur toutes les faces de la libération de Strasbourg par la 2e DB ; il y avait là, entre autres, quelques coureurs cyclistes miniatures, deux ou trois voitures Dinky Toys, quelques billes et calots, des photos de footballeurs du Racing et du Stade de Reims sentant encore le chewing-gum, un ersatz de lampe de poche bricolé pour lire sous les draps, une vieille gomme et deux ou trois petits dessins maladroits...
Jeunet, comme Hazanavicius, ont fait avec ces deux films des oeuvres aux ressorts très intimes, et si le premier a espéré un succès commercial, je n’en suis pas sûr pour le second tant le pari était casse-gueule à l’époque des effets spéciaux et de la 3D.
Je suis sincèrement désolé de vous découvrir cette facette.
Cordialement.