JL : « si les subventions du ministère de la culture vous paraissent mal employées... »
Non, elles sont très bien employés. Au service du système, comme il se doit. La vraie question est : est-ce que c’est de l’argent qu’il faille pour faire fleurir la culture ? C’est à mon avis aussi vain que d’enterrer les billets de banque en espérant qu’ils fassent des fruits. En matière de culture, oui, je suis un ultra libéral. Par rapport au monde matériel cependant, je suis tout le contraire. Je ne suis pas pour l’économie de la culture, je ne veux pas l’économiser, mais, au contraire, la dilapider. Mettre de l’argent dans la culture favorise les auteurs. Ne pas le faire, favorise la culture, la vraie, celle, incorruptible, qui ne laisse pas indifférent, celle capable de changer le monde, de le faire évoluer. Le but d’un créateur ne devrait pas être d’en vivre matériellement, mais de survivre spirituellement. Et ce n’est pas le ministre de la culture qui peut y faire quelque chose.Mais dans l’êtat actuel des choses, comme dit Brassens : « Elle avait le don, j’en convient, elle avait le génie ; mais sans technique un don n’est rien qu’une salle manie ... ». Je rêve d’un monde où un don ne sera plus une sale manie, où l’on privilégiera le contenu sur l’emballage. You may say I’m a dreamer, but I’m not the only one (J. Lennon)