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Commentaire de docdory

sur D'ici 10 ans, le nombre de médecins en France diminuera de moitié


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docdory docdory 1er mars 2012 13:01

@ Benj

Effectivement, dans ma ville ( Rouen, une capitale régionale ), très peu de généralistes ont moins de 50 ans.
A ce problème démographique médical va s’ajouter dans 3 ans ( en 2015 ) un problème beaucoup plus crucial : la loi d’accessibilité des cabinets médicaux aux handicapés ne sera plus sujette aux dérogations dont bénéficiaient jusqu’à présent les médecins déjà installés.
Concrètement, si je veux satisfaire aux obligations de cette loi, je serais obligé de changer entièrement l’ascenseur qui mène à mon cabinet ( trop petit et pas aux normes de taille pour les fauteuils roulants, ), je devrais changer entièrement l’emplacement des toilettes ( trop petites pour un fauteuil roulant ) , et donc remplacer une pièce dont je me sers par des toilettes, je devrais installer un accès incliné entre le trottoir et la porte cochère. Le coût exorbitant de ces investissements excéderait certainement la totalité du chiffre d’affaire de mon cabinet d’ici à ma retraite dans 11 ans. Il en est de même pour 95% des médecins de ville, partout en France. 
Très peu de locaux en ville satisfaisant aux normes d’accès aux handicapés, j’aurais deux solutions : soit m’installer dans un quartier périphérique plus moderne, soit m’acquitter de l’amende punitive et exorbitante qui sera, n’en doutons pas, infligée aux médecins ne respectant pas les normes, en espérant qu’aucun « inspecteur de l’accessibilité aux handicapés » ne viennent fourrer le nez dans mes affaires d’ici ma retraite.
A noter que, dans ma ville, la quasi totalité des ophtalmo ont quitté le centre-ville pour s’installer dans une clinique très excentrée, qui satisfait aux normes d’accessibilité. Le résultat de l’opération, c’est que mes vieux patients râlent car ils sont obligés de prendre le métro ou leur voiture pour aller chez l’ophtalmo, alors qu’auparavant ils s’y rendaient à pied.
En tout état de cause, du fait de cette loi, lorsque les médecins actuels auront pris leur retraite, les nouveaux médecins ne pourront plus du tout s’installer dans le centre des villes, qui deviendront ainsi des déserts médicaux.
Je n’ai pas l’impression que les handicapés y gagneront quoi que ce soit : en effet, je me déplace volontiers à domicile pour eux, ce que je ne pourrai plus faire si je suis relégué dans un quartier périphérique !

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