@crazycase
S’il y a une théorie vraiment déterministe, c’est bien plutôt la psychanalyse, et non pas l’approche comportementaliste, laquelle entend travailler sur des symptômes actuels et non pas sur leur cause lointaine refoulée, à chercher toujours de préférence, par l’anamnèse, dans la petite enfance. N’oublions pas que Freud croyait « du comme fer » (c’est l’expression qu’utilisent souvent ses traducteurs) au déterminisme psychique et que c’est à partir de là qu’il a prétendu bâtir sa théorie des névroses. C’est-à-dire que ses conceptions sont directement héritées des théories de Laplace que la physique moderne, celle en particulier qui se préoccupe des systèmes complexes, juge désormais très insuffisantes. L’appareil psychique freudien ressemble au fond à une machine très compliquée, à un ensemble d’engrenages dont le fonctionnement reste quand même prévisible. Mais le cerveau est tout de même quelque chose de plus complexe qu’une machine-outil même très sophistiquée, et ce qu’il produit à un moment donné ne se rattache pas nécessairement à des causes anciennes. Le mécanicisme freudien est un réductionnisme tout à fait naïf et désormais complètement périmé. Ce qui est surprenant, c’est qu’il continue à séduire des gens qui ont quelquefois une culture philosophique qui leur permettrait de concevoir qu’on ne peut rien bâtir de certain sur le sable des apories. Mais la force de l’habitude est puissante, et il s’est trouvé jusqu’au milieu du XVIIe siècle bien des « savants » pour défendre, contre l’évidence expérimentale, la physique d’Aristote : depuis deux mille ans qu’on s’y référait, c’était bien la preuve qu’elle était solide ! On se rassure comme on peut. Mais pour tous ceux qui, aujourd’hui, disposent d’un cerveau en état de fonctionner, la psychanalyse est bien à ranger dans le même musée des horreurs théoriques que cette plaisante phrénologie qui séduisait encore le gros Balzac.