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Commentaire de pingveno

sur Les Langues régionales, un enjeu pour le XXIe siècle


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pingveno 6 mars 2012 14:34

Merci pour cet article. Petits détails :

Mais en 1999, la France refusait de ratifier l’intégralité de la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires.

En fait en 1999 le gouvernement Jospin signe la charte... et quelques mois plus tard le Conseil Constitutionnel, non élu, majoritairement jacobin, rend la signature invalide, au nom de l’article 1 de la Constitution.

Pour mémoire cet article avait été rajouté peu avant "pour contrer l’implantation de l’anglais en France", ce qu’il n’a jamais vraiment pu empêcher, même la loi Toubon pouvant tomber au nom de la "libre concurrence" prônée par l’Europe. Par contre on l’emploie régulièrement pour taper sur les langues régionales. Cherchez l’erreur.

C’est beau la démocratie quand on y pense.

Pourtant, comment les mêmes Français qui sont scandalisés d’entendre parler de l’enseignement de ces langues peuvent-ils approuver, en revanche, la « loi 101 » qui a permis la sauvegarde de l’idiome de Molière au Québec, situé dans un Canada à majorité anglophone ? L’équité commanderait de considérer le développement des cultures régionales, quelles qu’elles soient, comme une menace pour la stabilité des Etats-Nations, quels qu’ils soient... ou à admettre pour ces cultures le droit à une pleine reconnaissance dans toutes les parties du monde.

En fait en allant plus loin, l’équité commanderait de considérer le développement des cultures quelles qu’elles soient, comme une menace pour la stabilité du nouvel ordre mondial où l’existence même des nations, des frontières (enfin, surtout les protectionnismes économiques en réalité) sont parait-il un problème majeur.
Sauf qu’on sait très bien qu’en réalité le nouvel ordre mondial, c’est un pays qui reste fermé et impose aux autres de s’ouvrir sans contrepartie.
Ce à quoi beaucoup de français nostalgiques ne trouvent rien de mieux à répondre que de copier le modèle ricain en remplaçant domination de l’anglais par domination du français. D’où les réactions que vous citez concernant le Québec.

Alors soyons cohérents à toutes les échelles.
Je vis dans une région dont le « platt » a été éradiqué depuis la guerre, jugé à l’époque trop proche de l’allemand. Je n’ai jamais pu l’apprendre et encore aujourd’hui il est quasiment impossible de trouver mieux que le « assimil de poche » pour savoir de quoi il retourne, pourtant ce n’est pas faute de chercher. Situation d’autant plus dramatique que je suis frontalier d’un petit pays qui lui, parle une langue très proche de notre parler régional mais où les français, faute d’avoir appris même l’allemand, n’ont d’autre choix que de s’exprimer en anglais (sic). Et malgré ça on continue de fermer les cours d’allemand (il y a aujourd’hui plus d’élèves d’allemand à Lyon qu’en Moselle...) et quand un enseignant souhaite initier les jeunes à la langue régionale, il se retrouve tout de suite mis à l’écart...
Alors oui je suis pour l’enseignement des langues régionales, voire partiellement en langue régionale. Ce qui ne veut pas dire aller jusqu’à l’exemple extrême des catalans (dont les politiques réclament l’enseignement en catalan... mais dont un collègue venu de là bas me rapportait que ces mêmes politiques envoient leurs propres enfants dans le privé hispanophone !). Autoriser, promouvoir, oui, plutôt deux fois qu’une. Mais penser aussi que les extrémistes corses font finalement plus de tort à leur langue que les modérés bretons.
A l’échelle du dessus, celle qu’on appelle généralement supra-nationale, vous avez raison aussi, comment peut-on décemment prôner en France l’écrasement des langues régionales tout en voulant contrer le tout-anglais au niveau mondial voire même seulement européen ? Je note d’ailleurs que les partisans du tout-anglais trouvent souvent un soutien de poids chez les régionalistes, soucieux de se venger de ce français tout-puissant. Sauf que prôner en contrepartie la domination du français est non seulement anachronique mais en plus guère plus valorisant que le tout anglais (n’oublions pas que si on parle français et anglais au Canada, c’est bien un vestige de la colonisation...). Alors si vous combattez le modèle de français dominant à petite échelle, vous ne pouvez décemment pas (je n’ai pas dit que vous le faisiez) promouvoir un modèle dominant à grande échelle, que ce soit le nôtre ou un autre. Du coup un seul modèle possible : langue régionale + langue nationale + espéranto (eh oui n’en déplaise au troll deux cases au dessus qui si jamais vous lui répondez vous parlera bientôt du cinéma américain histoire de bien dévier du sujet initial).

Donc, Daniel, je vous pose la question de la place des langues régionales : pour respecter toutes les identités à leur échelle (au fait il y a les langues régionales mais vous oubliez les minoritaires non territorialisées comme les tziganes) ou, comme le croit l’intervenant du dessus (qui n’est pas le premier, c’est un argument classique des jacobins) vous inscrivez-vous dans une politique du diviser pour mieux régner ?


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