Un rapport confidentiel que Le Point s’est procuré
jette une lumière crue sur l’abattage rituel tel qu’il est pratiqué en
France. Remis aux autorités en novembre 2011, le document, rédigé par
dix experts et hauts fonctionnaires du ministère de l’Agriculture, a été
soigneusement enterré. Il est vrai que cet audit de 54 pages émanant du
Conseil général de l’alimentation contient une vérité qui n’est pas
bonne à dire : les Français ont progressivement, et sans le savoir, été
mis au régime halal.
Aujourd’hui, comme l’indique le rapport, plus de la moitié des
bovins, ovins et caprins tués en France le sont suivant un mode
d’abattage « rituel », halal ou casher. Ce qui signifie que les animaux
sont saignés alors qu’ils sont encore conscients. Pour les moutons, la
proportion grimpe à 58 %. Une réalité bien différente des chiffres
annoncés par Bruno Le Maire, qui, sur le plateau de France 2, le 20
février, expliquait que seulement 14 % de la viande était concernée par
l’abattage rituel. "Pour minimiser le phénomène, le ministre de
l’Agriculture a préféré communiquer sur le tonnage de viande plutôt que
de décompter le nombre d’animaux abattus de façon rituelle", décrypte le
vétérinaire Jean-Pierre Kiefer, président de l’Oaba, l’OEuvre
d’assistance aux bêtes d’abattoirs, seule association habilitée par les
pouvoirs publics à contrôler in situ les conditions d’abattage.
En fait, dans l’espace de mise à mort des abattoirs, la fameuse "zone
noire", tous les animaux sont saignés vivants. Pour que la viande soit
consommable et puisse être conservée, il est indispensable qu’au moment
où la bête se vide de son sang le coeur batte encore. D’où la solution
trouvée d’étourdir le bétail avant la mise à mort. Cette pratique est
obligatoire en France depuis un demi-siècle.
Lire la suite de l’étude sur le Point traitant de
1/ La dérive
2/La cruelle agonie