Pierre Daix, de la foi communiste à l’amère désillusion
Q. Qu’est-ce qui a changé dans votre perception des choses entre votre premier et votre second livre ?
C’est en 1979, grâce aux Mémoires de Charles Tillon, dont j’ai été un collaborateur direct, que j’ai appris que la
coopération du parti communiste français avec les nazis en 1940 n’avait
pas été le fait de quelques militants troublés par la défaite, mais une
politique voulue et conduite par la direction du parti.
Principalement par Jacques Duclos, qui est d’ailleurs rentré le
lendemain de la chute de Paris dans une auto diplomatique soviétique...
Je n’avais aucune raison de ne pas croire Tillon, mais jusque-là, il
était le seul témoin de ce que confirmera douze ans plus tard Duclos
lui-même dans ses notes au Komintern, où il raconte les entrevues
organisées avec Otto Abetz, l’ambassadeur de Hitler en zone occupée. Le
dessein de Duclos était de servir Staline, qui avait conçu le pacte
germano-soviétique pour déclencher une guerre dont la Russie se
tiendrait écartée, en sachant parfaitement que par là, il aidait
Hitler... En d’autres termes, la direction du parti, sur ordre de
Moscou, voulait assurer aux Allemands une paix sociale en France. Vous
comprendrez qu’une telle révélation ait éclairé différemment tout ce qui
m’est arrivé par la suite...
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