Chantecler, vous m’aurez fort mal lu. Je ne reproche pas à Hollande de n’être « pas assez à gauche ». Cela ne me poserait aucun problème de voter au second tour pour un social-démocrate.
La sociale-démocratie, pour timorée qu’elle soit, reste fondamentalement attachée à un certain progrès économique et social, à des valeurs constituantes, à des principes qui sont indéniablement de justice sociale et de concorde nationale.
Mais là, un parti largement social-démocrate s’est donné massivement à un social-libéral, soit une toute autre orientation. La branche sociale-libérale du PS est pourtant très minoritaire, autour de 20% à 30% des mandats lors des congrès. Mais depuis dix ans, cette branche minoritaire obtient systématiquement la conduite du parti.
Le social-libéralisme est une orientation déterminée, qui n’est pas compatible avec des convictions sociales.
Hollande a été choisi sur une ligne sociale-démocrate, avec un programme social-démocrate, autour de propositions concrètes sociales-démocrates. Il a depuis changé la ligne, le programme et les propositions.
Ceux qui ont voté pour lui lors de la primaire ont été floués par ce roublard. Non content d’avoir bazardé les maigres progrès sociaux présents dans le projet du PS, il s’est doté, en guise de programme, d’un patchwork de propositions clientélistes. On peut critiquer le programme du PS, mais au moins il avait une cohérence. Le programme de Hollande n’a de cohérence que celle de l’instant : il peut à tout moment changer, les propositions n’en sont pas articulées entre elles, et au nom d’un faux « pragmatisme » il prétend concilier des orientations politiques fondamentalement contradictoires.
Hollande fait du mal au PS, et du mal à la gauche dans son ensemble.
En tant que républicain, je ne peux pas voter en faveur d’un candidat, quel que soit son parti, qui nous propose non pas un programme de gouvernement mais un programme de secrétaire général de la fédération des associations de France.
Comme l’orientation, le programme, les idées de Sarkozy vont à l’encontre de mes valeurs les plus profondément ancrées, je ne lui apporterais bien évidemment pas ma voix.
Mais je ne peux rien faire d’autre, en cas de second tour Hollande/Sarkozy, que de faire savoir mon profond rejet de Sarkozy et de sa politique en prenant exemple sur la majestueuse innovation tacticienne dont nous ont fait la démonstration l’immense majorité des députés et sénateurs du PS : à travers une « abstention offensive ».