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Commentaire de Brath-z

sur Pourquoi la gauche est handicapée par... François Hollande !


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Brath-z Brath-z 16 mars 2012 17:08

Mais que la Grèce fasse faillite ! C’est une urgence pour son peuple !

Vous ne semblez pas savoir ce que cela veut dire, une « faillite », pour un pays. C’est un terme technique : « défaut de payement ».
Cela signifie qu’immédiatement et sans conditions la dite « dette publique » du pays concerné disparaît. C’est ce que l’UE tente d’empêcher, car cette dite « dette publique », là comme ailleurs, constitue une rente pour les établissements prêteurs (car non, la dite « dette publique » n’est pas faite pour être remboursée : la meilleure preuve étant que si on essayait de la rembourser, même un pays riche comme la France devrait subir des plans de rigueur vingt fois plus difficiles que ceux que subit à répétition la Grèce).

En 1999, la Russie subit une importante crise économique. Après des plans de rigueur absolument cataclysmiques, elle fait finalement défaut... et c’est le début du retour de la croissance et de l’investissement.
En 2001, l’Argentine accumule les plans de rigueur, reçoit plein de prêts « soumis à stricte conditionnalité » (comme ce que prévoit le MES), « conditionnalité » étant un euphémisme pour ne pas dire « mesures d’accompagnement », expression elle-même euphémisante pour « rigueur et dérégulation ». Au bout d’un moment, il devient évident que même avec les « plans d’aide et de solidarité » du FMI, jamais l’Argentine ne pourra régler sa situation. Elle fait donc faillite. Et là, immédiatement, elle sort d’une crise qui l’avait entraînée dans la spirale de la surinflation.
Dans les deux cas, les peuples se seraient épargnés des mois et des mois de misère, de disette, bref, de « rigueur » si leurs pays avaient fait faillite avant.

En 2006, la Bolivie commence elle aussi à avoir de sérieux problèmes de dite « dette publique ». Elle pourrait attendre elle aussi d’être dans une situation extrême où elle ne pourrait plus rembourser du tout sa dite « dette publique », mais cela signifierait, comme en Russie, comme en Argentine, d’en passer par des « plans de rigueur ». Du coup, le gouvernement bolivien décide de forcer un peu la main à ses prêteurs, et parvient à obtenir une « faillite partielle » : la moitié de sa dite « dette publique » est annulée, le reste est rééchelonné. Du coup, la Bolivie perd 80% de ses créances sans avoir dû dévaluer sa monnaie.
C’est ce scénario de « faillite partielle » que la troïka BCE-FMI-Commission Européenne aimerait mettre en œuvre en Grèce. Sauf que cela, c’était possible il y a un an, plus aujourd’hui. Pour que la Grèce s’en sorte sans faire faillite, il faudrait et annuler 80% de sa dite « dette publique », et rééchelonner le reste sur des échéances absolument ridicules, et continuer une politique de « rigueur ».

On a dépassé depuis longtemps le point de non retour pour la Grèce : c’est ou bien la faillite tout de suite, ou bien la faillite dans un an après un n-ième « plan de rigueur » destiné à correspondre aux « conditionnalités », avec tout ce que cela signifie de brutalité et d’instabilité envers le peuple grec. On peut même envisager de très graves troubles politiques, peut-être même un pouvoir militaire.

Et sinon, le diagnostic des intelligents et raisonnables selon lequel plus on est timoré mieux on est vu de la finance est absolument idiot. D’ailleurs, tous les exemples récents le démontrent : est-ce que la modération du PASOK en Grèce a empêché une agression par la finance ? Est-ce que le programme « raisonnable et réaliste » (selon les critères de la droite) de François Hollande empêchent les critiques de fuser de toutes parts et les conservateurs de lui envoyer des menaces peu discrètes ?
La politique, c’est du rapport de force. Si modéré, si raisonnable qu’on soit, on doit batailler avec la même vigueur que si on était maximaliste. Le prix du modérantisme est au moins aussi élevé que celui de l’extrémisme. Il faut à la gauche une orientation conséquente, affirmée sans être exagérée, pour pouvoir bénéficier des meilleurs conditions dans le rapport de force avec la contrainte extérieure qui s’exercera de toutes façons en cas d’alternance.


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