On peut avoir un regard critique sur les informations qui nous viennent sans pour autant cautionner la vision simpliste d’une Syrie simplement victime d’une agression saoudienne dissimulée derrière des commandos paramilitaires islamistes.
Il est certain, et d’ailleurs Al Assad ne s’en est jamais caché, qu’une répression, d’abord policière, ensuite militaire, a lieu en Syrie, qui n’est pas due au seul fait de ces attaques. Ne pas oublier que ça ne fait que dix ans qu’il est au pouvoir : il n’a pas eu le temps de totalement remplacer l’oligarchie militaire qui dirige la Syrie par ses affidés. La plupart des officiers de l’armée syrienne ont été formés par l’Armée Rouge dans les années 1970-1980. Et chacun sait que l’Armée Rouge ne se caractérisait pas (et ne se caractérise toujours pas aujourd’hui non plus d’ailleurs) par la finesse de ses méthodes.
La Syrie est un pays en proie à des émeutes régulières, tout simplement car c’est un pays en pleine crise alimentaire depuis plus de vingt ans. Le fait que des groupes armés profitent de ces manifestations, auxquelles se mêlent désormais des démocrates bon teint, souvent issus des milieux cadres du régime (bourgeoisie commerçante urbaine, bourgeoisie agricole rurale), ne signifie aucunement que la répression n’est pas féroce, ni qu’elle n’est dirigée qu’envers ces groupes armés.
La Syrie demeure un état autoritaire et répressif, où le consensus entre diverses factions autour de l’armée demeure très fragile.