Malheureusement, il n’y a pas qu’en médecine que les anciennes générations reproduisent sur la future relève les misères qu’elles ont subi. Prenons le cas de la recherche, que ce soit en sciences dures, en sciences humaines ou en économie. Combien de dizaines de supérieurs hiérarchiques apposent leur nom sur une publication à laquelle ils n’ont pas contribué ? Combien de brevets ont pour seul inventeur un directeur R&D dont on ne me fera pas croire qu’il est expert simultanément dans 15 domaines ? Tout ça parce que « ça a toujours été comme ça ».
Pour en revenir aux internes, il faut malheureusement noter qu’ils n’intéressent effectivement personne. Pire : pour monsieur tout-le-monde, il est plus facile de se désoler du sort de la femme de ménage, prolétaire par excellence, que sur celui de l’interne, qui, par ses diplômes, appartient à une élite. Les séries hospitalières nous montrent bien que le soucis du médecin, interne ou non, est de savoir avec qui s’envoyer en l’air, éventuellement comment soigner son patient, mais jamais s’il bouclera ses fins de mois.
Le premier combat à gagner sera peut-être celui-là : faire comprendre ce qu’est un interne. Un médecin qui n’en est pas un tout à fait, qui doit faire l’essentiel du travail, n’a droit à aucun repos ni loisir (en dépit du droit du travail) et s’en prend plein la figure à la première occasion.