@l’auteur
J’ai été déçu de cet article et cela dès les premières lignes qui auguraient d’une logique partielle composée de racourcis plus ou moins dangereux. Je me permet d’apporter quelques critiques (constructives je l’espère) et des compléments d’informations.
« la seule évocation de la société et des politiques me paraît réductrice et caricaturale. La situation n’est-elle pas, en effet, plus complexe que cela ? » Donc selon vous l’influence de la société sur les individus est si simple à appréhender ?! Vous auriez alors pu nous gratifier d’un résumé de la situation dans ce cas. Selon moi, cette influence, au coeur des mécanismes socio-psychologiques entrainant la recrue d’essence de la violence chez les (de plus en plus) jeunes, est déterminante bien que s’inscrivant dans un tout. La question est de savoir quels sont les paramètres les plus influents dans cette transformation.
« [...] le mécanisme de l’exclusion, qui est malheureusement inhérent à la société humaine. » D’accord avec vous, mais le défis d’une société est bien de lutter contre ces phénomènes exclusifs afin d’offrir à tous ses membres une place, un rôle à jouer pour le bien de tous. Accepter l’exclusion ou pire, la favoriser, est ce qui est de plus destructeur pour une société. La résurgence actuelle de la violence n’est qu’un des signes de cette destruction.
Pour mieux me faire comprendre je vais énumérer quelques uns de vos nombreux exemples et leur apporter mon analyse.
« Beaucoup de ces jeunes évoluent dans une posture de toute puissance, certains s’inscrivent dans une réelle impunité, et ce malgré des délits parfois graves. [...] Les vêtements de certains sont des marques de la tête aux pieds, leur portable est dernier cri, tout comme la console dans la poche. »
Voilà le coeur du problème de votre analyse et que vous vous obstinez, tel votre mentor démagogue, de regarder en face et avec lucidité. Vous reprochez aux jeunes ce que vous acceptez de la part de tous les autres membres de la société. La liste que vous donné n’est en aucun cas l’appanage des jeunes (provennant de quartiers défavorisés et issus de l’imigration, n’est-ce pas ?) mais bien des dérives de la société dans son ensemble.
Et c’est bien de ce point de vue qu’il faut comprendre la citation « Ne prenons pas le problème à l’envers, c’est bien cette société qui produit de la violence, et ceci n’est que la conséquence des maladresses successives de nos politiques ! ». Les jeunes ne font que reproduire, à leur niveau et avec les moyens qu’ils possèdent, ce que la société produit, à commencer par les politiques. En effet, si ce n’est les politiciens, qui peut se targuer d’impunité en France ? Je n’ai pas besoin d’évoquer toutes les affaires en cours ou déjà « classées » pour vous en convaincre j’espère.
La citation de la jeune fille est aussi à remettre dans un contexte global que vous évitez d’analyser : il est aujourd’hui possible pour certains, et cela en toute impunité puisque cela est parfaitement légal, de gagner le montant de toute une vie de travail manuel en quelques jours. Je parle bien sur des footballeurs professionnels, des artistes mais aussi de tous les « boursicotteurs » à tous les niveaux qui ne font que jongler avec de l’argent (pas le leur) sans produire aucun travail qui soit bénéfique pour la socitété. Encore une fois, pourquoi, si vous l’acceptez pour ces derniers, refusez-vous cette façon de penser aux jeunes d’aujoud’hui ?
« le décalage culturel de certaines familles ne représente pas toujours une aide dans ce contexte », car selon vous, il faut un « calage culturel »(? ?!)
Quelle abbération, mais cela rentre en directe ligne de votre pensée uniformisante et réductrice. Vous aviez déjà annoncé la couleur avec le début, plus ambigu il est vrai :« Etre dans la norme et se fondre dans la masse ou oser être singulier au risque de se voir parfois exclure de la communauté. » Je m’oppose catégoriquement à une telle vision liophilisée de la société. Une société devrait toujours avoir comme ambition de permettre à toutes les différences de s’exprimer pour en tirer le meilleur parti pour l’ensemble. La recherche d’une « normalité » ne peut conduire qu’à des formes de fachisme plus ou moins violentes.
« Enfin trop de citoyens lambda laissent parfois un gamin de dix ans leur manquer de respect dans la rue, par peur, par lassitude, par désintérêt ? »
Deux remarques à ce sujet :
1. Toute institutionnaliser (lire à ce sujet Ivan Illich « une société sans école », le seuil 1973) et ensuite en appeler à la responsabilité de chacun est une marque de mauvaise fois grandiose. Est-ce que vous demandez à tous les automobilistes d’arrêter les mauvais conducteurs ? Car la société d’aujourd’hui n’a plus de contrôle sur son fonctionnement totallement régie par des institutions : l’école pour former, la police pour punir, l’hôpital pour soigner, et le plus important : la Loi pour régler tout conflit entre individu.
2. C’est surement la peur de la sanction pénale qui empêche cette réaction. On est passible d’une amende si l’on donne une giffle à un enfant aujourd’hui, non ?
J’attends votre réaction avant de vous faire part de mes idées pour améliorer la situation.