Quand on affirme que la délinquance est un produit de notre société, on ne parle pas uniquement de la pauvreté (encore que cette dernière apparaisse comme un élément important confirmé par les statistiques).
Nous vivons dans une société dont la valeur principale est l’argent et non la manière dont on le gagne. L’exposition d’une fesse bien modelée dans un magazine peut rapporter plus qu’un mois ou même un an de votre salaire.
Vous pouvez acheter un terrain pour en faire un parking payant et devenir riche mais si vous achetez le même terrain pour en faire un parking gratuit, vous voilà pauvre.
Je veux dire par là que nous vivons dans une société qui récompense l’égoïsme et pénalise l’altruisme.
Bien sûr, il existe des lois qui définissent ce qui est permis et interdit et fixent par ailleurs en amendes et années de prison le prix de la transgression.
Mais il existe, au-dessus de cela, malheureusement, une loi du marché qui réévalue le prix de la transgression en fonction du risque. C’est pourquoi par exemple les dealers gagnent très bien leur vie et- pour peu qu’ils n’échouent pas en prison - seront bien mieux accueillis que vous chez votre banquier.
Dans le domaine des affaires, et pis encore dans le monde financier, les réflexions morales n’ont plus cours. Pourquoi 17.000 enfants de moins de 10 meurent-ils de faim chaque jour ? Simplement parce qu’il n’existe aucun prodit à les nourrir.
J’ai travaillé 11 ans dans l’éducation (éducateur, chef-éducateur, directeur d’établissement) et 11 ans dans l’enseignement. Je pense qu’il est très difficile de trouver le juste milieu entre le loup et l’agneau.
Je veux dire par là qu’en défendant des valeurs de probité, d’altruisme, de travail, de respect des lois, on prend parfois conscience du fait qu’on fragilise, qu’on déforce le jeune face aux loups. Je ne parle pas seulement des caïds de banlieues mais aussi des loups de la finance, c’est à dire des « gagnants » de notre société que leur réussite érige en modèles. Voyez par exemple comment Bill Gates s’est lancé sur les chemins de la fortune.
Un des problèmes est que l’Etat ne nous aide généralement pas à gérer ce problème. Les médias non plus. L’accent est mis constamment sur la consommation de sorte que, quoi qu’on gagne, ce n’est pratiquement jamais assez. D’où une frustration qui doit être gérée par chaque individu d’une manière socialement acceptable.
Ceux qui pensaient pouvoir le faire grâce à la cigarette sont aujourd’hui désavoués. Attention, gros fumeur moi-même, je n’ai pourtant jamais recommandé la cigarette à personne mais force est de constater que c’était un moyen encore assez « soft » de gérer le stress et les frustrations.
En multipliant les interdits et les obligations légales, l’Etat marginalise une partie de plus en plus importante de la population. On veut « normaliser » les gens au contraire de ce que voulait la révolution de mai 68 au cours de laquelle j’ai fêté mes 20 ans.
Qui a raison ?
Aucun progrès scientifique ou philosophique, aucne véritable avancée de notre civilisation, aucune fortune, aucun acte admirable, aucun crime non plus n’a jamais été accompli par quelqu’un qui ne soit sorti de la norme.
En fait, vouloir normaliser la population, c’est ne pas faire confiance à l’Homme. C’est corollairement faire une confiance aveugle à l’Etat.
Bref, c’est déresponsabiliser.